
En partenariat avec le Festival International de Poésie de Trois-Rivières, l’Atelier Silex a accueilli en grande pompe la 10e édition de Cossins poétiques et Patentes à gosses. Animé par Rémi Francoeur, l’événement se déroulait sous forme d’un 5 à 7 dans l’Espace 0…3/4, l’espace galerie en haut de l’atelier, qui a vu défiler le gratin des arts visuels de Trois-Rivières.
Ce sont douze sculpteurs, dont Roger Gaudreau, Henri Morissette, France Pagé et Carolane Lambert, ainsi que cinq poètes, dont Jean Portante, Stéphane Despatie et Sébastien Dulude, qui se sont lancés une fois de plus un défi de taille. La rencontre avec le public est aussi au cœur de cette rencontre annuelle. Les artistes exposent cinq de leurs pièces et les personnes présentes peuvent s’en procurer une à un prix modique. Sous forme de tirage au sort, chacun des acheteurs est invité à faire son choix. Bien que cela semble anodin, tout ne s’arrête pas là. Le nouvel acquérant se dirige dans un petit salon convivial où attendent les cinq poètes, qui devront créer une bonne douzaine de poèmes en deux heures.
L’aventure artistique se poursuit alors que, œuvre originale en main, l’heureux propriétaire arrête son choix sur un poète qui fera preuve d’inventivité afin de lui concocter quelques vers. Cet échange et cette intimité sont des privilèges pour le public. «C’est la sculpture qui m’inspire et je m’inspire aussi de la personne et j’essaie de personnaliser le texte le plus possible. C’est un texte qui peut signifier beaucoup pour la personne, mais que si on regarde ça de l’extérieur ça perd un peu de son aura», souligne Monique Juteau, visiblement fébrile.
C’était aussi de rentrer en contact avec le grand public en les invitant dans nos quartiers. Avec les années, ça a grossi et ça c’est officialisé», raconte Guylaine Champoux.
Il y a dix ans, un certain mois d’août, autour d’une table amicale où s’accoudaient Guylaine Champoux, Laurent Bélanger, Jean-Marie Gagnon, Serge Mongrain, Louis Jacob et Monique Juteau, les premières ébauches de l’événement se traçaient. «On voulait faire quelque chose off Festival de Poésie avec des poètes locaux, mais pas nécessairement invités au festival. On avait des collègues et amis poètes qui gravitaient autour de l’atelier. C’était aussi de rentrer en contact avec le grand public en les invitant dans nos quartiers. Avec les années, ça a grossi et ça c’est officialisé», raconte Guylaine Champoux.

Pour sa première participation, l’auteur Patrick Boulanger se sentait intrigué par la proposition de création. «Ça bien été, j’étais content de pouvoir discuter avec la dame, il y a quelque mots qu’elle m’a dit qui m’ont allumé. Ça sort de la zone de confort, c’est assez loin de la démarche d’écriture habituelle où on est seul avec notre affaire et que si ça ne marche pas, ce n’est pas grave, personne ne l’a vu. J’adore écrire en m’inspirant d’œuvres d’art, j’ai déjà participé à des livres d’artistes, mais là c’est plus qu’un dialogue, c’est une conversation à trois», confie-t-il immédiatement après son premier texte.
Les cinq poètes devront créer une bonne douzaine de poèmes en deux heures.
Parmi les sculpteurs se trouvait Pascal Lareau, qui participe depuis quelques années à cet événement et qui expose en même temps au Musée des Ursulines dans le cadre du Festival International de Poésie. Jusqu’au 19 octobre, il présente une série de tableaux et une installation sculpturale portant comme titre Les glissements herméneutiques. «C’est comment on utilise le langage en poésie que j’ai transféré dans mes œuvres visuelles, le glissement de sens, l’utilisation du langage de façon symbolique, des glissements qu’on fait dans l’esprit. Je veux mettre en relation l’objet que j’ai fabriqué, qui demande beaucoup de technique et l’autre que j’ai trouvé qui n’en demande pas, et voir ce que ça me fait quand je les mets ensemble», explique l’artiste très heureux de se prêter au jeu de la soirée.