En septembre dernier, Julien Gravelle publiait son premier essai: Nos renoncements. Il s’agit du cinquième livre de l’auteur de fiction, soit son troisième chez Leméac. Détenteur d’une maitrise en philosophie, il observe la violence, particulièrement en contexte amoureux, qui perdure malgré les avancés du féminisme.
L’auteur témoigne de son expérience comme intervenant en travail social dans un centre de ressources pour les hommes aux comportements violents. Il aborde des sujets difficiles tels que la violence conjugale, la culture du viol, les féminicides, le contrôle, la réhabilitation, mais surtout, la prévention. Il s’agit, selon lui, de la clé.
« […] si les hommes, de longue date, ont été interpellés, interloqués, bousculés par les propositions féministes ou égalitaires, c’est parce qu’elles sont porteuses d’une promesse qui leur est adressé à eux aussi. » – Nos renoncements, page 33.
Encore un livre sur les hommes ?
Comme l’écrit l’auteur dans les premières pages : « Ce livre n’est ni un essai ni un ouvrage philosophique, mais une tentative d’assemblage d’observations, de données statistiques et de réflexions permettant de proposer une autre avenue que la résignation ou la colère. L’idée qui me mène est celle-ci : si les hommes, de longue date, ont été interpellés, interloqués, bousculés par les propositions féministes ou égalitaires, c’est parce qu’elles sont porteuses d’une promesse qui leur est adressé à eux aussi. »
En effet, la réflexion de Gravelle ne se veut pas une liste de faits mais plutôt une réflexion sur les enjeux de société liés à la violence masculine et la manière dont cette dernière est gérée. Il ne se veut pas porteur de la solution, mais regroupe ses observations, ses recherches et ses réflexions dans une œuvre.
L’auteur tente de trouver un équilibre et d’être nuancé mais il concède dès le début de son livre que son regard est évidemment teinté. « Je suis un homme blanc hétérosexuel cisgenre et instruit en Occident, si bien qu’il y a probablement certaines expériences que je n’ai jamais vécues. » Il s’agit de la perspective d’un homme, mais son œuvre est entièrement bâti sur des recherches qui sont référées tout au long de la lecture.
« Les vies humaines font partie de ces choses difficiles à réparer, c’est pourquoi nous devons miser davantage sur la prévention. » – Nos renoncements, page 144
Des sujets difficiles mais une lecture agréable
Bien qu’il s’agisse d’un essai, Nos renoncements est écrit « comme un roman » dans le sens où bien qu’il aborde des sujets importants mais difficiles, l’auteur arrive à rendre la lecture assez agréable. Grâce à ses cours chapitres, nous sommes en mesure de passer par de nombreux sujets, sans ressentir une lourde pression. On alterne entre statistiques, observations et mise en situation et caricature en guise d’exemples. Il y a donc un bon équilibre en le nombre de page, la longueur des chapitres et le poids des sujets abordés.