La PCU a fait peur à plusieurs. Si elle est arrivée comme une panacée au mois de mars, elle est devenue, dès l’été, le synonyme d’une nouvelle peur : le gouvernement était en train de créer une «génération de BS».
Une classe moyenne faible
Nous vivons dans un monde hétérogène, où il y a, d’une part, ceux et celles qui luttent pour des meilleures conditions de travail et ceux et celles qui luttent pour que le salaire minimum soit aboli. À travers tout ça se pose la question du revenu de base.
Beaucoup de gens évoluent dans des situations où le travail est une nécessité. L’institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) estime que c’est un Québécois.e sur cinq qui vit aujourd’hui en dessous du seuil de la pauvreté. L’Association canadienne de la paie (ACP), elle, estime qu’environ 31% des Québécois.es vivent d’une paie à l’autre.
Le problème de l’impératif économique
Dans les grandes villes, les gens se retrouvent à la rue même s’ils occupent des emplois. C’est frustrant lorsque l’on sait que les riches de ce monde se cachent dans les paradis fiscaux. C’est là que peut venir intervenir le revenu de base. Une idée persistante, mais très controversée.
L’aide aux plus démuni.e.s est souvent non envisagée pour une panoplie de raisons, qu’il s’agisse de l’augmentation des taxes, de la complexité ou des préjugés qui y sont rattachés. Par exemple, le préjugé selon lequel les pauvres ne devraient pas se gâter (comme si leur vie n’était pas déjà assez morose) ou bien qu’ils restent pauvres par paresse, parce qu’on les aide déjà trop, comme l’envisageait l’économiste britannique Thomas Malthus.
L’idée du revenu de base est aussi parfois balayée, encore aujourd’hui, pour les mêmes raisons. On pense que l’effet d’instaurer une somme versée de façon mensuelle pour alléger les coûts fixes des travailleurs les poussera à abandonner leur emploi pour vivre sur le dos de l’état. L’idée n’est pas là. L’idée, c’est de fournir un montant de base qui permettrait d’arrondir les frais fixes, permettant ainsi de faire rouler l’économie et d’assurer un rôle de filet social.
Ce débat nous permet aussi de nous poser des questions quant à la place du travail dans nos sociétés. Travailler est vu comme un impératif, mieux encore, on chante des louanges interminables à ceux et celles qui se brulent au travail. Mais beaucoup luttent pour travailler moins et travailler mieux. Lorsque quelqu’un occupe trois emplois pour subvenir à ses besoins de base, il y a un problème.
Éloge de l’oisiveté
Certains, comme Bertrand Russell, éminent philosophe analytique et prix Nobel de la Paix 1950, ont soulevé les avantages d’une baisse du nombre d’heures hebdomadaires. En effet, sans pour autant être dans une société complètement oisive, Russell avait en tête qu’un temps de travail réduit donnerait place à plus de créativité et d’innovation: «Dans un monde où personne n’est contraint de travailler plus de quatre heures par jour, tous ceux qu’anime la curiosité scientifique pourront lui donner libre cours, et tous les peintres pourront peindre sans pour autant vivre dans la misère en dépit de leur talent.» (Bertrand Russell, Éloge de l’oisiveté, 1932)
Dans cette optique, le revenu de base pourrait apporter plusieurs bienfaits à nos sociétés : offrir un filet social et permettre de travailler à l’évolution de nos communautés autrement que par uniquement le travail rémunéré. Le travail qui peut être fait par des machines permettrait de libérer des gens, et cela nous permettrait aussi de faire le tri dans ce qu’on appelle les «bullshit jobs», ces emplois qui ne servent à rien, mais que les gens occupent quand même, ce qui les laisse dans une situation de vide, un manque de valeur, un manque d’utilité.