Vous vous souvenez, quand j’ai commencé à suivre pour vous notre formation universitaire de coureur.se.s au début de la session? J’avais mis l’accent sur la courte durée d’une saison en cross-country. Il s’agit d’une courte, mais intense course contre la montre (sans vouloir faire de jeu de mots terne). Viser une progression en quelques semaines pour atteindre le paroxysme de ses aptitudes lors des provinciaux, voilà comment traduisait une saison typique l’entraîneur de la formation, François Trudeau.
C’est ce qu’ils ont fait, nos coureur.se.s. Ils ont travaillé fort toute la saison, mené.e.s de main de maîtres par deux sommités du département des sciences de l’activité physique; Jean Lemoyne et François Trudeau. Ils ont su progresser plus adroitement que les aiguilles d’une horloge. Je crois que simplement pour cette constance qu’ils ont eue, ils méritent tous, du premier au dernier, de la première à la dernière, notre admiration. Levons-leur notre chapeau, notre tuque ou notre couvre-chef. La course à pied tient bien sa classification de discipline. Elle exige de la rigueur, de l’acharnement, du dévouement, des sacrifices et toute une longue liste de qualités dont je ne commencerai pas à faire l’apologie ici, sous peine qu’on s’y perde.
Rappelons-nous, ces fameux Provinciaux avaient lieu le 26 octobre dernier sur les Plaines d’Abraham. J’avais eu un plaisir fou à relater les exploits de nos Patriotes à ce moment-là. Cette journée avait atteint quelques degrés au-dessus de la barre de zéro en termes de température. Elle avait aussi atteint un niveau beaucoup plus élevé de degrés sur l’échelle des émotions. Lisanne Guérin avait fait éclater les standards alors que d’autres avaient éclaté en sanglots. Plusieurs vertes recrues étaient sorties rouge d’effort pour une première fois dans ce championnat. Des vétérans avaient vu leur carrière prendre fin. Eh oui, il s’en est passé des choses sur les Plaines. Si l’on s’entend pour dire que cette compétition dans le vieux Québec s’avère être la conclusion de la saison de cross-country, cela signifie que tout ce qui se passe après, au fond, est une sorte de cerise sur le gâteau, un privilège.
Où m’en vais-je avec cela? À Kingston… Parce que c’est à Kingston qu’avait lieu les fameux et prestigieux Championnats canadiens de cross-country, l’après, le dessert des coureur.se.s. Pour y avoir droit, il fallait avoir, le 26 octobre dernier, performé de façon exceptionnelle.
Mine de rien, ils étaient 7. 7 Patriotes à prendre le départ à Kingston avec les meilleur.e.s coureur.e.s du pays. 3 hommes et 4 femmes; belle mixité encourageante. Après avoir fait quelques détours comme l’exigent souvent les parcours en cross-country, plongeons-nous dans le vif du sujet; les Championnats canadiens.
Des résultats dignes de mention, quand même…
Vous savez, je n’ai même pas envie de m’attarder sur les résultats. Je vais y aller avec tout ce qu’il y a autour. Rien n’empêche que je veuille qu’on félicite nos sept vaillants Patriotes qui ont su fièrement nous représenter chez nos voisins ontariens.
Je prends donc quelques secondes et quelques lignes pour féliciter en bonne et due forme :
(F) Lisanne Guérin (qui a terminée 41ième au total samedi)
(F) Christine Perreault (99ième au total)
(F) Kesya Longval (104ième au total)
(F) Lauriane Benoit (130ième au total)
(H) Nicolas Gilbert (76ième au total)
(H) Jérémy Courschene (93ième au total)
(H) Félix Plourde-Couture (140ième au total)
Encore une fois, BRAVO!
Maintenant, laissez-moi vous expliquer pourquoi je ne mets pas plus d’accent que cela sur les résultats…
Quand la candeur d’une recrue croise la sagesse d’un vétéran
Samedi matin, quelques heures avant le départ de la course, je vois passer sur Facebook un message touchant du vétéran Nicolas Gilbert qui annonce que, quelques heures plus tard, il prendra, à Kingston, le départ de sa toute dernière compétition universitaire, lui qui en était à sa cinquième et ultime saison de compétition. Il profite de sa tribune sur le réseau social pour remercier ses coéquipier.s., ses entraîneurs et plusieurs autres personnes qui l’ont soutenu dans les hauts et les bas de sa carrière de coureur. Je m’arrête sur un mot de son statut : « Humilité ». Je le trouve fort, puissant et intense (Nicolas aussi, mais je parle du mot, là). Je regarde les commentaires, Jérémy Courchesne ne mâche pas ses mots et écrit que « ce sera un honneur de partager cette dernière course avec toi (Nicolas)»… Ça en reste là. Je quitte Facebook, impatient d’avoir les résultats en fin d’après-midi.
Les heures passent, je laisse la faible neige et la grosse poussière retomber. Il y a de ces journées émotives qui, même si vous ne faites rien, vous sont énergivores. Imaginez si en plus, vous veniez de courir une dizaine de kilomètres dans une province autre que la vôtre. Respect à tou.te.s encore une fois. Je décide donc par prendre des nouvelles de Jérémy Courschene en premier, je lui demande ce qu’il a pensé de sa performance et de son expérience unique en tant que recrue. Sa réponse ne me laisse pas indifférent :
« Le meilleur reste à venir et c’est, comme dirait Nicolas Gilbert, une course qui demande beaucoup d’humilité »… (Encore ce mot!) Le fait qu’il cite son vétéran compatriote montre aussi à quel point Gilbert était estimé au sein du groupe. Je lui demande de préciser sa réponse :
«Que veux-tu dire par une course qui demande beaucoup d’humilité?»
À Jérémy de répondre : « Je veux dire qu’il faut voir cette course-là comme une réussite, un privilège. Il faut savourer le moment et se dire que nous courons avec les meilleurs. Il ne faut pas voir ça comme un nouveau défi. Il faut être capable de se dire que nous avons accompli quelque chose par le simple fait d’avoir aligné les kilomètres à Kingston aujourd’hui».
Pour rester dans la thématique des desserts, de la cerise et du gâteau, j’en déduis que Jérémy et les autres peuvent être fier.e.s d’avoir couru avec la crème du cross-country canadien.
Encore une fois, facile de dénoter l’impact qu’aura eu Nicolas Gilbert le vétéran sur la carrière de la recrue Jérémy Courschene (et, bien entendu, sur tous ses autres coéquipiers, d’une manière ou d’une autre). Ce dernier n’aura pas à chercher trop loin le modèle qu’il devra suivre s’il veut viser l’excellence lors des quatre prochaines saisons. Il l’aura côtoyé durant toute une saison, l’excellence.
Parce que, tenons-le-nous pour dit. Trêve d’humilité à partir de maintenant, soyons francs. L’excellence a maintenant un nom : Gilbert. Elle a même un prénom : Nicolas. Je termine ici en lui souhaitant la meilleure des chances pour la suite.