Les mains sales: Quatre années de plus?

0
Publicité
Mains sales
Crédit: Sarah Gardner

Novembre 2016. Jour des élections américaines. Craignant le pire, j’avais pris la décision de me coucher à 21h30, véritable acte de foi afin de me convaincre qu’on ne ramasserait pas le pire. Il va sans dire que le réveil fut douloureux.

À la même époque, je suivais un cours sur la géopolitique américaine à l’université. Le groupe a demandé à l’enseignant ce qu’il en pensait, ce dernier de nous répondre : «J’ai l’impression de me réveiller d’une brosse de trois jours.» Une défaite amère en effet.

Qu’en est -il quatre ans plus tard? Pourquoi les élections se sont-elles déroulées ainsi?

Scrutin indirect et concentration du pouvoir

Les dernières élections voyaient mettre en place à la candidature démocrate l’ancienne Première Dame des États-Unis, Hilary Clinton. Militante au Parti démocrate depuis les années 70, elle était la première femme à être la candidate à l’élection. Elle affrontait le milliardaire et homme d’affaires Donald Trump.

Le vote populaire n’aura pas été assez pour donner la victoire à Hilary Clinton.

La situation des élections de novembre 2016 a été foudroyante. Clinton a remporté le vote populaire, c’est-à-dire qu’elle a eu le plus grand nombre de votes. Les AméricainEs étaient peut-être prêtEs, dans une certaine mesure, à une présidente. Cependant, évoluant dans un scrutin indirect, l’important est de remporter le plus grand nombre de comtés électoraux, ce que Donald Trump a réussi.

Les élections américaines offrent peu de choix. Malgré tout, historiquement, le rôle qu’il permet reste un des plus sûrs. De manière pragmatique, un premier ministre canadien a plus de pouvoir qu’un président américain. En réalité, ça change peu de choses, car les États-Unis sont beaucoup plus puissants. En théorie, le pouvoir est strictement séparé entre le pouvoir exécutif, législatif et judiciaire. Cependant, on voit de plus en plus ces pouvoirs se concentrer. Sous prétexte de guerre au terrorisme et de sécurité interne, les pouvoirs se sont concentrés sur la présidence.

Les tiers partis contre le communisme?

Mathématiquement, le pouvoir se promène toujours entre les deux partis majoritaires. Il est impossible qu’un tiers parti remporte un comté, et donc des élections. Ce phénomène amène un rétrécissement du spectre politique américain. Même si certaines personnes se plaisent à parler de la gauche américaine, cette dernière est assez faible.

Barack Obama n’est pas l’héritier de l’Union soviétique, contrairement à ce que plusieurs pensent.

Même si les États du centre se plaisent à parler de Barack Obama comme d’un «communiste», le présumé héritier de Staline était loin de l’être. En effet, le parti démocrate se place principalement au centre droit, alors que le parti républicain lui est plus affilié à la droite économique et sociale (conservatisme). Ce qui ne laisse aucune chance à une certaine gauche d’avoir une petite place.

La liberté négative ou comment les états les plus pauvres votent contre leurs intérêts

La sacro-sainte liberté reste la valeur plus prisée par les AméricainEs. On oppose souvent la liberté positive qui correspond à avoir la capacité de faire ce qu’on veut et la liberté négative, qui est considérée comme le fait qu’il y ait le moins d’entraves possible. C’était notamment l’argument du Bloc de l’Est dans les années 60, qu’on peut réduire à la locution suivante : «À quoi ça sert d’avoir le droit de vote si tout le monde crève de faim?»

Les AméricainEs tiennent donc à cette liberté négative, c’est-à-dire, la possibilité de tout faire, s’ils ou elles en ont les moyens. Cependant, plusieurs sociologues et politicologues ont pointé du doigt que les états les plus pauvres votent souvent républicain pour des raisons sociales (conservatisme social, baisse de l’immigration, restriction à l’avortement, etc.) alors qu’économiquement c’est ce qui les tient à la gorge.

La liberté à l’américaine, c’est celle de faire n’importe quoi.

À la fin, la population américaine moyenne a été séduite par le franc-parler de Donald Trump, qui n’avait pas peur de dire ce qu’il pensait. Alliant un populisme à l’arrogance, il représentait un immense doigt d’honneur à l’establishement américain. Clinton, quant à elle, représentait cet establishement bien comme il faut. C’est une façade, puisqu’à la fin de la journée, Trump reste un excellent exemple du milliardaire en place grâce à ce système qui vilipende pour gagner la confiance du peuple. Il reste malgré tout une figure de la classe dominante permettant une oppression sur les classes sociales pauvres de la société.

Défaite Clinton 2.0 ou la promesse des conflits sociaux à venir

La défaite de Clinton pourrait être attribuable à plusieurs choses. On peut parler à la fois de la position moralisatrice des intellectuels mais aussi le sexisme social. En effet, être une femme a joué inconsciemment contre Clinton.

Pour l’élection de demain, l’évolution de cette politique-spectacle devrait être assez serrée. On s’en rappelle, le premier débat était un véritable foutoir. Biden est présentement en tête des sondages, mais l’histoire prouve que cela ne veut absolument rien dire. Avec tous les mouvements sociaux, on peut être pessimiste et dire que peu importe l’issue de cette élection, nous aurons affaire à un certain chaos social.

Êtes-vous prêtEs pour Biden, ou quatre années de plus?

En attendant, je risque de me coucher encore tôt ce mardi, et rêver au pire.

Publicité

REPONDRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici