
Dans le cadre de son 50e anniversaire, l’UQTR a organisé, le mercredi 16 octobre 2019, une conférence de l’éthicien René Villemure, dans laquelle, il a abordé la question de l’éthique au sein des sociétés modernes et notamment chez les milléniaux.
Devant un amphithéâtre archicomble, le conférencier Villemure a pu capter l’attention de l’auditoire pendant presque 90 minutes, en présentant les diverses composantes de l’«Éthique». Ce concept qui, selon Villemure, préoccupe différemment la génération du millénaire. L’Éthique est liée à l’éducation de cette génération et à la façon par laquelle elle voit le monde. Il ajoute que la transition entre l’éthique d’aujourd’hui et celle de demain passera par «la préservation du dialogue et le lien social, ce lien social qui a tendance à s’effriter depuis que les relations sont souvent d' »écran à écran » plutôt que de « face à face »».
D’ailleurs, Villemure souligne que «quel que soit le sens qu’on donne à nos termes, nos milléniaux vont se faire un autre sens», «nous sommes devant une génération qui est à l’aise d’être face à un écran», sans porter aucun jugement de valeur.
Les relations sont souvent d’«écran à écran» plutôt que de «face à face».
-RENÉ VILLEMURE
Ainsi, pour essayer de décrire le monde de demain, selon un point de vue éthique, l’éthicien a rappelé que la population augmente, que les catastrophes naturelles se multiplient et que la balance des pouvoirs entre les pays prendra une autre direction, ce qui impose à la nouvelle génération de redéfinir l’éthique, selon sa propre perspective.
Cependant, les milléniaux, toujours selon Villemure, se ressemblent beaucoup à travers le monde, et que peu importe là où ils se trouvent, leur façon de voir les choses est curieusement similaire. Il a expliqué ce constat par l’effet de la mondialisation qui a rendu l’éthique une affaire de culture et de sens; «sens qui veut dire ici direction, chemin et voie».
Lors de cette conférence, intitulée «Vers demain : La société, les milléniaux et l’éthique», René Villenure a partagé avec l’audience le fruit de plus de 20 ans d’études et de recherche sur l’éthique. Ce dernier «recherche le juste. Parfois le juste coïncide avec le légal, parfois non», en précisant que la dualité «éthique et légal» s’ajoute, chez les milléniaux, à la question d’individualisme caractérisant le monde d’aujourd’hui.
Une autre définition de l’éthique a été proposée par l’éthicien en disant que ce concept est «une affaire de décision, décision avec justesse, dans l’incertitude qui est souvent présente quand il n’y a pas de règles». Il a donné l’exemple de la mort éthique et l’avortement, qui peut être vu, d’un point de vue philosophique par «quand est-ce une personne n’est plus une personne? versus Quand est-ce une personne devient une personne?».
« Quand est-ce une personne n’est plus une personne? versus quand est-ce une personne devient une personne? ».
-RENÉ VILLEMURE
L’éthicien a aussi abordé la question de l’éthique dans les organisations, en disant que les milléniaux, au moins en Occident, ont grandi dans un environnement sécuritaire et que beaucoup de choses représentent un danger pour eux. Ces personnes s’intéressent à des sujets de craintes, comme l’environnement, les changements climatiques, la parité de genre et le manque de confiance envers les institutions.
Pourtant, dans une dizaine d’années, ces milléniaux qui ne font pas confiance aux institutions seront des dirigeants. Il s’est questionné alors comment faire la transition, quand les nouveaux dirigeants auront leur propre perspective pour trouver les choses justes. Pour lui, «c’est ça le défi, c’est le changement de paradigme, car ce qui valait pour hier ne voudra peut-être pas demain, car l’intensité du changement est très rapide».
L’éthique est souvent liée à d’autres concepts tels que la morale et les mœurs. La différence entre les deux, pour Villemure, c’est que la morale est «le regard que l’individu porte, selon ses convictions, sur le bien et le mal et que les mœurs sont le regard que la société porte sur le bien et le mal, en incluant souvent les coutumes et les traditions d’un peuple ou d’un groupe». En outre, l’éthicien René Villemure a insisté sur le point que chaque groupe constitue ses mœurs.