Les Chroniques sexos d’Ely : le TOC du couple ou quand le doute tourne à l’obsession

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L’Organisation mondiale de la santé classe les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) au dixième rang des maladies les plus invalidantes. Les TOCs les plus connus sont souvent reliés à la propreté ou au rangement. Dans cet article, nous parlerons d’un trouble méconnu mais pourtant courant, celui du TOC du couple (ou Relationship Obsessive Compulsive Disorder (ROCD)). Nous aborderons les impacts que ce dernier peut avoir sur la sexualité, la relation de couple et les outils possibles pour y faire face. 

Pour illustrer nos propos et notre conception de la sexualité, nous vous proposons de faire dialoguer le parcours et la sexualité d’Ely avec des construits théoriques choisis. Ely est une personne imaginaire, majeure, aux identités multiples et changeantes à qui nous espérons que vous saurez vous identifier.

Un TOC du couple, c’est quoi ?

Dernièrement, Ely passe de plus en plus de temps à se questionner sur les sentiments qu’il éprouve vis-à-vis de son.sa partenaire. Il lui arrive même de douter des sentiments que son.sa partenaire a envers lui. La vision qu’Ely a de sa relation change du tout au tout. La sensation de devoir quitter immédiatement son.sa partenaire le traverse constamment et une multitude de questions décisives tournent en boucle dans sa tête

« Est-ce que je l’aime réellement ? Est-ce que j’ai choisi la bonne personne ? N’est-il/elle pas laid.e ? Est-il/elle suffisamment intelligent.e ? Est-ce que notre relation est saine et stable émotionnellement ? J’ai regardé une autre personne à la soirée d’hier, est-ce que cela signifie que je désire le/la tromper ? ».

Ely déteste avoir ces pensées, elle en a même honte. Elle a la sensation de devoir trouver une solution de manière urgente et radicale. Pour réduire ces pensées, Ely a recours à plusieurs stratégies : elle évite son.sa partenaire ou au contraire s’en rapproche pour vérifier son attirance. Elle va comparer son histoire relationnelle à celle d’autres et même à des personnages de séries ou de films pour se rassurer. Ely fait de nombreux tests sur internet pour vérifier si elle a choisi « le bon » partenaire.

Il serait important qu’Ely puisse consulter un.e professionnel.le de la santé à même de lui fournir un diagnostic, car cette description se rapproche des symptômes du TOC du couple. Avoir des pensées contraires à la relation ou se poser des questions est courant. Toutefois, la particularité du TOC du couple est la difficulté à faire taire ces pensées, à calmer leur intensité et leur caractère envahissant. L’obsession amène à des compulsions visant à neutraliser et éliminer les pensées intrusives. Seulement ces compulsions ne feront qu’augmenter les obsessions et entraîneront un cycle, schématisé ci-dessous.

Titre. Crédits : Réadaptation du cycle du TOC du couple de Ran Littman 

D’où provient le TOC du couple ?

Ely a du mal à comprendre d’où provient ce TOC. Il comprend qu’il est d’origine multifactorielle. Des causes génétiques ou des changements hormonaux pourraient aussi être à son origine. En consultant un.e sexologue et en recevant ce diagnostic, Ely perçoit qu’il peut autant aller chercher du côté de problèmes d’estime de soi, de dépendance amoureuse que de problématiques d’attachement. Enfin, le.a professionnel.le lui fait comprendre que son trouble pourrait venir de potentielles violences vécues par le passé. S’agissant d’un trouble relationnel, le TOC du couple peut être la réponse à des traumatismes relationnels. 

Quel est l’impact sur le couple et sa sexualité ?

Ely constate que depuis quelques temps, elle a changé son rapport à la sexualité. Elle a tendance à observer son niveau d’excitation comme un outil de vérification. Ely utilise le sexe de manière compulsive pour se donner des certitudes. Les questions intrusives fusent durant les rapports avec son.sa partenaire. 

« J’ai peur d’avoir des pensées intrusives pendant que je fais l’amour… Imagine ça gâcherait notre moment ? Et si, au moment de l’orgasme, je me demandais si j’aimais vraiment mon.a partenaire ? Est-ce que cela voudrait dire que cette pensée est vraie ? Qu’il faudrait que je quitte mon.a partenaire ? ».

Toutes ces questions génèrent un stress intense chez Ely et contribuent à amoindrir sa confiance en elle et en son.sa partenaire. Ely peut aussi ressentir une perte de désir et une incapacité à atteindre l’orgasme à certains moments.

Heureusement, son.sa partenaire est très compréhensif.ve et doux.ce avec elle. Cependant, il semblerait qu’à force, insécurisé.e par les doutes d’Ely, il.elle ait construit ce que les professionnel.les appellent un « couple thérapeutique ». Le.a partenaire d’Ely prend un rôle d’infirmier.e par peur que son.sa partenaire ne le.a quitte à son tour. 

Les conseils sexos : accompagner le.a patient.e, son.sa partenaire et la relation

  • Thérapie cognitive et comportementale : en exposant Ely à ses propres craintes, la thérapie par exposition pourra faire en sorte qu’elle s’habitue à ses pensées intrusives et cesse ses compulsions.
  • Médiation pleine conscience : avec cette pratique, Ely améliorera ses compétences d’auto-observation. Il apprendra à réduire ses compulsions portant moins d’importance et jugeant moins ses pensées. 
  • Inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine (ISRS) ou clomipramine : le TOC pourrait être dû à un mauvaise sécrétion de sérotonine. Après avoir consulté un.e professionnel.le lui prescrivant cette médication, Ely pourrait voir ses symptômes diminuer. 
  • La communication avec son partenaire : Ely pourrait apprendre à développer des nouvelles compétences en communication pour faire équipe avec son.a partenaire face à ce trouble. Un des engrenages du TOC du couple est le fait de répondre aux questions intrusives et de créer un fossé entre soi et son.sa partenaire. Mieux communiquer pourra renforcer le lien, prévenir et sortir l’individu de ses pensées solitaires qui aggraveront le TOC.

* Co-écrit avec Maud Gorsen

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