Dans le cadre du séminaire « la question du genre, identité, féminisme, post-colonialisme » donné à plusieurs étudiant.e.s à la maîtrise en arts visuels, un atelier de présentation de textes et discussions était organisé. Marie-Andrée Séguin, William Baran-Mony et Blanche Plumard de Rieux, tous trois étudiant.es, présentaient tour à tour des textes touchant au genre en des termes très différents, puis ouvraient la discussion à partir des points soulevés de leur lecture. Mélissa Thériault, la professeure qui donne ce cours et qui est à l’initiative de cet atelier ouvert au public, a su animer les discussions et créer une atmosphère décontractée malgré le sérieux des sujets abordés.
Des textes éclectiques
Le premier texte, présenté par Marie-Andrée Séguin, Cartographie des marges de Kimberley Crenshaw, est l’un des premiers a utiliser le terme d’«intersectionnalité». Il met en lumière l’intersection de l’oppression des femmes et des personnes non-blanches et comment ce phénomène multiplie les problématiques, en faisant une expérience non répertoriée. En ce sens que les luttes féministes sont à l’image des femmes blanches et les luttes anti-racistes à celle des hommes racisés.
Le second texte, du docteur en philosophie José Médina On refusing to Believe : Insensivity and Self-Ignorance aborde les thèmes de l’insensibilité et de l’ignorance. William Baran-Mony qui présentait ce texte a su nous faire comprendre la complexités des concepts décrits, notamment ceux d’« ignorance active » et d’« ignorance passive » : l’un étant factuel, l’autre l’expression d’un excès de confiance en soi qui se manifeste par un refus de reconnaître une réalité différente de la sienne. Finalement le texte proposait des façon de lutter contre l’imperméabilité des croyances individuelles et systémiques, en « redirige[ant] la volonté de ne pas croire » autrement dit en adoptant une position « auto-critique » plutôt qu’« auto-défensive ».
Finalement, le dernier texte Pour un féminisme décolonial de la philosophe et écrivaine Françoise Verges, traitait de l’intersection des enjeux féministes et décoloniaux. Il propose une vision radicale impliquant la fin du capitalisme afin de libérer tout vivant des chaînes de l’oppression. Le texte dialoguait avec celui de Crenshaw, et particulièrement autour de la notion de féminisme blanc. En effet Blanche Plumard de Rieux, par sa présentation éclairée, a su nous faire distinguer « féminisme civilisationnel » dit aussi «f éminisme blanc » et « féminisme décolonialiste ». Le premier, héritage des luttes féministes portées en majorité par des femmes blanches, cherche avant tout à donner aux femmes blanches l’égalité avec l’homme blanc, tandis que le deuxième, animé par une conscience globale « multidimensionnelle » et une compréhension de l’intersectionnalité, invite à la destruction de tout système d’oppression.
Un événement intégré dans RéQEF
Le Réseau Québécois en études féministe permet la mise en lien de chercheur.es, étudiant.es, chargé.es de cours, et professeur.es de toutes disciplines et professionnel.les, (notamment employé.es de bibliothèque) et offre la possibilité de regrouper leurs travaux, informations et de de se réunir autour de diverses initiatives. Ces liens ont été renforcées par de nombreuses rencontres, souligne Mélissa Thériault, et ont permis « de développer des projets communs, dont la mise sur pied d’une « antenne » UQTR (qu’on appelle aussi « le laboratoire ») ». C’est dans ce contexte que l’atelier de jeudi a pu exister, et mettre en lumière à des yeux intéressés, mais plus ou moins aguerris en la matière, des classiques de la littérature féministe, queer, post-coloniale et susciter des réflexions, des idées, des interrogations grâce à leur interprétation par les étudiant.es.
C’était la première fois qu’un tel atelier avait lieu à l’UQTR, mais il pourrait y en avoir d’autres, et on ne peut que l’espérer !