Petite bulle d’histoire: Le moulin de la commune

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Portrait par Camille Limoge
Crédit: Camille Limoge

Vous êtes-vous déjà demandé ce qu’est la tour de pierre à l’entrée de l’UQTR? Bâti entre 1697 et 1704, le moulin de la commune est l’un des plus vieux moulins à farine trifluviens. Témoin d’une époque révolue, c’est l’un des 18 moulins à vent toujours existants sur le territoire du Québec.

Dès le premier siècle de la colonie, on retrouve sur le territoire de la Nouvelle-France quelques 44 moulins à vent et à eaux banaux. À cette époque, il est du devoir du seigneur de fournir un moulin, essentiel à la subsistance du peuple.[1]

Puisque la construction d’un moulin est particulièrement onéreuse, le seigneur exige des habitants d’y moudre leur grain, moyennant paiement. Cette entente était fixée par un pacte de concession du seigneur à son censitaire et régulée par le Conseil Souverain de la Nouvelle-France. Si le seigneur néglige l’entretien du bâtiment, il est mis à l’amende. Dans des cas extrêmes, il est même arrivé que des censitaires obtiennent la permission de faire leur mouture à d’autres moulins.

Un moulin pour Trois-Rivières

Carte postale du moulin de la commune en 1906. Crédit : Répertoire du patrimoine culturel du Québec.
Carte postale du moulin de la commune en 1906. Crédit : Répertoire du patrimoine culturel du Québec.

Dès 1650, la ville de Trois-Rivières se munit d’un moulin à vent pour faciliter la production de farine. Essentielle dans la fabrication du pain, des pâtes et de nombreux mets, la farine est indispensable pour la subsistance de nombreux peuples, incluant les Trifluviens.

À la fin du XVIIe siècle, un second moulin est bâti sur le terrain de la commune. Malheureusement, ce dernier fut ravagé par les flammes en 1781. Quelques années plus tard, Nathaniel Day fait l’acquisition des restes du moulin incendié qu’il utilise pour en construire un nouveau près du fleuve. Ce dernier cesse ses activités en 1854.

De nos jours, le moulin de la commune, parfois nommé le moulin à vent Day, est une tour cylindrique en pierres, pourvue d’un toit conique. Privé de ses ailes et de tous ses mécanismes internes, ce moulin n’en est pas moins, du haut de ses quatre étages, le plus élevé des moulins à vent conservés au Québec. Ce record contribue à son importance pour l’histoire du patrimoine bâti du Québec.  

Tentative de restauration et de déménagement

Devenu propriété de la ville en 1906, le moulin est restauré en 1934, à l’occasion du 300e anniversaire de Trois-Rivières. La tour reçoit des ailes et un toit neuf. Malheureusement mal entretenu, son état se détériore rapidement.

Depuis 1961, le moulin Day est inscrit comme bien culturel.[2] Devant l’importance du bâtiment, la ville accepte, en 1974, de le relocaliser sur le campus de l’UQTR. Celle-ci en devient propriétaire en 1976.

Lors du déménagement, l’UQTR voulait, sur ses terrains, créer un musée d’arts et de traditions populaires, incluant le moulin, les bâtiments de la collection Séguin et un festival. 

De ces projets, il ne reste que le moulin sur le terrain de l’UQTR. Le musée, les bâtiments Séguin et le festival (le Festi-Voix) se situent plutôt au centre-ville.

Projets de restauration

M. Bellemare (2009) repéré sur patrimoineduquébec.com
Crédit: M. Bellemare (2009) repéré sur patrimoineduquébec.com

Depuis 2014, deux projets de restauration pour le Moulin à vent de Trois-Rivières sont étudiés.

Dans la première option, l’UQTR propose de rénover le bâtiment et de l’intégrer dans un concept plus élargi. Ce projet pourrait inclure des panneaux d’interprétation, une nouvelle vergue à l’avant du bâtiment et, possiblement, l’aménagement d’une salle d’exposition à l’intérieur de la tour.[3]  

En 2014, l’UQTR envisageait d’inaugurer ce projet en deux ans. Ce délai étant depuis longtemps dépassé, elle envisage aujourd’hui de n’en restaurer que l’enveloppe extérieure et d’ajouter quelques panneaux d’interprétation.

En seconde option, elle propose le rachat du moulin par la ville de Trois-Rivières. Celle-ci ferait alors l’acquisition d’un terrain au centre-ville pour y déménager le moulin. Dès lors, la ville souhaiterait aménager un parc historique mettant en valeur le bâtiment entièrement revalorisé. Son enveloppe extérieure serait restaurée, ses mécanismes internes reconstitués et des activités d’interprétation du patrimoine molinogique y seraient organisés.

Malheureusement, le sort du moulin de la commune est toujours sujet à débat.


[1] Gilles Boileau, « Les premiers moulins en Nouvelle France », Histoire Québec, Vol. 2, Num. 2, 2 janvier 1997, consulté le 9 décembre 2022 [En ligne].

[2] Répertoire du patrimoine culturel du Québec, « Moulin à vent de Trois-Rivières », Consulté le 9 décembre 2022 [En ligne].

[3] Olivier Gamelin, « Le moulin de la Commune sera restauré », Le Nouvelliste, 15 juillet 2014, Consulté le 9 décembre 2022 [En ligne].


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