Les mains sales: vers la décroissance?

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alexis lambert mains sales

C’est l’effet véritable d’un trou noir qui se fait sentir ces derniers temps sur notre société. Comme plusieurs l’ont vu dans le cinéma de science-fiction, le champ de force gravitationnel des trous noirs a pour effet de ralentir le temps. C’est bien précisément l’effet onirique que les gens ressentent en ce moment, à la suite de la pandémie du coronavirus.

Bien sûr, tout n’est pas beau avec cet évènement, loin de là. Plus de 200 000 personnes infectées et proches de la barrière des 10 000 morts au niveau planétaire, on voit assez rapidement comment les fondements de notre société tremblent, mais aussi à quel point sont fragiles les fondements qui la tiennent vivante. En effet, il ne suffit que d’un deux semaines de quarantaine pour affecter un nombre important de travailleur-euse-s et donner des sueurs froides aux financiers.

Au plus fort la poche

Au début, c’était la panique. On a bien vu qu’une petite touche d’inquiétude a eu un effet domino sur une bonne partie de la population. Finies les règles du jeu préétablies, fini le civisme, l’homme est un loup pour l’homme. En quelques instants, les paradigmes s’effondrent comme des châteaux de cartes. La première peur contractée par les individus fut celle reliée à une pénurie alimentaire ou à une pénurie reliée aux objets de bases, comme le papier de toilette. Il faut dire que dans un pays comme le nôtre, les tablettes, même après avoir été razziées de leurs stocks de pâtes et de légumineuses en canne, se refont assez rapidement.

Finies les règles du jeu préétablies, fini le civisme, l’homme est un loup pour l’homme.

Le risque le plus haut, amené par les spécialistes, est que plus exactement, il n’y aura aucune pénurie réelle, compte tenu de l’entrée massive et régulière des provisions en sol canadien. Non, la pénurie sera artificielle, car tou-te-s ceux et celles qui ont peur d’en manquer vont accumuler des denrées plusieurs fois supérieures à ce dont elles ont besoin, en laissant très peu pour les autres qui pourraient aussi en avoir besoin. On est alors face à un débalancement, ceux et celles qui ont eu le temps et l’argent se sont rué-e-s comme des animaux pour accumuler plus de ressources que nécessaire, laissant les autres manger les miettes.

La détresse des télécommunications

Dans tout ce brouhaha, qui n’a jamais été vécu par aucun d’entre nous, certains pensent que tout doit se passer comme avant. Rappelons que la dernière pandémie avec un aussi gros impact remonte à l’époque de la grippe espagnole… et que les télécommunications de l’époque étaient beaucoup moins développées. Une telle technologie permet certes de réagir plus rapidement, mais pas de contrôler plus rapidement la détresse psychologique des citoyen-ne-s, qui s’inquiètent des risques de la pandémie sur nos quotidiens.

La crise est la preuve que tout ce beau système que nous avons créé autour de nous, le «meilleur» système, ne tient en fait qu’à un fil.

La crise est la preuve que tout ce beau système que nous avons créé autour de nous, le «meilleur» système, ne tient en fait qu’à un fil. Deux semaines d’isolation (encore en cours) nous prouvent que le monde continue de fonctionner quand même, mais que les mises à pied temporaires sont assez pour mettre la corde au cou de plusieurs. C’est le moment aussi de réaliser que beaucoup de premières lignes sont considérées comme remplaçables ou comme les bas-fonds de la société, on les a trop pris pour acquis, et maintenant ce sont eux et elles qui empêchent le monde de s’écrouler.

Vers le passé ou le futur?

On essaie par tous les moyens de faire passer la crise comme si de rien n’était : télétravail, cours en ligne, malgré enfants et tout autre stress environnant. Les propriétaires n’ont pas le cœur en or, ne suspendent pas les loyers par peur de donner la chance aux malintentionné-e-s d’abuser du système, alors que la plupart ne veulent pas abuser, ils et elles n’ont tout simplement pas l’argent dans les conditions présentes.

C’est le temps de repenser notre mode de vie pour l’avenir. L’esprit dans lequel nous vivons, c’est celui hérité des années 50. La Seconde Guerre mondiale a amené l’abondance dans nos sociétés occidentales, et avec elle une idée folle d’une croissance infinie. Les profits infinis, les voitures, les vêtements, plus de nourriture qu’on ne pourra jamais en manger, rien de trop beau pour la classe moyenne. Cependant, tout cela a un prix, notamment les changements climatiques, qui sont heureusement en forte baisse par suite des multiples quarantaines à travers le monde.

Les profits infinis, les voitures, les vêtements, plus de nourriture qu’on ne pourra jamais en manger, rien de trop beau pour la classe moyenne.

Certain-e-s se sont rendu-e-s compte de la bonne heure de temps libérée par la suspension des activités (ou pas, désolé pour vous). On se sent un peu moins pressé-e-s, un peu moins aliéné-e-s. On réalise que la décroissance est possible, envisageable et même profitable. On possède tous et toutes trop d’objets, pour lesquels on travaille trop, dans le but d’oublier nos vies stressantes, vécues à la solde du profit.

En attendant, je retourne lire mes livres.

#Restezchezvous

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