Les étudiants en psychologie semblent peu nombreux alors qu‘il s’agit de 180 et 200 étudiants inscrits respectivement au baccalauréat et au certificat. La direction de premier cycle ne semble pas prendre en compte que la capacité d’accueil au doctorat se limite à environ 35 places, un objectif pourtant commun chez ces étudiants. En effet, pour faire partie de l’ordre des psychologues du Québec, il est exigé d’avoir un doctorat. Les étudiants en psychologie, eux, sont bien au courant de cette problématique, ce qui se traduit par une ambiance malsaine de rivalité et une charge de travail qu’ils qualifient d’énorme. Finalement, ceux-ci doivent également faire face à plusieurs autres embûches. Ce reportage a pour but de témoigner – et faire témoigner – des difficultés présentes lors des études de psychologie à l’UQTR : un domaine d’études pour le moins pénible et anxiogène, créant ainsi cela même si ces professionnels en devenir aspirent à éradiquer.
Le baccalauréat
Peut-être que plusieurs d’entre vous ont croisé le chemin des étudiants en psychologie. Souvent, ceux-ci se font discrets dans les activités étudiantes. En effet, beaucoup d’entre eux expliquent qu’ils n’ont simplement pas le temps de s’impliquer activement ou simplement prendre part aux activités organisées.
« J’aimerais ça, moi, me faire des amis ! [rires] J’aimerais beaucoup pouvoir faire les activités que les associations et l’AGE organisent, mais je n’ai pas le temps. Je dois travailler, faire du bénévolat, étudier, étudier et étudier !»
– Sarah, étudiante en deuxième année au baccalauréat en psychologie
Les étudiants en psychologie semblent être peu nombreux, mais ce n’est qu’une mauvaise perception. En effet, ils sont entre 180 et 200 dans le baccalauréat et le certificat. La salle de classe, ou plutôt les amphithéâtres, comme l’Altrium, la salle Ludger-Duvernay ou encore le local 1050 au pavillon Michel-Sarrazin, sont souvent remplis de gens. Ceux-ci ne sont jamais à court de places par contre.
Ambiance difficile
Les étudiants en psychologie sont très conscients que leur parcours sera laborieux, surtout s’ils envisagent de faire une demande au doctorat. Les places étant très restreintes, une ambiance de compétition s’installe dès le premier jour.
« Je sais que si je manque un cours, je vais avoir de la difficulté à trouver une personne assez gentille pour me donner ses notes »
– Camille, étudiante au certificat en psychologie
Cette atmosphère de rivalité entraine une pression de performance chez les étudiants. Plusieurs d’entre eux affirment faire énormément d’anxiété. D’autres disent qu’ils ont de la difficulté à manger, le stress les faisant perdre l’appétit. Enfin, des étudiants rapportent également avoir des problèmes de sommeil.
Parmi les étudiants qui se sont entretenus avec le Zone Campus, la majorité dénoncent que plusieurs cours de psychologie (au moins trois) ont seulement deux examens de 50% dans la session. Le point 2.11 de la section 4 du règlement des études de premier cycle stipule que « dans un cours de 3 crédits ou plus, aucun des éléments (entrevue, examen, rapport, test ou autre) de l’évaluation des apprentissages d’un cours ne peut compter pour plus de 50 % de la note finale de l’étudiant ». En règle, cette pratique est tout de même critiqué et source de préoccupations.
« Ça met un stress tellement énorme, car tu n’as que deux examens pour prouver que tu connais la matière. J’ai deux cours comme ça cette session-ci. Dans l’un d’eux, l’examen avait à peine 30 questions et durait 2 heures. Je me demande si 30 ou 40 questions sont représentatives de 6 ou 7 cours. donc 18h ou 21h de cours… Je trouve cela injuste parce que je sais que je vaux beaucoup. »
– Carolanne, étudiante en deuxième année au baccalauréat en psychologie
La raison évoquée par les professeurs en début de session est qu’il y a beaucoup d’étudiants dans les groupes. Il y a donc beaucoup de copies à corriger. Ainsi, pour ne pas être toujours en train de corriger, ils décident de faire seulement deux examens par session.
Opinions divergentes
À peine sortie de la pandémie, la presque totalité des cours sont en présentiel. Le département de psychologie faisait un test avec le cours Perspectives béhaviorales et cognitives : théories et applications. Celui-ci était entièrement en ligne. Ils ont d’ailleurs envoyé un sondage aux étudiants inscrits afin d’avoir leurs commentaires.
Les opinions sont très partagées, certains étudiants se sont très bien adaptés au cours en ligne et en ont tiré de réels bénéfices. En revanche, d’autres sont plus qu’heureux d’être retourné en classe.
Un des plus gros stress est le fait que les cours ne se donnent pas en multimodal. Plusieurs ont commencé l’université lors de la pandémie. nous permettre de choisir entre école et maison serait encore mieux pour la gestion de tout le stress extérieur aux études.
– Roseline, étudiante au certificat en psychologie
L’engagement social
Durant le parcours de premier cycle en psychologie, les étudiants n’ont pas de stage à faire. Cependant, pour accéder au doctorat, les professeurs s’attendent à ce que les étudiants se soient impliqués dans leur communauté ou dans des projets de recherche.
Ce critère peut sembler élitiste, puisqu’il est possible qu’un étudiant ne puisse bénéficier des prêts et bourses et qu’il doive travailler pour subsister. Ils n’ont donc pas le temps de s’impliquer bénévolement. Les étudiants moins nantis seraient alors désavantagés.
L’accès au doctorat
Ce n’est plus un secret, surtout avec toutes les sorties médiatiques des étudiants au doctorat ainsi que l’association des étudiants en psychologie (AEP), le chemin pour se rendre au doctorat est éreintant. La directrice du département, Annie Stipanicic, a affirmé, en entrevue pour Radio-Canada, que c’est seulement 20% des étudiants au baccalauréat qui seront acceptés au doctorat. De plus, cette année, le département a décidé de mettre en place une nouvelle mesure afin de « faciliter le processus pour l’étudiant et pour le professeur qui a, par ailleurs, la responsabilité d’aider l’étudiant à mener à terme ses études ».
Pour résumer, cette mesure accorde 10 points aux professeurs qui désirent superviser des étudiants de premier cycle, une fois ceux-ci au au troisième cycle. Le nombre d’étudiants sélectionnés est à la discrétion des professeurs. Ainsi, ceux-ci doivent distribuer ces 10 points parmi les étudiants qu’ils ont sélectionnés. Par exemple, si un professeur retient 5 étudiants, il peut décider de répartir équitablement les points, soit 2 points par étudiant. Il peut également décider d’accorder 3 points à un étudiant en particulier et de donner un point de moins à un autre étudiant. Un professeur pourrait également décider de retenir seulement deux étudiants et donc, possiblement distribuer 5 points à chacun d’eux.
Or, l’arrivée de ce critère, nommé Annexe Z, a fait monter la grogne chez les étudiants. Ils affirment qu’il s’agit d’une mesure injuste, puisque cela dépend du lien avec l’enseignant. De plus, les étudiants sélectionnés par les professeurs prenant très peu de personnes sous son aile sont avantagés par rapport à un enseignant qui prend plusieurs personnes. Cette mesure n’est donc aucunement objective, puisqu’elle est liée au jugement et aux sentiments des professeurs. Une pétition a d’ailleurs été lancée par l’association des étudiants en psychologie. En date du lundi 19 décembre, c’était 1260 personnes qui avaient signé.
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1942663/etudiants-doctorat-psychologie-petition-uqtr