L’existence en question: La foi ne contredit-elle pas la science ?

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L’existence en question. Jocelyn Aubut et Loïc Kevin Ziemi, coauteurs.  Crédit : Sarah Gardner.

Nous sommes deux étudiants qui ont la foi en Jésus-Christ et nous sommes intéressés à voir comment notre foi peut s’harmoniser avec les connaissances acquises à l’université. Par le biais de cette chronique, nous aborderons différentes questions qui se rapportent à la foi en Dieu. Celle-là même qui est souvent discréditée par l’élite intellectuelle. Nous tenterons de présenter des arguments en réponse à des objections fréquentes, de manière à favoriser une perspective plus équilibrée.

Cette idée que la foi est incompatible avec la science est gravée dans l’esprit de plusieurs depuis l’Affaire Galilée (1). Ce dernier a effectivement été condamné par l’Église Catholique en 1633 parce qu’il avait contredit la thèse géocentrique que l’Église Catholique avait reprise d’Aristote. À la suite de ses propres observations empiriques, Galilée confirmait l’hypothèse héliocentrique développée par Copernic et bien d’autres. Ce sont des données historiques bien établies.

Rappelons-nous que Galilée était un croyant

Mais on ne devrait pas construire un principe sur la base d’une anecdote. Que toutes les institutions religieuses aient fait des erreurs, c’est bien admis… ainsi que des monstruosités. La perfection est loin d’être humaine. Et de plus, qu’il y ait des mouvements religieux qui soient obscurantistes et anti-intellectuels, c’est admis également ! Mais la question est de se demander si la foi est nécessairement en contradiction avec la science. En fait, ce que les gens oublient trop souvent de mentionner au sujet de Galilée, c’est qu’il était croyant et qu’il a défendu bec et ongles que l’héliocentrisme n’était pas démenti par la Bible.

En fait, ce que les gens oublient trop souvent de mentionner au sujet de Galilée, c’est qu’il était croyant

À cette époque, la thèse du géocentrisme qui alimentait la controverse cosmologique ne s’appuyait pas sur la Bible, mais sur l’aristotélisme. On peut donc remarquer que ce sont des scientifiques chrétiens qui ont remis en cause une fausse compréhension s’inspirant depuis des siècles de présupposés de philosophes grecs. Je dis des « scientifiques chrétiens » parce que Galilée s’est basé sur les calculs de Tycho Brahe et de son collègue Johannes Kepler (1571-1630). C’est ce Kepler, un pieux luthérien, qui a écrit : « Le but suprême de toutes investigations sur le monde externe devrait être de découvrir l’ordre rationnel et l’harmonie qui lui ont été imposés par Dieu et qu’Il nous a révélés par le langage des mathématiques. » Pour lui, faire de la science c’était de « penser les pensées de Dieu selon Lui » (2) et « d’admirer la démarche de Dieu créateur-géomètre du monde » (3). On peut difficilement soutenir que ce genre de commentaire provient d’un chrétien culturel qui est tiède par rapport à la foi !

La foi offre un meilleur cadre conceptuel pour la science

On pourrait en dire tout autant de nombreux piliers historiques de la science tels que Robert Boyle (1627–1691), Newton (1642–1727), Faraday (1791–1867), Maxwell (1831–1879), Lord Kelvin (1824–1907), Gregor Mendel (1822-1884) et Georges Lemaître (1894-1966). En fait, Hans Halvorson, professeur de renom de philosophie des sciences à Princeton, a défendu la thèse qu’il existe une connexion intrinsèque entre une vision du monde théiste et l’approche scientifique, puisque les premiers scientifiques cherchaient des lois naturelles, car ils croyaient en un « législateur » divin qui avait conçu l’univers « selon des plans pouvant être discernés par des créatures rationnelles comme nous » (4). Pour lui, le théisme offre donc aux sciences une meilleure assise philosophique que l’athéisme. Le théisme propose un cadre conceptuel permettant de répondre à l’étonnement d’Einstein qui disait que « ce qui est le plus incompréhensible au sujet de l’univers, c’est qu’il soit compréhensible » (5).

Les croyants qui excellent en science permettent de croire que la foi et la science ne sont pas incompatibles

Finalement, encore aujourd’hui, plusieurs scientifiques de haut calibre sont également croyants et parviennent à réconcilier leur foi en Dieu et leur carrière en science. On peut penser à Francis Collins, qui a dirigé le Projet du génome humain et qui a découvert les gènes responsables de plusieurs maladies. Il était athée et il est devenu croyant au cours de sa pratique de médecine. Il est l’auteur du New York Times bestseller, The Language of God : A Scientist Presents Evidence for Belief. La liste des professeurs chrétiens seulement au MIT est longue, mais il suffit peut-être de citer le sondage effectué par Gross and Simmons (2009) auprès de professeurs réguliers dans des collèges et universités aux États-Unis. La majorité d’entre eux avaient des croyances théistes, même s’il est vrai que la proportion de croyants dans les universités d’élite et en science était relativement plus faible que la moyenne des institutions d’enseignement (6). Cependant, l’argument indirect que nous désirons présenter est qu’il semble raisonnable de pouvoir faire cohabiter la foi et la science.

Vos commentaires et vos questions sont les bienvenues. 

Références : 

(1) Voir Gingras, Yves, « L’impossible dialogue : Sciences et religions », Boréal, 2016.

(2) New World Encyclopedia, “Johannes Kepler”, URL = https://www.newworldencyclopedia.org/entry/Johannes_Kepler

(3) Testard-Vaillant, Philippe “De Copernic à Einstein… et dire qu’ils avaient la foi”, Science&vie, 2013, mis à jour 2020, URL = https://www.science-et-vie.com/archives/de-copernic-a-einstein-et-dire-qu-ils-avaient-la-foi-41448

(4) Halvorson, Hans, “Why Methodological Naturalism” in The Blackwell Companion to Naturalism, ed. Kelly James Clark (Chichester, West Sussex, UK: Wiley-Blackwell, 2016), 142. Cité par McLaughlin, Rebecca, “Confronting Christianity – 12 Hard Questions for the World’s Largest Religion”, Crossway Book, 2019, p. 102.

(5) Einstein, “Physics and Reality” (1936), in Ideas and Opinions, trans. Sonja Bargmann (New York: Bonanza, 1954), p292

(6) De Cruz, Helen, « Religion and Science« , The Stanford Encyclopedia of Philosophy (Winter 2021 Edition), Edward N. Zalta (ed.), URL = <https://plato.stanford.edu/archives/win2021/entries/religion-science/>.

 

 

 

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