Opinion : En réaction à la chronique «Différences et rôles sexuels»

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Pour voir la réaction du journal, consultez l’article «La mission du Zone Campus : Note de la rédaction»

Texte d’opinion écrit par :
Andréane Audy-Trottier, doctorat en Lettres
Ann-Julie DuRocher, baccalauréat en Études françaises
Catherine Beaudet-Lefebvre, maîtrise en Lettres
Louise-Hélène Côté, baccalauréat en Pratique sage-femme
Véronique Veilleux, baccalauréat en Loisir, Culture et Tourisme
Vincent Godin-Filion, doctorat en Lettres

M. Loranger,

C’est avec consternation que nous avons lu votre chronique Parlons de sexe de l’édition du 21 janvier au 3 février du Zone Campus, grâce à laquelle vous avez réussi le formidable exploit de nous faire voyager dans le Québec moralisateur des années 1950 : la place de la femme est au foyer à élever les enfants, car ses mamelles sont gorgées de lait après l’accouchement, alors que l’homme fort doit être le pourvoyeur de la maisonnée!

Et nous qui croyions, bien naïvement, que s’il y avait un lieu, dans notre société, où il n’était plus à démontrer la bêtise de ces stéréotypes, c’était bien l’Université! Quelle déception! Pourtant, vous renchérissez sur cette logique en affirmant à vos lecteurs et lectrices «que chaque parent doit avoir un profond respect de l’autre sexe» et cela afin de «ne pas empêcher d’aucune façon l’enfant de profiter de ce dont il a besoin pour son développement». À cela, nous ne pouvons nous empêcher de vous rétorquer qu’il est encore plus fondamental pour chaque parent d’avoir un profond respect de son ou sa partenaire et cela, même s’il est du même du sexe, car, à notre humble avis, il est encore plus important que les parents se respectent entre eux plutôt que de se conformer aux rôles sexuels imposés par une société qui n’existe même plus! Est-ce votre nostalgie de cette mentalité disparue qui vous pousse à écrire que «des conditions de vie sont préférables à d’autres»?

Par ailleurs, faut-il vraiment vous rappeler les avancées de la science qui, depuis cette époque révolue, a démontré que d’autres espèces que l’homme adoptent, par exemple, des comportements homosexuels? Nous aimerions bien vous voir essayer de faire comprendre aux dauphins, aux singes, aux lions, aux chats et aux chiens qu’ils «ne respectent pas la vie» en agissant ainsi! Décidément, il vous faut lire autre chose que la Bible! La recherche scientifique a démontré que l’orientation sexuelle serait le fait de marqueurs épigénétiques et de l’influence hormonale lors du développement du fœtus pendant la grossesse. Si votre intention, M. Loranger, est d’inviter vos lecteurs à célébrer leur nature sexuelle en valorisant l’épanouissement et l’amour au sein du couple, votre sacralisation de la relation hétérosexuelle s’affirme malheureusement comme un rejet de la relation homosexuelle pourtant tout aussi naturelle. Ce qui mérite d’être sacralisé, ce n’est pas la conformité à de vieux stéréotypes désuets, mais bien l’amour, sous toutes ses formes. Prétendre qu’un enfant ne peut se développer de manière optimale au sein d’un milieu familial non traditionnel, c’est aussi prétendre qu’une mère monoparentale ne peut élever convenablement son enfant, ce qui est faux, nous le savons à présent. L’enfant, pour s’épanouir, a besoin d’être aimé. Que ce soit par une mère seule, un père monoparental, deux papas, deux mamans, ou par un couple hétérosexuel, l’amour demeure l’amour, et au final, c’est ça qui compte vraiment. Vous devriez peut-être, M. Loranger, consulter les spécialistes sur le sujet avant de lancer des affirmations idéologiques absurdes. Vous constaterez que l’Ordre des psychologues du Québec ainsi que l’Ordre des travailleurs sociaux et thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec, pour ne nommer qu’eux, ne partagent aucunement votre opinion passéiste.

Finalement, nous ne pouvons que déplorer la complicité du Zone Campus qui, en acceptant de publier un article comme le vôtre, a montré qu’il n’y avait aucun capitaine à la barre. Un blanc aurait été préférable.

Pour plus d’information sur les causes naturelles déterminant l’orientation sexuelle, voir :

Rice WR, Friberg U, Gavrilets S. 2012. « Homosexuality as a consequence of epigenetically canalized sexual development ». The Quarterly Review of Biology, Vol. 87: p. 343-368.

Un résumé de cet article se trouve sur le site de la National Institute for Mathematical and Biological Synthesis (NIMBioS).

Bogaert A. F., Skorska M. 2011. « Sexual orientation, fraternal birth order, and the maternal immune hypothesis: a review ». Frontiers in Neuroendocrinology, Vol. 32 : p. 247-254.

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1 commentaire

  1. J’étais content de voir enfin une lettre de réaction à un de mes articles. Cependant, j’ai été bien déçu parce que je ne me sens pas concerné par la lettre d’opinion tellement elle ne répond pas à mon article…

    En effet, quand je dis que chaque parent dois avoir un profond respect pour l’autre sexe, je ne parle pas exclusivement du parent de l’autre sexe en tant que personne, mais bel et bien de l’autre sexe en tant qu’autre sexe. À ce que je sache, toute personne, qu’elle soit hétérosexuelle ou homosexuelle est capable d’un profond respect de l’autre sexe. D’ailleurs, les hommes homosexuels ont très souvent au moins autant de respect pour le sexe féminin que pour le sexe masculin. Pour ce qui est des familles monoparentales, alors il est évident que le parent doit transmettre un profond respect pour les deux sexe à son ou à ses enfants.

    Je ne dis pas non plus que des personnes homosexuelles ou monoparentales ne peuvent pas s’occuper convenablement d’enfant, mais ce n’est tout simplement pas le sujet de mon article. Cependant, je tiens à préciser, que nous sommes tous issus de l’union sexuelle d’un homme et d’une femme et que la moitié de notre sang provient d’un homme et que l’autre moitié provient d’une femme. Bref, l’union des deux sexes complémentaires est le fondement de notre vie à tous, peut-importe notre orientation sexuelle. Si on a du respect pour la vie, on est obligé d’avoir du respect pour ce qui donne la vie.

    Je vous entends déjà parler de mettre de l’amour dans une éprouvette, mais encore là, ce n’est pas l’aspect que je tente de faire ressortir. Peut-importe que l’enfant connaisse ou non ses parents biologiques, il les porte tous les deux dans son sang et sans eux, il ne serait pas en vie. Ce n’est pas désirer un enfant pour combler un vide affectif qui donne la vie, c’est un homme, une femme et le sexe.

    Pour ce qui est de la nature et des animaux, tout le monde se rend compte de façon tout à fait clair que chaque espèce animale a ses rôles sexuels, ce qui est justement le sujet de mon article. Les singes et les lions sont justement des exemples flagrant de rôles sexuels dont personne ne voudrait aujourd’hui, et avec raison.

    Je pense que c’est une bonne initiative de prendre la défense des personnes opprimées, mais de là à prêter des opinions à des gens, à y mêler l’histoire et les animaux, je pense que cela ressemble plus à une chasse au sorcière qu’à de l’humanisme. Bref, on pense défendre en faisant exactement ce dont on accuse les autres de faire…

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