Médiat-Muse, le regroupement des institutions muséales de la Mauricie et du Centre-du-Québec, propose depuis septembre dernier une série de conférences qui visent à mettre de l’avant les préoccupations et les enjeux actuels du secteur muséologique. Après la première conférence de la série, offerte en septembre dernier par le professeur Jason Luckerhoff du Département de lettres et communication sociale, c’est Anik Meunier, professeure en éducation et muséologie à l’UQAM et professeure associée à l’UQTR au Département lettres et communication sociale, qui a offert une présentation intitulée «Penser aujourd’hui l’éducation dans les musées: de l’offre de service à l’ancrage social», le 7 novembre dernier.
Portrait du lien entre l’école et les musées
Madame Meunier a tracé un portrait élaboré de la nature des liens entre l’éducation et les musées au fil du temps, indiquant que la logique qui guide ces liens a évolué en même temps que le monde muséal. «Les établissements d’enseignement, tels que les universités, les collèges, les écoles primaires ou secondaires, ont longtemps constitué ou accueilli en leur sein des collections et créé des musées», a-t-elle expliqué en guise d’introduction pour illustrer la situation avant les années 1940.
«La nécessité de fréquenter les musées à l’extérieur de l’école s’est ensuite imposée, et c’est vers la décennie 1960 que l’on voit apparaitre des services éducatifs au sein des musées. Celui du Musée des beaux-arts de Montréal en 1964 est le premier», a-t-elle poursuivi. Suite à un nombre de plus en plus élevé de groupes scolaires dans les musées, les responsables ont adapté leurs pratiques à cette clientèle. Cette adaptation a témoigné d’une phase de «scolarisation du musée», période la plus fertile de collaboration.
En 2013, selon l’Observatoire de la culture et des communications, la fréquentation des musées par les groupes scolaires représenterait seulement 10% des clientèles dans certains lieux d’interprétation patrimoniale, malgré les efforts toujours plus grands pour offrir des programmes diversifiés et adaptés aux écoles. Selon Madame Meunier, le milieu scolaire est peu sensibilisé aux richesses de ces visites. «Dans le programme de formation de l’école québécoise, la visite scolaire au musée n’est pas obligatoire, elle y est vaguement suggérée, a-t-elle fait remarquer, suite à une analyse des contenus de ces programmes. Il serait important de considérer la visite d’un musée avec les élèves pas juste parce que c’est agréable, mais parce qu’il y a des bénéfices», croit-elle.
Plusieurs directeurs de musées qui assistaient à la conférence ont corroboré les propos de Madame Meunier. Selon l’organisme Médiat-Muse, 149 activités sont offertes aux écoles dans la région, pour un cout d’environ 3$ par élève en moyenne. Malgré cette offre diversifiée et structurée, les groupes n’affluent pas. Pour expliquer ce désintérêt, plusieurs pistes ont été avancées par les participants. Par exemple, le processus de décision pour les sorties parascolaires serait complexe dans les commissions scolaires. Les professeurs seraient également bombardés d’offres avec peu de ressources pour y répondre. De plus, la compétition pousserait les écoles à offrir des activités de plus en plus flamboyantes, certaines écoles offrant des visites à Boston dès la 4e année du primaire.
Madame Meunier constate que le monde muséal se tourne et s’adapte maintenant à d’autres clientèles, que ce soit pour des groupes d’ex-détenus, des gens analphabètes ou des clientèles qui présentent des troubles de santé mentale. «L’éducation dans les musées est maintenant envisagée de manière large débordant le cadre scolaire et poursuivant un objectif clair: l’intégration sociale des citoyens d’une communauté, d’une ville ou d’une région. Elle vise au final l’autonomie de chacun qui sera à même d’occuper une place au sein de la société à laquelle il appartient», conclut-elle.