L’inceste est un sujet où les principaux intéressés sont ceux qui veulent le moins en parler. Il est donc très difficile pour les personnes de l’extérieur de comprendre l’inceste.
Un secret de polichinelle
Il faut savoir que personne, dans une famille où l’inceste est présent, n’ignore que l’inceste a lieu. Un parent qui a des relations sexuelles avec un enfant ne peut pas passer inaperçu aux yeux de l’autre parent. Les liens familiaux et sexuels sont trop importants pour être ignorés complètement.
De plus, il est carrément impossible pour un parent d’avoir des relations sexuelles avec ses enfants si l’autre parent fait le nécessaire pour l’en empêcher. Le parent qui donne son accord à l’autre peut le faire par peur des conséquences sociales ou personnelles, mais parfois par intérêt personnel. Il arrive aussi qu’un parent livre littéralement son enfant à l’autre parent, par vengeance, pour avoir la paix, pour épargner un autre enfant préféré, etc.
Le silence comme protection
Les enfants qui n’ont pas de relations sexuelles avec aucun de leurs parents peuvent mettre du temps à réaliser la véritable origine de l’ambiance familiale troublante, surtout s’ils sont nés après la survenue de l’inceste. Ce qui leur rend la chose difficile, c’est que pour s’en rendre compte, ils doivent prendre parti. Soit ils défendent le ou les enfants, soit ils protègent le ou les parents.
De plus, lorsqu’ils s’en rendent compte, ils savent que les deux parents sont complices depuis longtemps. Ils savent aussi que c’est la tâche des parents de protéger les enfants. Il ne faut pas oublier qu’ils ont aussi besoin de leurs parents. Voilà pourquoi il est très difficile pour les enfants de prendre parti contre les parents. En général, ils se croient chanceux que cela ne leur arrive pas à eux et ils se disent en eux-mêmes : «Au moins, ce n’est pas mon tour».
Il est évident que même les frères et sœurs des enfants qui ont des relations sexuelles avec leurs parents portent une lourde part de honte et de culpabilité. Ils se sentent impuissants et, bien souvent, il s’écoule de nombreuses années avant que quelqu’un brise le silence. Voilà pourquoi même les personnes qui n’ont pas eu de relations incestueuses continuent de prendre le parti des parents.
Les parents ne sont pas les seuls à préserver le silence. La peur de l’exclusion sociale, de perdre sa réputation, de changer de rythme de vie, hante continuellement chaque membre de la famille où l’inceste est présent, qu’il soit abusé ou non. Même si, dans notre société, les mœurs veulent que l’on se contente de punir le parent qui a osé avoir des relations sexuelles avec ses enfants, chaque membre connait sa part de responsabilité.
Nous sommes souvent consternés de voir les enfants se couvrir de honte, mais il faut savoir qu’ils cherchent souvent à protéger l’autre parent, car ils savent bien que l’autre parent est complice. Ils risquent de ne plus avoir de parents du tout, ou de se rendre compte que leurs parents ne les considéraient pas.
Le simple fait d’avoir vécu une telle négligence de la part de leurs deux parents est suffisant pour qu’ils en viennent à penser qu’ils n’ont aucune valeur. Ils cherchent souvent désespérément chez leur parent ce qu’ils n’ont jamais reçu. Voilà pourquoi les parents qui ont des relations sexuelles avec leurs enfants sont si bien protégés.
La lutte pour le silence
Même après leur mort, il est fréquent que les membres survivants gardent religieusement le silence. L’inceste peut donc continuer ses ravages à travers l’hypocrisie, le mensonge, la frigidité, les froids, la peur, la honte étouffante, l’anxiété, etc. Chaque personne ayant vécu dans une famille où l’inceste est présent emporte avec elle un héritage de fausseté, de problèmes sexuels, de méfiance et de crainte d’être découverte et jugée.
Tant que le silence n’est pas brisé, les comportements erronés qui découlent inévitablement de l’ambiance de la famille d’origine sont transmis à leurs enfants. Les enfants et le conjoint, à moins d’étudier à fond le phénomène de l’inceste, ne peuvent se douter de la provenance des comportements à peine bizarres du parent provenant d’une famille où l’inceste a été présent. Le parent-victime garde toutes ses craintes, sa honte et sa paranoïa pour lui seul et travaille fort pour que cela passe inaperçu.
Si jamais un des membres de la famille élargie devait découvrir la vérité, il serait très fortement encouragé à protéger l’inceste en adoptant le silence, l’hypocrisie et même le mensonge si nécessaire. Si un membre venait à s’attaquer aux fautifs, puisque chaque personne a sa propre part de responsabilité, et surtout de honte, il devrait affronter toute sa famille. Il est alors exclu du clan, châtiment que les victimes craignent elles-mêmes à cause de la honte. Voilà pourquoi il est si difficile de bien comprendre l’inceste de l’extérieur et qu’il est bien difficile pour un premier membre de briser le silence.
J’espère que cet article vous aidera à pardonner aux victimes de garder le silence et vous encouragera à parler plus ouvertement de l’inceste.