
En mars dernier, lorsque la pandémie avait éclaté, j’étais optimiste. Pas vraiment au niveau du déroulement de celle-ci (800 000 morts à ce jour, ce n’est pas super) ni de la gestion, mais plutôt des conséquences qu’avait amené le confinement : décroissance, moins d’émission de gaz à effet de serre, etc. Cependant, cet éclat de joie de ma part fut rapidement taraudé. Je voyais à ce moment une occasion de faire un revirement, de changer la tendance, de reculer un peu la doomsday clock. Il n’en est rien.
Recul de l’avenir
Si les différents pas écologiques se font timidement, ça ne prend pas grand-chose pour les dissoudre complètement. Récemment, une étude a annoncé que les Canadien.ne.s reculaient sur les degrés d’acceptation du bannissement du plastique à usage unique. Le gouvernement avait, en juin 2019, décrété que le plastique à usage unique verrait sa fin en 2021, soldant la fin des innombrables contenants jetables et sacs de plastique, qui constituent une large partie des déchets que l’on peut éviter. Cependant, comme la peur a toujours le dernier mot, les Canadien.ne.s ont maintenant refroidi à l’idée que l’on supprime le plastique, croyant dur comme fer que quelque chose d’unique est moins sale que quelque chose de lavable. Les statistiques démontrent que si 74% des gens étaient favorables à cette interdiction, le tout a maintenant passé à 58% et les gens entièrement contre représentent 27% (contre 10% en 2019).
En effet, le lobby du plastique profite de cette crise sanitaire.

Le jetable est plus sûr que jamais
Mais les gens ne croient pas pour rien que le plastique est la chose la plus utile. En effet, le lobby du plastique profite de cette crise sanitaire. Même s’il est connu que les sacs réutilisables ne sont pas plus dangereux, le lobby a réussi à pousser l’idée, menant à une interdiction de les utiliser à l’épicerie durant les premiers mois de la pandémie. Même chose pour les cafés, où les grandes chaines n’acceptaient plus les tasses réutilisables (même s’il est connu que certaines chaines mesuraient la quantité avec une tasse… jetable!).
En plus, si ces masques sont utiles lorsqu’ils sont bien utilisés, le fait d’en disposer n’importe où peut venir infecter encore plus les gens.
Certaines villes ont même dû arrêter leurs opérations de recyclage à cause de la surcharge. En plus de ça, triste constat, au moins une fois par jour on voit sur le sol, soit des masques chirurgicaux, soit des gants, laissé par des gens trop peu conscientisés ou tout simplement frustrés d’avoir à utiliser ces objets. En plus, si ces masques sont utiles lorsqu’ils sont bien utilisés, le fait d’en disposer n’importe où peut infecter encore plus de personnes. Certains diront que la crise climatique doit prendre un moment d’attente, mais comme tous les problèmes sont interreliés, on ne peut pas faire avancer les choses si on tente de régler les problèmes un à la fois.
Un jour du dépassement plus loin… mais jusqu’à quand?
Malgré tout, il n’y a pas que du négatif, mais c’est encore trop peu. En effet, la crise sanitaire a permis de faire reculer le jour du dépassement à un niveau plus bas qu’il y a 15 ans. Le jour du dépassement est une donnée écologique calculée chaque année pour estimer à quel jour les ressources de la terre ne sont plus renouvelables. En 2019, ce dernier s’était arrêté le 29 juillet (soit la plus tôt qu’il a été historiquement). Cette année, nous avons reculé de trois semaines (le jour est maintenant au 22 août). Cette accalmie est de courte durée; déjà, plusieurs entreprises ont demandé aux gouvernements de couper les mesures environnementales pour permettre de refaire leurs coffres dans les prochaines années.
S’il y a eu dans les derniers mois un certain relâchement, il est impératif de redresser les choses par des mesures environnementales fortes. L’économie se prépare à repartir en force et il faudra longtemps pour déloger l’idée que le plastique à usage unique est plus sain. Les mentalités se changent lentement, trop lentement. On n’aura pas le choix de tout bousculer, si on veut qu’elles changent à temps.
Cet article est écrit en collaboration avec La Gazette de la Mauricie.