L’existence en question : Les miracles contredisent-ils nécessairement la science ?

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Jocelyn et Loïc, co-auteurs. L’existence en question. Crédit : Sarah Gardner.

Nous sommes deux étudiants qui avons la foi en Jésus-Christ et nous sommes intéressés de voir comment cette foi peut s’harmoniser avec les connaissances acquises à l’université. Nous aborderons différentes questions qui se rapportent à la foi en Dieu. Celle-là même qui est souvent discréditée par l’élite intellectuelle. Nous tenterons de présenter des arguments en réponse à des objections fréquentes, de manière à favoriser une perspective plus équilibrée. 

Est-ce que la Bible défend le géocentrisme ? 

Notre dernier article abordait la question épineuse des rapports entre la science et la foi. Nous faisions remarquer que plusieurs scientifiques de haut niveau étaient des croyants. Si ce fait n’explique pas comment ceux-ci parviennent à harmoniser leur foi avec leur carrière scientifique, cet argument laisse entrevoir indirectement que les deux ne sont peut-être pas nécessairement incompatibles comme plusieurs le pensent.  

À la suite de cet article, nous avons reçu un commentaire au sujet d’un texte de la bible qui semble sous-entendre une vision géocentrique :  Josué 10:12-13 « Alors Josué parla à l’Éternel, le jour où l’Éternel livra les Amoréens aux enfants d’Israël, et il dit en présence d’Israël : Soleil, arrête-toi sur Gabaon, Et toi, lune, sur la vallée d’Ajalon ! Et le soleil s’arrêta, et la lune suspendit sa course… » 

Il y a deux problèmes avec ce texte : (1) la perspective géocentrique selon laquelle c’est « le soleil qui s’arrête » et non la terre qui arrête, car, dans les faits, c’est elle qui tourne autour d’elle-même (et autour du soleil) et (2) le fait que la terre qui tourne à une vitesse de 1650 km/h ne puisse raisonnablement interrompre sa rotation sans que la vaisselle se brise dans les placards ou même que la terre se disloque. Ce deuxième problème concerne celui des miracles. 

Pour ce qui est du premier problème touchant à la perspective géocentrisme du texte, je ne sais pas s’il faut tenir rigueur au langage de la Bible lorsqu’on lit que le soleil s’est arrêté. On dit bien dans le langage populaire que l’on admire un coucher de soleil et non un coucher de terre, même si l’on sait que ce n’est pas le soleil qui se couche ou qui se lève. Lorsqu’il dénonçait le problème de l’induction, Hume ne disait-il pas lui-même que ce n’est pas parce que l’on a toujours vu le soleil se « lever le matin », qu’il se « lèvera demain » (1). Il n’était pas géocentriste pour autant. 

Les miracles sont-ils possibles ? 

En ce qui concerne la notion de miracles, ce n’est donc pas seulement que le soleil se soit arrêté qui pose problème, mais aussi l’allégation que Jésus ait marché sur les eaux et qu’il soit né d’une vierge. Ici, ne dirait-on pas que la foi contredit la science ? Comment est-ce qu’un scientifique qui croit en Dieu pourrait bien réconcilier cela ? Lorsqu’il fait de la science, le croyant adopte un naturalisme méthodologique, mais non pas un naturalisme ontologique. Le naturalisme méthodologique c’est de rechercher des causes, des explications et des effets naturels (et non surnaturels comme dans le cas des miracles). Le naturalisme philosophique ou ontologique, c’est de présupposer que parce que la science est limitée à l’étude de la nature, alors cette nature constitue la seule possibilité de ce qui peut exister (excluant le surnaturel et un Dieu transcendant). Il est vrai que la majorité des scientifiques adoptent la position philosophique du naturalisme ontologique, mais ce n’est pas une conclusion qui découle d’observations scientifiques, mais une orientation philosophique bien personnelle.  

Le scientifique croyant présuppose la régularité et l’universalité des phénomènes naturels sans exclure a priori la possibilité de réalités surnaturelles. Si Dieu existe et qu’il est effectivement l’auteur des lois naturelles, n’est-il pas concevable qu’il puisse intervenir de manière ponctuelle et inhabituelle en dérogeant au fonctionnement habituel de son univers afin de révéler sa présence ? Si Dieu est cette Cause première qui a pu créer l’univers ex-nihilo lors du Big Bang, ne peut-il pas aussi exceptionnellement réaliser le moindre en arrêtant la terre sans briser la vaisselle ou en permettant à une femme de concevoir du Saint-Esprit ? Est-il surprenant qu’il puisse nous surprendre ? N’est-il pas étrange, voire supranaturel, que la matière inerte s’organise et acquière l’intention de rester en vie ? 

Il y a près de 300 ans, David Hume, a eu une grande influence sur la question des miracles. Il était un déiste plutôt sceptique et n’excluait pas techniquement la possibilité de miracles. Son approche était d’insister que l’on ne devrait jamais croire à un témoignage d’un miracle, car il est toujours plus probable que la personne rapportant le miracle soit trompée ou trompeuse plutôt que l’expérience continue des observations de la nature soit interrompue. 

Un bon détective examine les faits 

Mais est-il raisonnable de présupposer a priori, sans examen des faits, qu’un témoignage d’un miracle ne devrait jamais être cru ? Hume n’est-il pas justement celui qui avait affirmé que ce n’est pas parce que l’on a toujours vu le soleil se lever le matin, que l’on peut conclure a priori qu’il se lèvera demain ! Si l’on prend le cas précis de la résurrection de Jésus, les faits généralement admis par la grande majorité des universitaires qui ont publié sur la question, qu’ils soient croyants ou sceptiques, s’expliquent mieux si l’on admet que la résurrection a eu lieu (2). L’espace manque pour étayer ce sujet, mais l’un d’entre nous a écrit un peu plus en détail sur la question de savoir si l’on peut être justifiée de croire à un miracle (3). 

Vos commentaires et vos questions sont les bienvenues.  

  1. Hume, David, Enquête sur l’entendement humain, section IV. Repris dans nos mots. 
  2. Habermas, G. (2005). « Resurrection research from 1975 to the present: what are critical scholars saying? » Journal for the Study of the Historical Jesus, 3.2, 135-53. Habermas, G. (2006b). « Mapping the recent trend toward the bodily resurrection appearances of Jesus in light of other prominent critical positions. »
  3. Aubut, Jocelyn, Peut-on être justifiée de croire à un miracle ? Lien : https://docs.google.com/document/d/1azQbKox5uOLfXxneWeY9w9tj1RtAMfMB/edit?usp=sharing&ouid=103149612987660531712&rtpof=true&sd=true 
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