Les chroniques sexos d’Ely : Et? C’est quoi la santé sexuelle?

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Les chronique sexo d’Ely. Crédits: Journaliste

Cette nouvelle chronique au Zone Campus souhaite proposer un balayage de plusieurs concepts, thématiques et actualités scientifiques portant sur la sexualité. Chaque deux semaines, vous suivrez la sexualité d’Ely au travers de chroniques à thème. Ely est une personne imaginaire, majeure, aux identités multiples et changeantes à qui nous espérons que vous saurez vous identifier. Ce personnage nous permettra d’illustrer notre conception de la sexualité en faisant discuter son parcours et sa sexualité avec des construits théoriques choisis.

Qu’est-ce que la santé sexuelle?

L’imaginaire et les mythes collectifs associeraient la santé et le bien-être sexuel au fait d’aimer la sexualité, de la pratiquer régulièrement et nécessairement. Nous souhaitons ici préciser notre point de vue sur la sexologie. Nous voulons expliciter les définitions qui sont faites sur la santé sexuelle et montrer comment être sexuellement en santé n’est pas essentiellement lié à la manière (fréquence, type de pratique etc.) dont nous avons (ou dont nous n’avons pas) de(s) rapport(s) sexuel(s).

La santé sexuelle peut être perçue comme un processus évolutif et changeant tout au long de la vie d’une personne. Il y a cinq ans, Ely adorait quotidiennement se masturber seule ou en groupe, aimait pratiquer la pénétration et être pénétrée, tandis que trois ans plus tard elle a décidé que le sexe, ce n’était plus une affaire pour elle! Aujourd’hui, ses pratiques semblent avoir évolué. En effet Ely trouve majoritairement du plaisir sexuel en regardant des personnes consentantes avoir des expériences sexuelles. 

Titre. Les bienfaits de la masturbation. Crédit : Livi.

Une santé qui évolue

Face au caractère évolutif de ses intérêts sexuels, Ely se demande s’il est en bonne santé sexuelle. Notre ami dit tout de même « avoir un comportement sexuel très mouvant ». Face à ce questionnement, le premier élément qu’il doit pouvoir identifier est son sentiment de cohérence avec sa sexualité. En effet, comme le souligne l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) (2006), la santé sexuelle est un état de bien-être physique et mental. La période de non-désir sexuel d’Ely n’a pas entravé son épanouissement personnel, elle pouvait alors se considérer sexuellement en bonne santé.

C’est peut-être en permettant à Ely d’accepter les différents états et étapes de sa sexualité qu’iel pourra maintenir ou stabiliser son bien-être sexuel. La question du maintien et de la stabilisation est à prendre en compte dans une perspective évolutive de la sexualité. Les changements corporels, sensibles, ainsi que les potentiels dysfonctionnements physiques liés au vieillissement entraîneront des changements dans la sexualité d’Ely. Répétons-le, le bien-être sexuel n’est pas relié au type de sexualité adopté, mais au rapport que l’on entretient avec. Réinvestir régulièrement sa sexualité et se distancier de la culture de la performance sont autant de facteurs qui permettent non pas « d’atteindre » le bien-être sexuel, mais de l’entretenir. Notre rapport à la sexualité, c’est nous-même qui pouvons (la plupart du temps) le qualifier, le comprendre, le dire et l’expliquer. Ainsi, l’expérience que l’on en a et que l’on en fait est un premier indicateur de santé sexuelle. 

Le bien-être individuel éprouve ses limites (et parfois ses enrichissements) dans son interaction avec l’extérieur. L’OMS (2006) soutient que la santé sexuelle est aussi un état de bien-être social. Nous pouvons nous demander : pourquoi Ely en vient à questionner sa santé sexuelle? Est-ce qu’il doit faire face à des commentaires jugeant de la part de ses collègues? De sa famille? De ses partenaires? 

L’acceptation de sa propre sexualité

L’acceptation de son propre rapport à la sexualité est conditionnée par les scripts sociaux qui valorisent ou dévalorisent certaines pratiques, relations, et comportements sexuels. Dans une société où la sexualité est taboue et non discutée, nous fondons nos pratiques par comparaison aux autres, et par exemple, aux contenus médiatiques visionnés. Des jugements portés à l’égard de ses intérêts sexuels peuvent ainsi mener notre ami.e à douter d’iel et se retrouver en désaccord avec sa propre sexualité. Pour favoriser son bien-être et sa santé sexuelle, Ely doit pouvoir explorer sa sexualité dans un cadre sécurisant et bienveillant, dans le désir, le consentement et le partage. De la même manière, il a également la responsabilité d’explorer sa sexualité en respectant le désir, le consentement et la sensibilité de l’autre.

Des facteurs multiples

La qualité de la santé sexuelle d’Ely est une expérience qu’elle seule (ou presque) pourra qualifier. Toutefois, le contexte dans lequel notre amie se construira ne sera pas forcément dépendant de sa volonté. La santé sexuelle est en étroite corrélation avec de nombreux facteurs qui peuvent la soutenir ou au contraire, l’appauvrir. Nous pensons ici par exemple au patrimoine biologique et génétique d’Ely, au contexte dans lequel elle a pu grandir, à sa position sociale, à son réseau de soutien passé et actuel. 

Pour résumer, on peut considérer que la santé sexuelle est multidimensionnelle, qu’elle place l’individualité en constante interaction avec des perceptions propres, un entourage, une culture d’appartenance, des médias, des politiques publiques, etc. Accepter le caractère évolutif, normaliser ses préférences, valoriser le consentement et la bienveillance sont des premières clés pour favoriser son bien-être sexuel. 

* Co-écrit avec Maud Gorsen

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