Lettre ouverte – Violences sexuelles : au-delà de la politique

0
Publicité
Le Groupe d’Actions Femmes de l’UQTR (ici, lors du rassemblement contre la culture du viol en novembre 2016) est également une ressource d’aide pour les victimes de violences sexuelles. Photo : Groupe d’Actions Femmes de l’UQTR.

Lundi dernier, l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) lançait officiellement sa politique de prévention des violences à caractère sexuel dans le cadre de la  Loi visant à prévenir et à combattre les violences à caractère sexuel dans les établissements d’enseignement supérieur qui demande à tous les établissements d’enseignement postsecondaire de se doter de mesures concrètes pour prévenir les violences sexuelles.

Cette loi prévoit entre autres l’obligation de formations pour toutes les personnes membres de la communauté universitaire. La politique de l’UQTR compte aussi sur la mobilisation de la communauté : les personnes témoins de toute forme de violence sexuelle sont appelées à les dénoncer.

Pour les établissements postsecondaires, reconnaitre l’importance du phénomène des violences sexuelles et prévoir des mesures d’action concrètes pour les contrer constitue tout un pas en avant.

L’adoption de cette loi, née après des années de lutte du milieu féministe, de prises de parole des femmes, de mobilisations sur les campus, des recherches scientifiques qui ont contribué à documenter le phénomène, donne espoir que les choses peuvent changer.

Cependant, la lutte est loin d’être gagnée.

Durant la présentation, l’intervenante du Service d’aide visant à prévenir et à combattre les violences à caractère sexuel a souligné le caractère sexiste des violences sexuelles. Si tous les hommes ne sont pas des agresseurs, il est vrai ; 96,8 %[1] des personnes qui commettent des agressions sont des hommes. Et la majorité des victimes sont des femmes. Et toutes les femmes ne sont pas égales devant ces violences : les femmes lesbiennes, les femmes handicapées, les femmes racisées sont surreprésentées dans ces données[2]. Une illustration concrète – et très malheureuse – du rapport de pouvoir à l’œuvre dans ces violences.

Nous sommes d’avis qu’il est impossible d’ignorer le caractère sexiste de ces violences et le contexte d’inégalités dans lesquelles celles-ci s’inscrivent si l’on souhaite voir de réels changements s’opérer.

Le poids des gestes et des mots

Au-delà de l’élaboration de procédures et de l’offre de services, c’est tout un changement de culture qui doit s’opérer. Nous devons, collectivement, prendre conscience du rôle que jouent les gestes quotidiens et les « blagues » dans la perpétuation de cette culture sexiste et inégalitaire. Le consentement et le respect doivent faire partie intégrante de toutes les interactions. Ce changement de culture implique de se questionner, de revoir nos pratiques, d’éduquer, de sensibiliser et de dénoncer. Il s’agit d’une responsabilité collective que nous devons toutes et tous porter.

La politique adoptée par l’UQTR et la loi provinciale constituent un cadre, essentiel pour lutter contre les violences sexuelles certes, mais ne peuvent constituer une fin en soi. C’est ensemble que nous détenons le plus grand pouvoir de changement. Ensemble, agissons !

Cette lettre a été cosignée par plusieurs membres de la communauté universitaire et du CALACS, dont :

Carol-Ann Rouillard, doctorante en communication sociale, membre du Groupe d’actions femmes

Marie-Guiguet Doron, étudiante au baccalauréat en loisir, culture et tourisme, membre du Groupe d’actions femmes

Carol-Ann Hobbs, étudiante à la maitrise en enseignement, membre du Groupe d’actions femmes

Véronique Durocher, chargée de cours et étudiante à la maitrise en communication sociale, membre du Groupe d’actions femmes

Marilyne Boisvert, chargée de cours et doctorante en éducation

Simon Fitzbay, étudiant à la maitrise en communication sociale

Annick Leblanc, commis aux affaires modulaires

Olivier Malo, vice-recteur aux ressources humaines

Valérie Larose, conseillère en développement durable et en ressources humaines

Caroline Prud’homme, directrice des services aux étudiants

Carole Mallette, infirmière clinicienne

Catherine Lemarier-Saulnier, chargée de cours

Lyne Douville, professeure au département de psychoéducation

Nathalie Bouchard, membre du comité de prévention des violences à caractère sexuel

Kathleen Bélanger, directrice du Service de la formation continue et de la formation hors campus

Joëlle Boucher-Dandurand, coordonnatrice du Centre d’aide et de lutte aux agressions à caractère sexuel (CALACS) de Trois-Rivières

Association générale des étudiant(e)s de l’UQTR

Bénédicte Taillefait pour le service d’aide visant à prévenir et à combattre les violences sexuelles à l’UQTR et intervenante au CALACS de Trois-Rivières

Vicky Girard, étudiante à la maitrise en communication sociale

Clémence Bideaux, étudiante à la maitrise en lettres, Groupe d’actions femmes

Joëlle-Claude Dupuis, étudiante au baccalauréat en études françaises


[1] Sécurité publique, 2013 dans Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel. En ligne : http://www.rqcalacs.qc.ca/statistiques.php

[2] Bergeron, Manon, Martine Hébert, Sandrine Ricci et coll. (2016) Violences sexuelles en milieu universitaire au Québec : Rapport de recherche de l’enquête ESSIMU. En ligne : http://essimu.quebec/wp/

Publicité

REPONDRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici