OPINION: Au nom de la loi? — SODOKE Kossi Fabrice, Département de génie mécanique

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C’est avec grand intérêt que j’ai lu les articles précédemment publiés dans Zone Campus. Quelques-uns, certes, m’ont surpris dans l’intensité avec laquelle ils abordaient la question de la religion ou des croyances en général. J’y ai trouvé une telle variété d’idées qu’il me serait difficile de partager l’ensemble des réflexions qui ont émergé en les lisant. Sans vouloir détruire le travail attentif de mes collègues chroniqueurs, je pense qu’il faut néanmoins fournir l’autre côté de la médaille pour que le lecteur avisé puisse faire la part des choses.

Le bébé jeté avec l’eau du bain?

«La religion est stupide!» Voilà en résumé la pensée qui émane de mes lectures des chroniques précédentes traitant de religion. Cela rejoint d’ailleurs la pensée de bien des gens de notre société. Je sens dans cette affirmation une profonde déception face à la crédulité de l’animal religieux et face aux abus perpétrés par trop de représentants des institutions religieuses.

Que ce soit les cas des responsables d’église accusés de pédophilie ou des preachers de prospérité, moi aussi, bien que croyant, je suis révolté par ceux qui utilisent la religion pour exercer une emprise sur les gens qui recherchent simplement un sens à la vie. Beaucoup de gens qui agissent au nom de la religion la font paraitre stupide. Mais pourquoi est-ce que je continue à croire?

Premièrement, il faut admettre que Jésus n’a pas exploité les gens et qu’il n’a jamais enseigné à quiconque de le faire. Et même, une lecture rapide des évangiles nous montre que Jésus a assez rudement condamné l’avarice des responsables religieux de son temps: «Malheur à vous, spécialistes de la loi et pharisiens hypocrites, parce que vous dépouillez les veuves de leurs biens tout en faisant pour l’apparence de longues prières […]. Serpents, race de vipères! Comment échapperez-vous au châtiment de la géhenne?» (Matthieu 23:14,31) Ceux donc qui se servent de la religion et du nom de Jésus pour participer à cette supercherie spirituelle ne sont certainement pas des disciples de Jésus, peu importe ce qu’ils prétendent et peu importe la grandeur de leur chapeau.

Deuxièmement, croire est avant tout une question personnelle et non le fruit d’une institution religieuse. En effet, Jésus parle d’une relation personnelle avec Dieu et nous invite à trouver dans son amour un sens profond à la vie. D’ailleurs, un dialogue entre Jésus parle de nouvelle naissance: «si un homme ne nait de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu.» (Jean 3:3) La naissance parle d’une nouvelle vie et parle d’un évènement non pas collectif, mais personnel. Sans ce point capital, le sens de la vie chrétienne n’est qu’une coquille vide et elle rend propice l’éclosion de scandales qui donnent malheureusement raison à ceux qui disent que la religion est stupide.

Bref, je crois qu’il est plus raisonnable de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain et ne pas rejeter Dieu au nom de tous les abus faits en son nom. Le problème, par contre, est peut-être que l’information pour faire la différence entre les deux n’est pas connue…

L’iPad de Christophe Colomb

En parlant d’information sur la Bible, c’est toujours avec une certaine surprise que je constate à quel point des gens prêtent foi à des rumeurs non fondées sur la Bible. Si les expressions comme «les 10 commandements de Jésus», «l’arche de Moïse» ou «Abraham et les 10 plaies d’Égypte» semblent normales, c’est qu’il faut redoubler d’attention et de sens critique lorsque de telles rumeurs sur la Bible sont abordées. En fait, chacune de ces expressions est un anachronisme. Pour ne reprendre qu’un des exemples donnés, il y a à peu près 1500 ans entre les 10 commandements et Jésus. Dire «les 10 commandements de Jésus» est l’équivalent de parler de l’iPad de Christophe Colomb…

Le fond de ma pensée est le suivant: bien que plusieurs rejettent Dieu et la Bible en toute connaissance de cause, plusieurs les rejettent par simple ignorance. Alors que la première décision semble objective, la deuxième ne l’est certainement pas. D’ailleurs, comment rejeter objectivement la Bible si on ne l’a jamais lue? C’est d’ailleurs la question que je me suis posée il y a de ça quelques années et après une lecture complète d’un couvert à l’autre, je peux dire sans gêne et tout à fait objectivement qu’elle vaut la peine d’être lue. Dans mon cas, au lieu de rejeter la Bible et balancer Dieu par-dessus bord, la lecture de la Bible a complètement changé ma vie.

Ces fameux commandements…

Comme exemple de fait qui semble avoir mal été compris, revenons sur les 10 commandements. Il est bon de se rappeler du contexte dans lequel ces commandements ont été donnés: environ deux millions de personnes venaient d’être affranchies après 460 ans d’esclavage et se retrouvaient en plein désert à la merci des ennemis et de la rudesse du climat. Prenez deux secondes pour réfléchir à comment vous auriez géré la situation. Les auriez-vous laissés sans lois, sans balises, dans une anarchie complète dans le seul espoir d’être contraignant?

Je vous invite aussi à considérer le fait qu’ici même sur le campus, il existe des règlements, et ce, malgré toute la connaissance et le bon vouloir des individus qui y sont. En définitive, j’arrive à la conclusion que Dieu ou pas, les lois et les règlements existent. Il n’y a donc aucune raison de s’indigner là-dessus.

Là où je comprends qu’il peut y avoir un problème, c’est dans l’usage que certains font de ces lois. Pour les 10 commandements, des gens ont trouvé des moyens de l’utiliser pour abuser des gens du peuple. D’ailleurs, c’est dans le contexte d’abus de la part d’une élite religieuse corrompue que Jésus a vécu. Avec le contexte en tête, on peut comprendre ces paroles de Jésus qui dira à la foule qui avait soif de justice: «Venez à moi vous tous qui êtes fatigués et chargés et je vous donnerai du repos […] mon joug est doux et mon fardeau léger.» (Matthieu 11:28,30) Cet appel a traversé les âges et interpelle encore aujourd’hui bien des gens avides de justice et de paix pour leur âme. Encore là, Jésus n’approuve pas les abus de la religion, mais fait un appel personnel à ceux qui en ont assez de ces abus.

En conclusion

L’espace me manque pour exposer d’autres aspects qui me semblent mal compris à propos de la Bible, mais je vous invite, tout comme je l’ai fait, à aller voir objectivement les textes de la Bible. Cette exploration objective des textes bibliques se fait très bien individuellement, mais peut aussi bien se faire en groupe dans le but de permettre la confrontation des idées.

Pour ceux et celles qui veulent mettre au défi la Bible, rendez-vous les mardis à 16h au 1073 du pavillon à la vie étudiante et les vendredis à 12h au 1092 Ringuet. Ce sont des rencontres organisées par l’association étudiante GBU (Groupe biblique universitaire).

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