Un mercredi par mois depuis juin 2022, les Fées ferrées organisent un micro-ouvert de poésie au Zénob. C’est l’occasion pour des poètes de la région et de divers horizons de s’exprimer. On y entend de tout : de la poésie engagée, des écrits profondément intimes, du slam, des contes du quotidien… Les possibilités, ainsi que la bienveillance du public sont sans limite.
L’initiative de deux jeunes poètes de Trois-Rivières
À l’initiative du projet, Laurie Denoncourt et Louis Coté. Tous deux se cherchaient une tribune, alors ils l’ont faite, nous dit Laurie qui avoue que le projet est parti « d’un désir tout à fait égoïste d’avoir une scène pour s’exprimer ». Pour elle, la capitale de la poésie n’accueillait pas assez d’événements poétiques : « il y a le Festival International, le OFF, le Slam quelques fois par années, mais ce n’était pas assez récurrent à notre goût ». Et puis, un micro ouvert, c’était l’occasion de faire quelque chose de « chaotique et de plus libre dans le concept » que la plupart des événements dédiés à la poésie à Trois-Rivières.
Louis, parti pour Montréal, a du quitter l’organisation, mais Karim Gabriel Boisrond a pris sa suite. Lui qui n’a pas manqué une seule soirée des Fées Ferrées s’est naturellement impliqué dans l’organisation. Aujourd’hui il coanime les soirées avec Laurie, s’occupe des affiches et de la communication sur la nouvelle page instagram.
Ramener la poésie au Zénob
Le projet a germé dans la tête des deux premiers organisateurs alors que le Zénob était fermé. Mais pour eux pour il n’y avait pas d’autre option envisageable : « il y a une aura, c’est mystique » décrit Laurie. Et puis historiquement, le Zénob c’est un lieu où les poètes venaient se rencontrer. Alors y organiser un micro ouvert de poésie c’était « dans la continuité de ce qu’était le bar ».
À chaque soirée des Fées Ferrées, le Zénob se transforme. Le bar habituellement si bruyant, devient parfaitement silencieux, pour que ne soient entendues que les voix des lecteurs et les acclamations du public. La soirée débute entre 19h et 20h et dure jusqu’à ce que les silences s’étirent entre deux lectures, généralement jusqu’à 22h30 ou 23h. Cela ne pose aucun problème pour le bar puisque c’est un soir de semaine. Au contraire, l’événement lui procure un bon achalandage puisqu’il réuni toujours plus de monde et attire de nouvelles personnes.
Un moment de poésie brute
Pour Marie Filiatrault, une habituée des micro ouverts, les Fées Ferrées c’est un « laboratoire » qui lui permet de retravailler ses textes, de savoir comment elle se sent lorsqu’elle les lit. Mais en tant qu’auditoire, c’est pour elle « une expérience humaine plus que poétique ». Les micro ouverts, ce sont des moments de vulnérabilité, où l’on n’est vulnérable autant dans le partage de ses écrits que dans la réception de ceux des autres. Marie décrit cela comme un accès a « une humanité très féroce, très brute ». C’est pour elle particulièrement le cas aux Fées Ferrées, qui est aussi une « tribune pour des gens qui n’en n’ont jamais ». En effet, si l’évènement fait découvrir de nombreux talents cachés de la poésie, c’est aussi un lieu d’expression thérapeutique pour de nombreuses personnes qui vont y raconter des choses très personnelles, des expériences traumatisantes ou leurs combats cachés.
C’est aussi l’occasion de partager des convictions, des engagements. Lors de la dernière soirées des Fées, mercredi 18 octobre, des poésies engagées ont été lues. Un écrit féministe et une déclaration de soutien aux palestiniens ont suscité les plus vives acclamations de l’auditoire. Pour Bily Chevik, « l’art doit être lié à la société dans laquelle on vit ». Pour lui qui souhaite devenir un poète engagé, il était primordial d’écrire sur l’actualité brûlante du conflit israélo-palestinien.
Finalement, les Fées Ferrées, c’est aussi une communauté d’habitué.es qui se bâtie au fil de ses événements. Et puis c’est aussi un projet en développement. À la base, pour Laurie et Louis, ce ne devait pas seulement être des micro ouverts. Dans un futur plus ou moins lointain, Laurie aspire a réaliser des films. Mais avant cela, elle et Karim aimeraient réaliser un zine, alors amateurs de poésie, lecteurs et auteurs, restez aux aguets !