
Fondé en 2007 par Erika Soucy et Pierre Brouillette-Hamelin, l’Off-festival de poésie de Trois-Rivières a dû se réinventer pour sa quatorzième édition en raison des mesures sanitaires liées à la pandémie de la COVID-19. Toutefois, cette fois-ci, la poète Erika Soucy ayant quitté le navire, c’était à Hélène Bughin et Pierre Brouillette-Hamelin d’affronter les défis occasionnés par la situation actuelle.
Devant initialement se dérouler du 9 au 11 octobre 2020, l’organisation s’est rétractée quelques jours avant le début du festival pour annoncer que les événements en personne seraient annulés. C’est ainsi que le vernissage de Marie-Hélène Racine et la lecture publique ont été annulés.

Afin de tout de même offrir un petit quelque chose aux amateurs et amatrices de poésie alternative, l’organisation du OFF avait préparé une version virtuelle de la soirée de lecture. De cette façon, samedi le 10 octobre dernier, en soirée, était offerte La vidéo du OFF 2020 en avant-première.
Lecture poétique, version pandémique
Quelques minutes avant le début de la vidéo, qui était diffusée en direct, l’organisation du OFF a mentionné aux spectateurs et spectatrices présentEs qu’elle avait «vraiment hâte de [leur] montrer ça! Pis ça « tombe » bien, notre alternative: il a commencé à pleuvoir pile quand on aurait fait la lecture [en personne].»
«Malgré 2020, malgré la pandémie, on essaie de faire un OFF quand même.»
-Hélène Bughin
Hélène Bughin a par la suite introduit la vidéo en s’adressant à la vingtaine de personnes présentes en ligne: «Malgré 2020, malgré la pandémie, on essaie de faire un OFF quand même.» La lecture virtuelle, qu’elle présente comme possédant «tout l’esprit du OFF», a commencé avec une performance du poète Hector Ruiz.
Poésie à saveur ludique
Ruiz, qui a lu un poème intitulé Fragments, a ouvert la soirée avec sa voix douce et des images urbaines. Olivia Tapiero a suivi en murmurant sa poésie des plus imagées:

la bourse, pour écrire le livre, pour avoir la bourse
ainsi la littérature se chie dans la bouche
j’aurais voulu qu’elle me déshabille
qu’elle m’avale
qu’elle me vomisse
La poésie de Tapiero, complémentée par des vidéos d’elle se déshabillant devant l’écran, était poignante et s’enregistrait bien dans la philosophie du OFF.
«devant les horloges/ on aspire à de meilleurs horaires / un meilleur agenda que le sommeil collectif/ cent secondes avant l’abîme/ qui pourra se sauver?»
-Louis Côté
Louis Côté, poète originaire de Chicoutimi, a lu son poème Cent secondes avant l’abîme. Installé à divers endroits dans la ville de Trois-Rivières, le poète nous a récité sa poésie sous la douce mélodie du vent.
Prose de l’intime
Marjolaine Tremblay-Paradis a quant à elle présenté deux poèmes, soit Chaumière post-moderne et Chambre solaire. Récitant ses vers le sourire collé aux lèvres, la poète a juxtaposé des images rappelant la nature et le corps pour créer un univers introspectif. Pierre Brouillette-Hamelin a lu un poème dans une ambiance plutôt sombre. Le visage caché par l’angle de la caméra, il a débité sa poésie de façon à bien transmettre l’émotion escomptée:
tout ce que je bâtis
je n’existe que pour le détruire
Joliane Dufresne, avec sa poésie intimiste, a lu deux courts poèmes qui, bien que crus, étaient porteurs de vulnérabilité:
Je regarde ma porn avec des écouteurs
le soir j’me suis demandée si j’étais asexuelle dans l’fond
mon désir est une vague mais avec des creux fucking creux
pis en rentrant à la maison j’me suis masturbée pendant 45 minutes de temps
Finalement, ce sont les poètes Guy Marchamps, Karolann St-Amand et Mélina Verrier qui ont clos la soirée.