REPORTAGE: Parents étudiants — Jongler avec crayon et biberon

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La vie familiale n’est pas toujours facile à concilier avec le travail; la tâche est encore plus ardue lorsque l’un des parents doit également jongler avec des études. En 2011, 24% de la population étudiante du réseau des universités du Québec était responsable d’un ou de plusieurs enfants. À l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), les parents étudiants peuvent compter sur plusieurs ressources offertes par l’université, sans oublier l’aide du gouvernement et du milieu communautaire.

La réalité de ces personnes reste toutefois souvent déchirante: quels sont les réels défis de la population de parents étudiants? Quels sont les sacrifices nécessaires afin de joindre succès scolaire, professionnel et familial? Quelles sont les ressources disponibles à l’UQTR pour leur permettre du répit? Il importe de dresser un portrait de ces piliers de famille.

Les différents visages des parents étudiants

La réalité des parents étudiants est aussi unique qu’il y a de parents. Chaque personne interrogée est inscrite dans un programme différent (en ligne, à temps partiel, à temps plein, avec stages non rémunérés, etc.) et prend soin d’une famille tout aussi unique. Ainsi, les difficultés sont variées pour ces derniers.

Francis Lavigne étudie présentement au baccalauréat en enseignement au secondaire, profil sciences et technologies. Il y a quelques années de cela, il menait une vie confortable avec un emploi en informatique et avec une famille nucléaire.

Cependant, un changement de vie s’imposait: une fois la décision prise de retourner aux études, alors que ses enfants ont 5 et 7 ans et que sa relation de couple se termine, c’est un nouveau départ.

Il confie que sans l’aide financière du gouvernement, notamment grâce aux prêts et bourses, il n’aurait jamais pu faire ce choix. Selon lui, l’aspect financier est définitivement le plus difficile à combler, étant maintenant père monoparental.

Gérer son temps, une sauce à spaghetti à la fois

Un autre obstacle dans le parcours des parents étudiants: la gestion du temps. Francis doit renoncer à deux cours concentrés cette session, pour pouvoir économiser assez d’argent et passer assez de temps avec ses enfants, en vue de son stage non rémunéré de 6 semaines. Pour un étudiant qui habite chez ses parents, dit-il, un stage non rémunéré est plus facile à gérer, mais dans le cas de nombreux parents étudiants, il y a davantage sur la balance.

Les cours de soirs, le gardiennage pendant les examens et autres paramètres de conciliation études-famille font partie du quotidien de ces parents. Karine Labelle, mère étudiant en enseignement de l’histoire, avance: «Les tâches des parents étudiants demandent une grande disponibilité, et si l’on ne planifie pas, on se retrouve à se demander si on a dégelé assez de sauce à spaghetti pendant un examen sur les croisades. Et si on a mal planifié notre étude, on se retrouve à faire des travaux la veille de Noël au lieu de faire des biscuits pour le père Noël!»

Toutefois, les réponses sont unanimes lorsqu’on leur demande pourquoi ce choix en vaut la peine. Alexis Ferland est fier de montrer un bon exemple à ses enfants: «Ma plus grande joie est de pouvoir être très présent pour mes enfants, car je suis souvent à la maison. De plus, mes enfants ont une image de moi que j’aime, car je suis souvent en train d’étudier et de lire.» Karine constate que «pour les enfants, voir ses parents faire ce qu’ils aiment, c’est un beau cadeau… C’est contagieux, ça leur donne le goût».

La Halte-garderie Le P’tit Bacc

À l’UQTR, de nombreux outils offerts par différents groupes permettent aux parents étudiants de faciliter la conciliation crayon-biberon. Notamment, notons la Halte-garderie Le P’tit Bacc, sur le terrain même de l’université, qui offre pour des coûts raisonnables et dans des plages horaires calquées sur les horaires de cours, de prendre soin des enfants d’étudiants.

Selon son site web, Le P’tit Bacc permet «d’accueillir jusqu’à 45 enfants par jour et servir plus de 200 familles par session. […] Le P’tit Bacc est un service de halte-garderie mis sur pied pour les parents étudiants. Il est adapté à la réalité étudiante». Cette halte-garderie, située dans l’ancienne chapelle de l’université, permet aussi de former des éducatrices/teurs qui étudient dans ce domaine.

L’Association des parents étudiants de l’UQTR (APEUQTR)

Les parents étudiants peuvent également compter sur l’Association des parents étudiants de l’UQTR (APEUQTR). La présidente de cette association, Caroline Leroux-Cournoyer, accompagnée de ses collègues, tisse un lien entre leurs 10 différents partenaires et leurs membres. L’APEUQTR offre un soutien à la fois au niveau académique et familial. Ils plaident aussi pour une meilleure compréhension de la réalité des parents étudiants dans le cadre de leurs études.

Par exemple, si un parent s’absente à un examen à cause d’une maladie de son enfant, les règlements de l’université ne sont pas clairs sur la possibilité de reprendre ledit examen, étant donné que ce n’est pas le parent lui-même qui est malade.

«Si l’on ne planifie pas, on se retrouve à se demander si on a dégelé assez de sauce à spaghetti pendant un examen sur les croisades.» — Karine Labelle

L’organisation déplore les disparités chez les différents départements et même chez les professeurs; certains accepteront que le parent amène son enfant en classe en cas d’imprévu, certains non.

Un autre des chevaux de bataille de l’APEUQTR est d’offrir des activités familiales adaptées aux horaires de leurs membres. Ils ont d’ailleurs organisé le 22 septembre dernier la fête de la famille, ouverte à tous, enfants ou pas. Les membres de l’APEUQTR ont de nombreuses idées pour l’année: des conférences sur la nutrition et la gestion du temps, des soirées cinéma une fois par mois, une fête de Noël et plus encore. Cependant, ils ont besoin de plus de personnel pour chapeauter ces activités.

Ainsi, malgré le sentiment d’isolement que peuvent souvent ressentir les parents étudiants, il existe un certain nombre d’outils afin de mieux gérer tous ces aspects de la vie parentale, que ce soit la halte-garderie, l’APEUQTR ou les autres ressources offertes par le gouvernement ou la ville.

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