Que vous soyez un.e sportif.ve récréatif.ve ou un.e athlète assoiffé.e de compétition, j’imagine qu’au départ ce qui vous a poussé à pratiquer des sports est tout simplement le plaisir. Avant que le goût de gagner et la soif de performance viennent se mettre de la partie, ce qui fait en sorte que nous aimons un sport est généralement relié aux émotions positives que nous ressentons en pratiquant cette activité.
Avez-vous visionné cette vidéo mettant en vedette l’agressivité d’un entraineur d’une équipe de hockey novice qui sermonne intensément un joueur (qui est son fils) à son retour au banc? Pour votre information, au niveau novice, les joueurs.ses sont âgés.es de sept ou huit ans seulement.
À cet âge, ils et elles devraient pratiquer des sports pour le plaisir. Pour ces jeunes, aller à l’aréna pour jouer (à lire en mettant l’accent sur ce dernier mot) au hockey doit être excitant et amusant. Ils et elles jouent avec leurs amis.es et ce n’est pas tant la notion de victoire et défaite qui importe, mais plutôt le simple plaisir de pratiquer un sport.
Pour ces jeunes, aller à l’aréna pour jouer (à lire en mettant l’accent sur ce dernier mot) au hockey doit être excitant et amusant.
Pourtant, ces histoires de parents agressifs et exigeants (envers leurs enfants, mais aussi avec les arbitres ou les entraineurs.ses) se produisent trop souvent.
Lorsqu’on consulte le plan de développement à long terme des joueurs de Hockey Canada, on peut observer qu’au niveau novice, les jeunes sont rendus à une étape qui se nomme « jouer pour s’amuser ». Au niveau atome, les enfants doivent « apprendre à jouer » et ce n’est que vers 10-12 ans qu’ils peuvent « apprendre à s’entrainer ». Ceci dit, laissons-leur le temps d’être des enfants avant de rêver au potentiel qu’ils pourraient développer. Même s’il y a un potentiel de carrière sportive, une motivation externe comme celle de satisfaire ses parents n’est jamais recommandée pour un bon développement.
Il faudrait le rappeler à certains entraineurs.ses et certains parents. Nous devrions remémorer à ces gens que critiquer leurs enfants ne les rendra pas meilleurs. Croyez-vous que les plus talentueux.ses joueurs.ses de hockey comme Sidney Crosby et Marie-Philip Poulin sont devenus.es aussi bons en se faisant crier dessus lorsqu’ils commettaient des erreurs ? C’est évident que non. Ces athlètes démontrent encore, saison après saison, qu’ils aiment profondément leur sport et qu’ils ont du plaisir à le pratiquer.
Il faudrait remémorer à ces parents que de critiquer leurs enfants ne les rendra pas meilleurs.
Quelques recherches nous démontrent que les parents peuvent avoir une assez grande influence dans la façon dont leurs enfants vont pratiquer leur sport. Par exemple, lorsque les parents accordent beaucoup d’importance au résultat, les enfants risquent de subir davantage de pression face à leur performance. Il est préférable d’axer le discours sur l’amélioration des compétences plutôt que le résultat. Si tu t’améliores et que tu travailles fort, les victoires viendront d’elles-mêmes et même si elles ne viennent pas, tu auras la satisfaction d’avoir donné ton 110%.
Le discours interne
Il y a une étude assez intéressante qui a été réalisée, au Québec, par Véronique Boudreault. Dans le cadre de sa thèse, elle s’est intéressée au lien entre le discours interne automatique (le discours que nous avons tous dans notre tête) de joueurs de tennis et celui de leur parent. Bien qu’il s’agisse d’une recherche avec seulement deux cas et qu’on ne puisse pas généraliser, il est assez frappant d’observer les ressemblances entre le discours interne des enfants et leur parent.
Ils ne doivent pas oublier que leur rôle est de soutenir l’enfant, de l’accompagner et qu’il est toujours préférable de commenter les réussites plutôt que de critiquer.
Cas #1
Le premier cas est celui d’Anna et de son père. Cette jeune joueuse de tennis présente le profil d’une personne anxieuse, sensible au jugement et perfectionniste tandis que son père est exigeant, perfectionniste et entêté. On peut observer le lien entre les pensées du paternel et le discours interne de la jeune Anna. Le père a tendance à être assez exigeant envers sa fille « tu ne peux pas gagner ton match si tu ne gagnes pas tes services ». De son côté, la jeune joueuse démontre une peur marquée du jugement des autres et une certaine sévérité envers elle « si je perds, tout le monde va me trouver poche ». De plus, l’auteure de cette recherche pose une question très intéressante : est-ce que le discours interne de la jeune Anna serait influencé par son désir de faire plaisir à son père et de répondre aux attentes de celui-ci ? Selon moi, c’est tout à fait possible. Aussi, on remarque que les deux ont un discours interne axé sur le résultat du match. Anna a-t-elle développé ce discours à force d’être en contact avec celui de son père ? On ne peut pas le savoir, mais ce serait plausible.
Cas #2
Le deuxième cas est celui de Tom et sa mère. Cette dernière démontre qu’elle se préoccupe d’abord du bien-être de son garçon par l’entremise de son discours interne, lors d’une partie de son fils « je ne suis pas responsable de son jeu » et « reste calme Tom ». De son côté, le discours de Tom est davantage axé sur son niveau de concentration « reste concentré, reste dans ta bulle ». Ce deuxième duo met de l’avant un discours interne qui est davantage axé sur l’autorégulation plutôt que sur le résultat. Une étude indique justement que les enfants peuvent apprendre à gérer leurs émotions en observant la façon dont leurs parents le font.
Si les enfants peuvent développer un discours interne semblable à celui de leurs parents, qu’en est-il de l’impact des gestes tel que celui de ce coach novice de Sept-Îles sur les comportements futurs de l’enfant?
J’espère sincèrement que des histoires comme celle de cet entraineur de Sept-Îles arriveront de moins en moins, car pratiquer un sport devrait être, avant tout, un plaisir pour les enfants. Les parents peuvent avoir un impact incroyable sur le développement du potentiel de leurs enfants. Pour ce faire, ils ne doivent pas oublier que leur rôle est de soutenir l’enfant, de l’accompagner et qu’il est toujours préférable de commenter les réussites plutôt que de les critiquer.