Ma copine et moi avons décidé de passer la semaine de relâche en Floride. Nous en avons assez du froid. Nous manquons de vitamines. La neige nous répugne. Nous nous ennuyons de ces longues soirées chaudes. Évadons-nous! Nous y allons en avion ou en voiture? Trois heures de route en avion. Trente heures en voiture. Il y a 2 700 km jusqu’à Pompano Beach, en Floride. Allons-y en voiture. Que l’aventure commence!
Notre véhicule est une Mini Cooper 2010. Moteur 4 cylindres de 1,6 litre. Puissance de 118 chevaux à 6000 tr/min. Couple de 114 lb-pi à 4250 tr/min. Bonjour la vigueur. En accélération, 0 à 100 km/h en 9,1 secondes. Vitesse maximale de 203 km/h. Réservoir à essence de 50 litres. Consommation de 7,1 litres/100 km.
Volume du coffre de 160 litres. Capacité de chargement totale de 680 litres. Nous avons utilisé chaque centimètre d’espace disponible. (Par exemple, le volume d’un sac de hockey moyen est de 110 litres. Un Dodge Grand Caravan a une capacité de chargement totale de 4 072 litres.)
Je regarde la voiture pleine à craquer. Je me tiens devant elle, le torse bombé. Comme s’il s’agissait d’un animal sauvage. Le vent est insistant et tente d’envahir ma colonne vertébrale. Il est 18h30, le soleil commence à s’éteindre. À ce temps-ci de l’année, il ne sert qu’à éclairer. Il nous réchauffera plus loin.
Je m’assois dans la voiture. Réalise que les sièges sont vraiment fermes. Propriété que j’apprécie lorsque je vais chercher du lait au dépanneur. Pas durant une trentaine d’heures. Je regarde ma copine. Elle me sourit. Elle est belle. Le soleil se couche derrière elle. La voiture est chaude. Je passe la première vitesse et nous décollons.
Nous passons par Montréal. À cette heure, le trafic est absent. Pont et tunnel, puis vers le sud. Toujours vers le sud! Nous profitons de nos derniers instants de téléphonie mobile et d’Internet 3G avant les lignes. Une fois arrivé aux États-Unis, à moins d’avoir un forfait que je ne connais pas, les prix sont astrofaramineux. Chaque giga-octet de donnée Internet, chaque seconde de téléphonie et chaque mot de texto nous rapprochent de la vente de nos organes sur le marché noir pour payer une facture de téléphone exagérément élevée.
Tandis que nous approchons des lignes, le vent se lève. La neige commence à danser devant nous. Les voitures ralentissent. Nous sommes rapidement au milieu d’un tango de vents intenses et de poudreuse virevoltante. Je ne vois plus devant. Je ne vois plus la route, ni les autres voitures. Je ne vois que mes lumières, éclairant de la neige horizontale. Nous craignons de ne pas voir la Floride. Il y a toujours cette crainte d’être retardés par une sortie de route. Ou pire, de devoir annuler le voyage à cause d’un accident. Comme si Dame Nature n’acceptait pas notre départ et essayait de nous retenir. Notre détermination est cependant plus grande.
Nous poursuivons notre route, doucement. Plus on avance, plus ça se calme. Nous apercevons de la lumière au loin. Le vent diminue, l’asphalte réapparait. Nous sommes arrivés aux douanes.
Questions habituelles par le douanier qui est sympathique. On a l’habitude des moustachus marabouts. Celui-ci nous pose trois questions. Nous y répondons clairement. Il nous laisse passer sans hésitation. Welcome to the United States. Il ne nous a pas fouillés! Je le savais que c’était le voyage idéal pour importer de la drogue, des armes ou pire, des légumes de mon jardin!
Bizarrement, il n’y a pas de neige après le poste de douane. Pas de vent ni de tempête. Magnifique! Les kilomètres s’ensuivent. La limite de vitesse est fixée à 65 mph. Ce qui veut dire 105 km/h. Je me permets de rouler à 80 mph, donc à 128 km/h. Le bonheur total. Le trajet se fait rapidement. C’est à se demander pourquoi on doit encore rouler à 118 km/h au Québec…
Nous roulons dans la nuit en observant le thermomètre extérieur. Il affichait -15 à notre départ. Il frôle maintenant le -12 degrés. Ce n’est pas encore suffisant! Il faut des heures et des centaines de kilomètres pour gagner un seul degré. La nuit achève.
La suite dans deux semaines…