Les mains sales: Inégalités et cycle de la violence

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Mains sales
Crédit: Sarah Gardner

Le 8 mars dernier avait lieu la Journée internationale des femmes. Le but de cette dernière est de reconnaitre que les droits des femmes sont encore bafoués partout dans le monde, et que les femmes sont encore et toujours victimes de violence. C’est le rappel d’une lutte pour la mise en place de lois et de conventions assurant la protection et l’égalité des femmes.

Inégalités à travers le monde

Bien entendu, on entend encore le discours selon lequel cette revendication n’a plus sa place dans un pays comme le nôtre. En effet, le Canada est considéré comme l’un des meilleurs pays au niveau de l’indice de développement humain. Cependant, il a encore beaucoup de travail à faire. Selon le Forum économique mondial, les quatre pays nordiques (Islande, Norvège, Finlande, Suède) sont les champions de l’égalité homme-femme. À titre comparatif, le Canada est 16e et les États-Unis… 53e!

Les causes de l’égalité sont multifactorielles, mais habituellement, elles doivent être implantées par les gouvernements en place. Dans les pays avec le meilleur indice, l’écart est encore palpable à cause des disparités causées par la maternité. Les femmes se voient bloquer l’accès aux postes d’importance à cause des retards qu’elles accusent. Le gouvernement islandais a tenté de réduire cet écart en donnant les mêmes congés de parents à la fois aux hommes et aux femmes.

Le canada se classe comme 16e pays au monde en ce qui a trait à la parité homme-femme

Même si la situation est différente des pays considérés comme les plus inégalitaires comme le Yémen, la Syrie et l’Iran, les femmes de notre pays sont soumises aux problèmes de violence conjugale, qui restent un problème majeur même dans les pays ayant les plus hauts indices de parité.

Femmes et pandémie

Je dis souvent que la pandémie que nous vivons en ce moment a le dos large. En effet, tout changement, tout drame, toute opposition se rattache à la COVID-19. Pour ce qui est de la condition des femmes cependant, les organismes ont tendance à dire que la pandémie a fait reculer les droits des femmes. Au Québec, le Conseil du statut de la femme indique que la pandémie «(…) aura des impacts sans précédents pour les femmes».

La pandémie empire les situations préexistantes de violence conjugale et limite les échappatoires.

L’isolement et la précarité a aussi mené à une hausse de la violence conjugale dans les foyers québécois. On estime en effet qu’il y a de plus en plus de cas non rapportés dans les centres d’aide. La violence augmente, et elle augmente sournoisement. Bien entendu, la pandémie est plus un catalyseur de la violence qu’un créateur. Elle empire les situations préexistantes de violence conjugale et limite les échappatoires.

Mythes de la violence et féminicides

Un des mythes dénoncés par l’Institut national de santé publique est qu’on entend souvent que la violence conjugale est une perte de contrôle. La violence conjugale est avant tout un mécanisme de domination. On en a fait les frais dernièrement, puisque dans notre chère province, c’est cinq féminicides qui ont eu lieu dans les dernières semaines. Ces homicides conjugaux ne sont pas, comme en croient plusieurs, un acte désespéré. Ce sont des féminicides souvent prémédités, qu’on aurait pu éviter.

les victimes de violences conjugales sont en majorité des femmes (78%) et les auteurs de violence sont majoritairement des hommes (80%).

Les causes de la violence sont multifactorielles. Cependant on remarque une tendance: la violence est plus souvent apprise qu’innée. Les hommes dits «antisociaux», c’est-à-dire qui sont agressifs dans toutes les sphères de leur vie, sont assez rares.

Selon les statistiques, les victimes de violence conjugale sont en majorité des femmes (78%) et les auteurs de violence sont majoritairement des hommes (80%). Pour régler ce problème social, il faut à la fois apporter de l’aide aux victimes, mais aussi lutter à l’éradication des causes et à l’accompagnement des hommes violents.

Prévention de la violence chez les hommes

Pour Sabrina Nadeau, directrice du réseau À cœur d’homme (Réseau d’aide aux hommes pour une société sans violence), il faut aider les hommes violents à sortir des mécanismes de violence, pour briser le cycle. Bien entendu, travailler à la prévention des cas de ce côté ne signifie pas accepter les gestes posés par les auteurs de violence. L’intervention chez les hommes est nécessaire pour prévenir de futurs crimes conjugaux. De la même façon qu’on fait de la prévention de la criminalité chez les jeunes à risque, il faut faire du travail de prévention de la violence pour les hommes «à risque».

À Trois-Rivières, c’est l’organisme L’Accord-Mauricie qui a pour mission de responsabiliser «les hommes face à leurs comportements violents ou contrôlants». En offrant de l’aide psychologique et des suivis, ces organismes font leur part dans le contrôle et la réhabilitation, ouvrant la porte à un changement de société. Briser le cycle est le début d’un chemin douloureux vers l’égalité et vers, on l’espère, une fin des féminicides et des violences faites aux femmes. Le gouvernement lance un plan, espérons qu’il donnera des résultats.

Si vous êtes victimes de violence conjugale: 1 800 363-9010 (SOS Violence conjugale)

Si vous êtes un homme violent en recherche d’aide: (819) 693-5264 (L’Accord-Mauricie)

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