Ou comment faire la diffférence dans la vie d’un.e jeune simplement
« Les jeunes, tout ce qu’ils veulent, c’est avoir quelqu’un, une personne avec qui parler ou partager un moment simple de vie ». C’est par ces mots que le cri est poussé. L’organisme Grands Frères Grandes Sœurs de Trois-Rivières (GFGSTR) lance un appel important à la population : 50 jeunes âgés de 6 à 21 ans sont actuellement en attente d’un mentor, et 70 % d’entre eux sont des garçons qui souhaitent avoir un mentor masculin. Certains attendent depuis plusieurs mois, et mêmes années, une présence positive et significative dans leur vie.
Alors même que ce programme apporte autant de positif à l’adulte qu’au jeune, l’organisme peine à trouver des trifluvien.ne.s intéressé.e.s par le programme. Par méconnaissance de l’organisme ou de l’engagement concret demandé par GFGRTR, les inscriptions de mentors restent ainsi bien au-deçà des besoins réels. Cela met en lumière un enjeu de société : celui du manque de modèles adultes disponibles et à l’écoute pour accompagner la jeunesse.

Problématiques sociétales et isolement social
L’isolement des jeunes est un problème sociétal qui ne cesse de s’amplifier. Les causes de l’isolement peuvent être diverses : des jeunes en foyer n’ayant pas de figures paternelles ou maternelles, certains n’arrivant pas à établir des relations ou encore d’autres dont les parents sont en proie à des difficultés importantes. Et en effet, ce sont bien souvent les enfants grandissant dans un contexte de vulnérabilité économique qui vont faire face à des défis importants, dont fait partie l’isolement social (source : Observatoire des réalités familiales du Québec).
Or, l’isolement n’est pas une situation anodine et sans conséquences : il agit sournoisement sur la construction identitaire, mais aussi sur le sentiment d’appartenance des jeunes. Il mène bien souvent à une baisse de l’estime de soi, à une détérioration de la santé mentale ou bien encore à une motivation scolaire en berne de ces jeunes pourtant en plein développement. À long terme, ce repli social peut limiter leurs chances d’épanouissement et accentuer les inégalités.
Il est donc primordial de lutter contre cette situation en rétablissant des liens de confiance entre ces enfants et des adultes qui pourraient leur apporter sécurité, écoute et partage.
Grands Frères Grandes Sœurs comme piste de solution
C’est dans ce contexte qu’est né le mouvement Grands Frères Grandes Sœurs, originaire des États-Unis et implanté au Canada depuis plus de 100 ans. Celui de Trois-Rivières, créé en 2008, est le plus jeune de la province. Sa mission : créer des relations de mentorat significatives entre adultes bénévoles et jeunes (source : GFGSTR). Ces relations, fondées sur la confiance et la régularité, permettent en fait aux jeunes d’avoir un repère, une présence positive, et aux mentors d’enrichir leur propre expérience humaine.

L’organisme se distingue des approches d’interventions davantage formelles en ce sens que le mentorat repose avant tout sur l’authenticité. Tout ce qu’attend l’organisme c’est que le jeune et le mentor soient eux-mêmes. Comme le rappelle Carolanne L’Heureux, directrice générale par intérim, « être mentor, ce n’est pas être intervenant : c’est rester soi-même et partager des moments simples, comme aller faire des commissions, prendre une marche, ou jouer à des jeux ».
Alors, pour maximiser les chances de réussite du programme, chaque dossier est étudié individuellement, avec la plus grande attention. Ainsi, l’organisme veille à ce que le jeune (appelé « Petit Frère » ou « Petite Sœur ») et le mentor (appelé « Grand Frère » ou « Grande Sœur) aient les mêmes intérêts, besoins et disponibilités. Et pour cause : cette compatibilité est au cœur de la relation, puisqu’elle assure que la rencontre soit naturelle et durable. Et surtout, le jeune doit être entièrement volontaire et comprendre parfaitement son engagement.
Un manque criant de mentors, surtout masculins
Comme nous l’explique Carolanne L’Heureux, le nombre de jeunes inscrits ne cessent d’augmenter, spécialement depuis la pandémie de COVID-19. Mais problème : le recrutement de mentors au sein de Grands Frères Grandes Sœurs ne suit pas la tendance. Le manque de financement a également contraint l’organisme à mettre certains projets sur pause, créant ainsi des listes d’attente de plusieurs années pour certains jeunes.
En plus de ça, un déséquilibre préoccupant se fait ressentir vigoureusement : à peine 20 % des mentors sont des hommes, alors que près de 70 % des jeunes en attente sont des garçons. Selon l’organisme, la mission parle davantage aux femmes, tandis que les hommes mettent souvent plus de temps à s’engager bénévolement. Pourtant, leur présence est essentielle pour offrir à ces jeunes garçons une figure masculine bienveillante, stable et accessible.

Un appel à la communauté étudiante et trifluvienne
Face au constat évident de manque d’adultes bénévoles accompagnant les jeunes isolés, l’organisme lance donc aujourd’hui un appel urgent à la communauté pour recruter de nouveaux bénévoles, masculins et féminins. L’organisme invite particulièrement les étudiants et étudiantes de l’UQTR à s’impliquer.
Offrir quelques heures par mois, c’est bien plus qu’un simple bénévolat : c’est s’engager dans une relation humaine qui marque autant le jeune que le mentor. C’est devenir un repère, une source d’inspiration, et une oreille attentive pour un jeune en quête de confiance.
La directrice générale par intérim rappelle que « les études prouvent que nos services de mentorat aident les jeunes à persévérer à l’école, à éviter les comportements à risque et à comprendre, par leur propre expérience, l’importance d’aider à leur tour dans leur communauté ».
Pour Carolanne L’Heureux, le message est clair : « Vous avez un peu de temps, de l’empathie et le désir de faire une différence ? Devenez mentor. »
Pour plus d’informations ou pour s’inscrire : www.gfgstr.com.


