Le 15 mai prochain aura lieu une journée de réflexion et de discussion autour de l’utilisation de l’intelligence artificielle dans les travaux universitaires. L’évènement est organisé par le gouvernement Legault. L’article publié par le Journal Le Soleil mentionnait que la discussion tournera autour de l’outil ChatGPT. Accessible au public depuis le 30 novembre, ChatGPT a été conçu par l’entreprise américaine OpenAi et est capable de générer toutes sortes de textes sur commande. Depuis ses débuts fin novembre 2022, l’outil fait des vagues dans le milieu académique notamment en rédigeant des dissertations ou des textes à la place des étudiants. Face à cette nouvelle avancée, nous avons demandé l’opinion du professeur Ismaïl Biskri, membre du Laboratoire d’Intelligence Artificielle Appliquée (LI2A) sur l’utilisation de cet outil dans un cadre universitaire.
Le professeur Ismaïl Biskri
Ismaïl Biskri est professeur au département de mathématiques et informatique mais aussi directeur du laboratoire d’intelligence artificielle appliquée. Ses travaux de recherche tourne autour de l’intelligence artificielle plus précisément dans le traitement de la langue naturelle.
Il s’est engagé en recherche en 1990 et c’est en décembre 1998 qu’il devient professeur au département de mathématiques et informatique à l’UQTR. Parallèlement, il poursuit également ses travaux de recherche avec des collaborateurs nationaux et internationaux dépendamment des sujets de recherche.
Le Laboratoire d’Intelligence Artificielle Appliquée (LI2A)
《Le LI2A fait suite à la création d’autres laboratoires. au début, il y a eu le laboratoire de mathématiques et d’informatique appliqué, c’était un lieu de collaboration》
Professeur Ismaïl Biskri
Selon lui, depuis 2010, il y a eu un essor extraordinaire en intelligence artificielle avec beaucoup de promesses sans prendre en compte un élément important qui est l’application. À cette étape, nous avons besoin de faire attention à certaines contraintes comme par exemple, à des contraintes d’explicabilité.
《Quand on crée un outil en intelligence artificielle, il faut qu’on arrive à expliquer ce que cet outil fait. il ne faut pas juste que ce soit une boîte noire qu’on ne comprend pas. on peut penser à l’utilité à un moment donné, mais il y aura un déficit d’explicabilité et donc, probablement un déficit au niveau de l’acceptation que je dirais sociale》
Professeur Ismaïl Biskri
Il faut aussi faire attention aux contraintes d’utilisation. Est-ce qu’on donne le même outil à deux personnes qui ont des connaissances différentes ou va-t-on livrer un texte en anglais à une personne qui ne comprend pas la langue? Il faut tenir compte de ces contraintes afin de distribuer le travail aux bonnes personnes et de se référer aux experts.
Le laboratoire devient ainsi un lieu de collaboration entre différents talents allant des informaticiens spécialisés en intelligence artificielle aux linguistes. Il est essentiel de penser l’intelligence artificielle comme un domaine de collaboration entre personnes venant de divers horizons.
《C’est à ça que nous avons pensé en créant le LI2A, l’application est quelque chose d’extrêment important》
Professeur Ismaïl Biskri
Les thèmes de recherches étudiés au laboratoire sont : l’analyse de données, les réseaux de neurones artificiels ainsi que leur développement, l’apprentissage machine, mais aussi sur la logique standard et non standard et bien d’autres.
Également les techniques à l’étude sont:
Notons également que la laboratoire est assez jeune. Il a ouvert en 2020 dans le but de structurer la recherche pour les étudiants de la maîtrise ou en stage postdoctorale.
Son avis sur l’outil ChatGPT
《J’ai entendu dire que chatgpt est un danger pour les écoles et les universités. personnellement, je ne partage pas ce point de vue là.》
Professeur Ismaïl Biskri
Selon lui, plus nous allons utiliser ChatGPT, plus nous allons adapter son utilisation. Et comme toute chose, il y aura une bonne et une mauvaise utilisation. Il donne l’exemple suivant : un médecin qui utilisera un scalpel pour opérer quelqu’un dans le but de le sauver et une autre personne qui l’utilisera pour tuer. Dans ces deux cas, seule l’utilisation de l’outil définit s’il est un bien ou un danger.
Toute cette intelligence artificielle devrait être considérée comme un incitatif pour les jeunes afin de les amener à apprendre. C’est de cette manière que doit être vu ChatGPT.
《Chatgpt ne me fait pas peur . il peut être une source d’information, mais ce qui reste à savoir, c’est comment il fonctionne. ensuite, de connaître ses sources de données. quelles sont les garanties que ses sources soient fiables? et est-ce qu’on a la possibilité de comparer toutes les sources? en résumé, est-ce qu’on appprend?》
Professeur Ismaïl Biskri
Pour ceux qui seraient tenter de l’utiliser sans avoir forgé leur esprit critique, le professeur précise que vous n’aurez pas la garantie que l’information soit bonne.
Par contre, ce qu’il trouve intéressant dans l’outil ChatGPT est la construction des textes qu’il trouve remarquable. Pour les quelques fois qu’il l’a utilisé, il n’a pas trouvé une structure textuelle mal faite.
Il ajoute aussi, en précisant que cela restait son avis personnel, que si les étudiants de l’UQTR venaient à utiliser ChatGPT pour n’importe quelle raison, il existerait des mécanismes pour détecter s’il y a eu fraude et ainsi limiter son emploi à l’essentiel.
