
Dans son récit de voyage explicitement nommé Parcourir L’Altaï mongol, Marie-France Bujold nous plonge dans son aventure mouvementée au pays des nomades. Après son premier ouvrage Sillonner la steppe, publié en 2024 aux éditions Somme Toute, l’écrivaine baroudeuse nous invite à vivre son deuxième voyage en Mongolie. L’autrice a ainsi dévoilé le 30 septembre dernier cet ouvrage immersif dont il est difficile de décrocher, grâce au renouvellement de la confiance de sa maison d’édition.
Une écrivaine aux multiples casquettes
Marie-France Bujold, originaire de Terrebonne, est une grande voyageuse amoureuse de l’Asie. Sa vie s’équilibre entre ses aventures à l’autre bout du monde et à Montréal, la ville où la nomade se (dé)pose entre ses voyages. À côté de ça, elle est aussi journaliste et professeure de littérature au collégial. C’est au cégep qu’elle se découvre une passion pour les lettres, et entreprend donc un baccalauréat en études françaises à l’Université de Montréal. Tout son parcours universitaire sera centré sur sa passion, puisqu’elle complètera une maîtrise en littérature de langue française à McGill, avant d’étudier en journalisme, puis, enfin, en études québécoises.

Cette amoureuse des mots s’est mise à l’écriture au retour de son premier voyage en Mongolie, en 2018. Celle qui n’avait jamais pensé à écrire un livre se retrouve face à une évidence : elle a envie d’écrire. C’est ainsi qu’est né Sillonner la steppe, un récit libérateur et profondément introspectif dans lequel l’autrice se livre, transparente. Elle y raconte sa quête de vie, ses émotions et son évolution à travers un voyage dans lequel elle a trouvé une « résonance particulière, quelque chose qu’elle ne trouvait pas ailleurs » (source : La Revue).
Un récit tout en surprises
Pour cette deuxième aventure dans l’Altaï mongol, Marie-France Bujold n’est pas au bout de ses surprises. Parties avec une amie, elles vont faire face à des imprévus, expérimenter de surprenantes rencontres, mais aussi découvrir des paysages fascinants. Parcourir L’Altaï mongol se révèle être un récit mêlant descriptions des paysages et réflexions intimes de l’autrice. Il s’ancre continuellement dans la relation aux autres : de son amie aux guides (parfois peu guidant) en passant par les autres touristes, et surtout, les nomades mongols rencontrés au fil de l’aventure. Ce récit vient lui (et nous) rappeler que voyager, mais aussi vivre, c’est souvent faire face à l’imprévisible.

L’écrivaine emmène le lecteur parcourir les steppes, les montagnes, les étendues désertes, en se racontant dans cette adaptation constante, nécessaire dans un environnement parfois hostile. Ses propos, qu’elle veille à rendre tangibles, nous font voyager dans le froid, la vastitude, la fatigue, mais aussi dans l’attachement, les moments suspendus, à dos de cheval. Ses descriptions de son voyage deux-en-un – physique et intérieur – forment un récit intense qui incite le lecteur à ralentir, pour regarder au fond de lui-même.
Une plume sensible, mais parfois trop réservée
Bien que les mots de l’aventurière québécoise fascinent par leur poésie et leur sens du détail, il n’en demeure pas moins qu’ils restent parfois en surface. Son récit est jalonné par divers sentiments ressentis, nommés, sans qu’on se rende compte réellement de leur puissance. La joie, la colère, l’émerveillement, la déception : autant d’émotions (trop ?) parfaitement décrites, perdant ainsi de leur spontanéité. Peut-être pourrait-on l’expliquer par son écriture postérieure au voyage.
Cependant, nul doute que cette autrice, sensible au monde, pourrait à l’avenir se laisser davantage aller dans une transmission plus intense. On retiendra qu’elle évoque à plusieurs reprises la difficulté de décrire par des mots ce qu’elle vit : « Et je me dis que voyager procure des moments d’émerveillement qui sont tels qu’aucun mot n’arrive pleinement à les décrire. » (Parcourir L’Altaï mongol, de Marie-France Bujold, p. 102). Cela traduit toute l’humanité, l’humilité et l’authenticité qui caractérise l’autrice.
Marie-France Bujold confirme à travers ce nouveau récit d’aventures ses talents pour conter la vie et son chemin, qu’il soit intérieur ou extérieur. Son regard bienveillant et poétique fait de ce livre une ode au voyage, à la lenteur et à l’ailleurs. En somme, un ouvrage à recommander à celles et ceux qui aiment les récits contemplatifs, sincères et dépaysants, où le voyage devient un miroir de soi plus qu’une fuite vers l’ailleurs.
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