Près de 90% de la population sont confrontés à au moins un évènement traumatisant au cours de leur vie. Cependant, tous ne réagissent pas de la même façon à la suite d’une agression sexuelle ou d’un accident de voiture. L’équipe de la professeure Isabelle Blanchette s’intéresse particulièrement à ces derniers cas.
Financé par le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada, le projet de recherche en psychologie cognitive de l’équipe uqtrienne voit l’implication de plusieurs personnes. En effet, elle est composée d’Isabelle Blanchette, professeure au Département de psychologie à l’UQTR, d’un chercheur postdoctoral, d’assistants de recherche du programme de baccalauréat et d’étudiants au doctorat de psychologie clinique. Ces derniers sont chargés de la collecte de données à travers les rencontres des participants. Toutefois, il revient à ces participants de définir l’expérience traumatisante en question, qui peut aller d’un décrochage de rétroviseur dans leur propre cour à une sortie de route.
Hypothèse
L’équipe de Madame Blanchette part de l’hypothèse qu’un évènement traumatisant peut générer des effets négatifs, mais aussi positifs. Les gens qui ont été victimes d’évènements hautement émotifs, par exemple un accident de voiture, ne vont pas tous développer un trouble post-traumatique. La grande majorité des gens vont apprendre à surmonter ces défis et à continuer à vivre. «Il peut y avoir certains effets adaptatifs. Ces expériences pourraient aider les gens à raisonner dans certains contextes. Elles pourraient augmenter la capacité de concentration de certaines personnes dans certains contextes», explique la professeure. Par ailleurs, celle-ci insiste sur le fait qu’«il n’existe pas nécessairement un lien direct entre la sévérité de l’évènement et les conséquences psychologiques chez l’individu».
Méthode
La collecte de données se déroule en deux rencontres. La première consiste à effectuer un entretien clinique. Les étudiants questionnent les gens sur leurs expériences. «Ces étudiants ont l’habitude de faire de tels entretiens dans des contextes qui peuvent être hautement émotifs», raconte Madame Blanchette. En effet, cet entretien peut faire ressurgir des souvenirs.
Quant à la deuxième rencontre, elle porte essentiellement sur la mesure des fonctions cognitives et des réactions physiologiques des participants. Ces derniers sont invités dans le laboratoire de psychologie cognitive de l’UQTR où leurs fonctions cognitives, telles que la mémoire, l’attention et le raisonnement, sont mesurées. «Quand on a des émotions, notre corps réagit. Parfois, nous en avons conscience, parfois non. Les indicateurs corporels nous donnent une indication des changements corporels associés aux émotions», explique Madame Blanchette.
«Quand on a des émotions, notre corps réagit. Parfois, nous en avons conscience, parfois non. Les indicateurs corporels nous donnent une indication des changements corporels associés aux émotions.» – Isabelle Blanchette, professeure au Département de psychologie.
À la fin de ces séries d’expérimentations, les chercheurs seront en mesure de comprendre la relation entre les évènements hautement émotifs, les réponses psychologiques et leurs effets positifs ou négatifs sur les fonctions cognitives. «L’étude réalisée nous permettra de comparer les groupes et de déterminer comment la mémoire ou l’attention peut être reliée aux caractéristiques de ces évènements particuliers associés aux réponses psychologiques», soulignent les chercheurs. À noter que ce groupe de chercheurs trouve particulièrement intéressant le cas des gens ne montrant aucun symptôme pathologique suivant un évènement hautement émotif. «Il est possible de trouver des traces de ces évènements même chez les gens qui montrent un fonctionnement adaptatif», conclut Madame Blanchette, qui espère terminer la collecte de données à la fin de l’été avec au moins une cinquantaine de participants. Les seuls critères d’exclusion sont le fait d’être âgé de moins de 18 ans et/ou le fait d’avoir eu un traumatisme crânien cérébral qui a affecté la mémoire et le raisonnement.