Dans notre dernier numéro, il était question du conflit opposant l’AGE UQTR et l’AEMS. Celui-ci était à propos d’une redevance, versée par le café du pavillon Michel-Sarrazin à la Chasse Galerie, que certains trouvaient abusive.
Sur cette question, j’avais soulevé qu’on assistait à un dialogue de sourds entre deux parties aux prises avec des guerres d’orgueil. Or, cela me pose un problème plus fondamental. Quand j’ai commencé à écrire cette chronique, j’avais comme objectif de redorer un peu l’image du milieu associatif dans notre université, qui avait été passablement malmenée ces dernières années. Et ce n’est pas par souci de défendre mes amis ou mon implication passée.
La plupart des étudiants ignorent tout ce que les différentes associations qui les représentent font pour eux. Je ne me pencherai pas en détail là-dessus, mais il reste néanmoins affligeant de constater le peu d’intérêt que la majorité des UQTRiens portent à ces organismes.
Démocratie
C’est déplorable dans la mesure où les étudiants se trouvent à ne pas profiter de choses payées par leurs cotisations, premièrement, mais aussi pour la santé des associations elles-mêmes. En effet, dans le mouvement étudiant, on carbure à la démocratie directe. Cela signifie que chaque personne a son mot à dire sur les décisions de l’association. Or, ce n’est pas au nom d’un beau principe abstrait que l’on fonctionne de cette manière. C’est parce que l’implication de la totalité des gens touchés par une décision dans le processus décisionnel empêche que certains groupes d’intérêts particuliers noyautent ces décisions.
Le problème, c’est quand justement la majorité se désintéresse de ces faits et laisse une minorité s’en occuper. La minorité finit par s’enfermer dans ses propres enjeux, qui ressemblent de moins en moins aux préoccupations de la majorité. Je fais référence ici au phénomène de la tour d’ivoire. Étant donné le peu d’intérêt des citoyens, les élus ont de moins en moins de contacts avec ceux-ci. Ils ne les comprennent plus, parce que leur réalité est devenue différente.
Je ne pense donc pas, sauf exception bien sûr, que les officiers de l’AGE et les administrateurs soient de mauvaise foi. Leur faute, à mon avis, est de se complaire dans ce monde à part qu’est devenu leur blanc édifice. C’est tellement facile de se dire «de toute façon, ils s’en foutent». Cependant, ils ne sont pas les seuls à blâmer. La première responsabilité des citoyens (ainsi que des membres d’une association), c’est de voter. Cela suppose aussi d’avoir pris les quelques minutes nécessaires à s’informer au sujet des candidats. Vous me répondrez qu’il n’y a qu’une seule candidature à la plupart des postes. Si le candidat ne fait pas, il est toujours possible de voter pour la chaise. Une fois cette étape remplie, informez-vous afin de savoir qui vous représente au conseil d’administration. Et posez des questions à cette personne. C’est de cette manière que vos associations se rapprocheront le plus de vous. Le lien doit être rétabli entre celles-ci et leurs membres. N’existent-elles pas pour les servir justement?
Leur faute, à mon avis, est de se complaire dans ce monde à part qu’est devenu leur blanc édifice. C’est tellement facile de se dire «de toute façon, ils s’en foutent».
Cynisme et suicide politique
Parlant de servir, on se demande comment la démission du vice-président à la vie associative peut bien servir à quoi que ce soit. Celle-ci aurait eu lieu durant un conseil d’administration spécial ayant été convoqué afin d’éclaircir une apparence de conflit d’intérêts dans le renouvellement d’un contrat. Or, les accusations ayant été réfutées, l’élu en question a considéré que cela nuisait quand même à l’image de l’association. Il lui a donc semblé préférable de perpétrer un hara-kiri politique, plutôt que de continuer à alimenter le cynisme populaire.
Justement, la lutte au cynisme n’a pas besoin de martyrs. Elle a besoin qu’on cesse d’alimenter la bête par contre. Si sa diète repose sur l’image négative, en quoi est-ce la combattre que de partir avec fracas, déféquant sa frustration sur ses nouveaux ex-collègues? Là encore, en pleine consultation sur la restructuration de l’AGE, en quoi le fait de ne plus avoir de vice-président à la vie associative va-t-il être bénéfique pour les membres?
Volonté
Je terminerai par une capsule éclair de déformation professionnelle. Comme certains le savent, j’étudie présentement en philosophie. Un auteur célèbre dans le domaine disait qu’une des manières les plus communes de faire du mal n’était pas par méchanceté. En effet, selon lui, la plupart des mauvaises choses arrivaient à cause d’un manque de volonté. Le concept d’acrasie désigne justement le fait d’aider le mal par notre manque de volonté à agir contre lui. Ce serait la forme la plus commune et ordinaire de mauvaise action. À qui de droit…