
C’est lors de l’entrée en vigueur de la Loi sur les sages-femmes, adoptée le 19 juin 1999, que la profession a été légalisée. Les résultats probants des projets pilotes menés entre 1994 et 1999 ont ainsi conduit le conseil d’évaluation à recommander la reconnaissance de la pratique sage-femme. Dès lors, le ministère de l’Éducation du Québec lançait aux universités québécoises un appel d’offres pour l’implantation d’un programme de formation des sages-femmes, que l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) a obtenu.
À l’époque, le programme de l’UQTR avait été retenu, car il «respectait davantage le libre choix des femmes quant aux lieux d’accouchement, faisait une large place aux sages-femmes dans la formation des étudiantes, répondait à la volonté du gouvernement d’instaurer une pratique sage-femme visant une plus grande humanisation des soins et une profession moins médicalisée, et favorisait une dispersion des bachelières en pratique sage-femme sur l’ensemble du territoire québécois», selon le comité de sélection.
Une formation unique au Québec
Le baccalauréat en pratique sage-femme, ainsi ouvert à l’automne 1999, a vu sortir ses premiers diplômés en 2003. Il s’agit d’un «programme contingenté dans lequel nous acceptons un maximum de 24 étudiants. Mais généralement, l’effectif tourne entre 15 et 20 élèves, car la pratique sage-femme étant relativement récente au Québec, nous n’avons pas les sages-femmes préceptrices nécessaires pour accueillir nos étudiantes en stage. Nous sommes donc obligés de restreindre le nombre d’admissions chaque année pour s’assurer que lors des quatre années de la formation, nos étudiantes pourront faire leurs stages dans des conditions optimales. Il faut savoir que le programme requiert 2 352 heures de stage», explique Lucie Hamelin, directrice du programme.
La possibilité d’un stage à l’étranger
Il peut se réaliser à partir du troisième stage, à l’hiver ou à l’été, et dure un minimum de trois mois. Le but est que «l’étudiante puisse s’intégrer au mieux à la culture sociale et professionnelle du pays», affirme Mme Hamelin. «Les stages à l’étranger ont débuté en 2002, et depuis 2011, nous disposons d’une banque de stages», explique Pascale Dupuis, coordonnatrice de stage pour le programme.
«Nous sommes donc obligés de restreindre le nombre d’admissions chaque année pour s’assurer que lors des quatre années de la formation, nos étudiantes pourront faire leurs stages dans des conditions optimales.»
Auparavant, les étudiantes avaient la charge de trouver leur stage. Or, depuis trois ans, il a été décidé d’ouvrir une banque de stages pour «améliorer la qualité de ceux-ci, assurer un meilleur suivi et encadrer aux mieux nos étudiantes. Nous avons donc aujourd’hui une dizaine de milieux de stage avec qui nous avons consolidé l’entente, car ils connaissent nos objectifs, nos attentes, etc.», ajoute la directrice du programme. Au total, ce sont 40 milieux de stage différents qui ont été fréquentés par les étudiantes depuis 2002.
Une offre alléchante, en plein essor
Actuellement, les partenariats établis à l’international concernent l’Afrique de l’Ouest (Mali et Sénégal), l’Europe (France, Belgique, Angleterre), la Polynésie française (Tahiti et Moorea), la Guadeloupe et l’Alaska. Des perspectives de nouveaux partenariats avec Haïti et l’Amérique du Sud sont également en marche. «Nous voulons consolider certains milieux, car il y a toujours la question de la langue, l’importance du nombre d’accouchements pour que nos sages-femmes puissent répondre aux objectifs d’apprentissage, etc. Il y a donc des choses à valider en Amérique du Sud, comme en Europe, car nous venons d’être approchés par une autre université en Belgique», détaille Lucie Hamelin.
«Depuis 2002, 35% des étudiantes sages-femmes sont parties effectuer un stage à l’étranger, ce qui fait du programme l’un des meilleurs élèves de l’UQTR concernant la mobilité étudiante.»
La mobilité remporte un franc succès
«Depuis 2002, 35% des étudiantes sages-femmes sont parties effectuer un stage à l’étranger, ce qui fait du programme l’un des meilleurs élèves de l’UQTR concernant la mobilité étudiante. D’une année à l’autre, les chiffres varient, mais l’intérêt est bien là», indique Madame Dupuis. «Après, il s’agit souvent d’une question d’organisation, car nos étudiantes sont, pour la plupart, des adultes. Cette année, sur 19 élèves, dix ont des enfants. Partir représente donc une grande organisation familiale à gérer pour elles», détaille Lucie Hamelin.
Destination la plus prisée? «L’Afrique de l’Ouest, mais il faut tenir compte du fait que le Mali peut accueillir jusqu’à quatre étudiantes en même temps, et le Sénégal, six. La capacité d’accueil entre donc en jeu. Outre cela, l’Afrique de l’Ouest et la Polynésie française ont beaucoup d’attrait pour nos étudiantes, car le stage permet de combiner voyage, exotisme, dépaysement, voire même humanitaire. Ajoutez à cela qu’il y a eu des années où nos étudiantes bénéficiaient de bourses spécifiques pour se rendre en Afrique, ce qui a constitué un grand facteur de motivation», précise Pascale Dupuis.