Aujourd’hui, je vous parle du Festival western de Saint-Tite. Cette année, ceux et celles qui ont voulu sortir au grand jour le cowboy qui sommeille en eux ont vu pas mal de bleu turquoise. Au grand dam de certains, les syndicats de l’enseignement ont effectivement choisi de faire un rassemblement sur le parvis de l’église pendant la messe western.
Malgré le fait que l’ambiance semblait plutôt favorable sur le moment, il s’en est trouvé évidemment pour s’insurger contre l’exercice. Il est, de nos jours, de bon aloi de se plaindre chaque fois qu’un syndicat respire un peu trop fort.
Il n’est évidemment pas question ici de donner le ciel sans confession aux syndicalistes. Quand on sait que Patrick Lagacé s’est bâti sa carrière journalistique à enquêter sur les malversations de la section «Construction» de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), il s’avère impossible de ne pas être le moindrement critique.
Donc, tout le monde le sait qu’il se passe des choses douteuses dans le monde syndical. Comme disait mon grand-père: «Où y’a de l’homme, y’a de l’hommerie». Les abus perpétrés par certaines centrales syndicales hyper-corporatistes impliquent-ils pour autant que les syndicats doivent être éradiqués comme un fléau? Évidemment que non.
Tout d’abord, retournons un peu aux racines. Un rassemblement de travailleurs, dans sa plus simple expression, vise uniquement à faciliter une négociation commune des travailleurs avec le parti patronal. Le mot-clé ici est «faciliter»; comme dans «rendre possible», «en alléger les difficultés», «en éviter les écueils possibles», etc.
Pourquoi les négociations syndicales semblent-elles toujours finir en grève, lockout et autres choses qualifiables de «pas l’fun»? Parce que des négociations respectueuses, ouvertes et fructueuses ça ne fait pas des nouvelles palpitantes. Il y a donc un biais de perception publique, vu que l’emphase est mise sur les cas particuliers qui donnent lieu à des affrontements.
Ensuite, d’autres voudront critiquer le caractère obligatoire de l’adhésion syndicale. En quel honneur doit-on «perdre» une partie de sa paie sans avoir le droit de se retirer?
L’affaire, c’est que la syndication représente ce que l’on appelle parfois un problème d’action collective. Ce genre de situation a lieu quand, face à deux choix, celui qui semble le plus rentable pour soi à court terme empêche une action collective plus efficace (qui serait en fait plus rentable pour soi-même, même si c’est de manière moins évidente).
Un bel exemple: les gens qui, face à une zone de travaux, continuent dans la voie qui se ferme jusqu’à la dernière minute plutôt que de s’insérer dans la bonne voie plus tôt. En faisant cela, ceux-ci croient s’accélérer, mais ne réussissent qu’à ralentir tout le monde (eux y compris).
C’est un peu la même chose avec les syndicats. Oui, certains auraient l’impression d’être plus riches sans cotisation à payer. Cependant, il ne faut pas oublier que les conditions de travail desquelles on profite sont généralement le fruit de négociations ayant eu lieu grâce à cette même union.
Finalement, il s’avère impossible de ne pas remarquer certains procès d’intentions qui se font sur les dos des organismes syndicaux. Ceux-ci ne seraient motivés que par un corporatisme crasse et seraient même indifférents face aux demandes de leurs propres membres.
Une note en passant, si vous avez voté contre quelque chose et que le «oui» a gagné, ce n’est pas un complot contre votre personne. Votre opinion a perdu le vote. Point. Bienvenue en démocratie.
Ceci étant dit, comme je l’ai remarqué plus haut, il arrive que certaines centrales syndicales démontrent des comportements douteux. Loin de moi l’idée de leur faire un chèque en blanc. Par contre, il apparait fallacieux de dire que les demandes actuelles des syndicats de l’enseignement sont purement stimulées par des considérations égoïstes.
Pourquoi les négociations syndicales semblent-elles toujours finir en grève, lockout et autres choses qualifiables de «pas l’fun»?
Malgré l’emphase mise sur la question salariale dans les médias, leurs demandes sont beaucoup plus larges et se résument de la manière suivante: «Donnez-nous les ressources pour faire notre travail adéquatement». On est loin du nombrilisme ici, surtout considérant que leur «travail» c’est d’éduquer nos jeunes.
Et n’oublions pas qu’un mouvement regroupant plusieurs dizaines de milliers de personnes ne peut pas honnêtement se résumer à une seule et même motivation.
Les grèves dans tout ça?
Là encore, il y a beaucoup de trucs qui se disent sur l’exercice du débrayage. Il faut savoir que, dans le cas présent, les journées de grève sont l’aboutissement d’un long processus entrecoupé d’autres moyens de pression et de tentatives de négociations avortées.
Il convient d’éviter de critiquer les grèves actuelles sur la base des récentes grèves étudiantes. Une grève est un moyen visant à résoudre un problème et sa pertinence se critique vis-à-vis de ce problème particulier.