
Au lendemain de l’amorce de la zone rouge dans plusieurs régions du Québec, le gouvernement Legault a annoncé que les manifestations devaient maintenant obligatoirement se faire avec des masques, et ce, même pour les manifestations anti-masques. Comme on l’a vu, les théories du complot sont légion en ce moment, ce n’est pas près de ralentir!
On va se le dire, les théories du complot, c’est quelque chose d’assez divertissant, j’en suis moi-même friand. En effet, rien de mieux que de lire les théories sur le faux moonlanding de Kubrick, la mort d’Avril Lavigne (celui-là est très grinçant) ou bien, et c’est mon préféré : la théorie des anciens astronautes.
Complotistes-chercheurs
Il y a une volonté de comprendre les rouages cachés. Ces théories sont loin d’être neuves, beaucoup d’entre elles remontent aux années 60. Mais ces temps-ci (depuis mars précisément) et à l’ère des médias d’information, on voit un entremêlement du vrai et du faux, une incapacité à discerner le vrai du faux et une réduction de la recherche.
Ces derniers temps, j’ai vu plus de « doctorantEs » en droit, en géopolitique et en microbiologie qu’à n’importe quel moment de ma (courte) vie. En effet, tout le monde pense qu’il ou elle possède le monopole de la vertu ou, tout simplement, que sa propre expérience (souvent fondée sur absolument rien) peut venir être comparable à celle de gens œuvrant dans le domaine depuis plusieurs dizaines d’années. Comme certaines personnes disent… Faites vos recherches!
«J’ai fait mes recherches»
Mais c’est quoi, toutes ces théories du complot? Ça a commencé tranquillement, sur les multiples interprétations par rapport au masque, à savoir que ce dernier ne servait à rien, qu’il empêchait de respirer, etc. Ces gens considèrent avoir fait leur «recherche»… Mais est-ce qu’une recherche scientifique fiable, c’est sortir huit sources Google… Eh bien… Pas vraiment.
Lorsqu’il est question de leurs propres critères (ceux des complotistes) alors là, les standards sont assez bas.
Le problème avec les complotistes, c’est que les critères épistémiques sont très bas. En effet, une recherche, une vraie, s’inclut sur des procédés assez complexes. En plus d’utiliser une méthode scientifique, les résultats ne sont pas seulement le fruit d’un ou d’une chercheurE, mais bien de plusieurs chercheurEs, dont les recherches sont revues par les pairs, corrigées, critiquées puis intégrées dans une méta-analyse… qui elle aussi peut par la suite être affectée par des biais. C’est le cas notamment des études de l’OMS sur la pandémie, que les conspirationnistes se plaisent à démonter. Lorsque cependant il est question de leurs propres critères alors là, les standards sont assez bas.
La philosophie pour enfants, un début?
Mais comment remédier à la situation? Plusieurs y ont déjà pensé, notamment avec l’instauration de cours de pensée critique et de philosophie. Certes, on donne des cours de philosophie… à une faible proportion de jeunes adultes et d’adolescentEs, dans un laps de temps faible, dans un intérêt moindre. Comme j’ai déjà lu dans un commentaire Facebook (oui, je sais …) il y a longtemps : «On peut en faire mais ne pas appeler ça philosophie, ça va faire peur au monde».
C’est un peu ça qu’on a fait. Le bientôt défunt cours d’Éthique et culture religieuse avait à l’origine un volet éthique, et l’éthique, eh bien, c’est une branche de la philosophie. Le cours avait énormément de potentiel, avant d’être relayé en tant qu’enfant pauvre, enseigné par des enseignantEs remplaçantEs forméEs en éducation physique. Il fut soulevé, en septembre 2019, de transposer l’éthique au primaire. Depuis maintenant une cinquantaine d’années, on travaille à mettre à place ce qu’on appelle «La philosophie pour enfants». Cette méthode pédagogique met les bases de la discussion, de l’esprit d’analyse et de l’esprit critique. Il est aussi prouvé que la mise en place de cette méthode pédagogique peut faciliter l’éducation sexuelle, matière qui, rappelons-le, a beaucoup de difficulté à faire son chemin dans les écoles.
Un projet test qui fait déjà ses preuves
Le projet d’inclure la philosophie a déjà été testé dans quelques classes, comme dans celle de Mme Geneviève, sur laquelle vous pouvez voir un reportage ici. Les élèves parlent du bienfait de travailler des questions importantes de notre société, et ce, dès un jeune âge.
On le sait déjà, l’esprit critique est fragile… On est vite détourné par des préjugés, par des biais cognitifs ou simplement pour suivre un groupe.
On le sait déjà, l’esprit critique est fragile… On est vite détourné par des préjugés, par des biais cognitifs ou simplement pour suivre un groupe. Il est facile pour la personne interlocutrice en place d’user de sophisme, de populisme et de présenter des fausses données pour dire ce que les autres veulent entendre.
Nous devons en tant qu’individus, ainsi qu’en tant que société, tout faire pour mettre en place les structures pour affiner nos analyses et nous débarrasser de nos idées reçues. Alors peut-être attendrons-nous la vérité… si elle existe.