Reportage sur la semaine de sensibilisation des violences faites aux femmes

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Du 25 novembre au 6 décembre, le Québec a souligné les journées d’action contre les violences faites aux femmes. Durant 12 jours, plusieurs activités de sensibilisation ont eu lieu dans la province, dont à Trois-Rivières, permettant de dénoncer collectivement le caractère inacceptable de la violence fondée sur le sexe. À travers ce reportage, le Zone campus s’est questionné sur les différentes facettes des violences faites aux femmes afin de mieux prévenir et combattre ce fléau.

Crédits : Gouvernement du Québec

Des dates lourdes de sens

Les voix s’unissent au Québec pour dénoncer les actes de violence commis envers les femmes. C’est l’Assemblée générale des Nations Unies qui déclare, en 1999, le 25 novembre comme la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Cette date, qui n’a pas été choisi au hasard, a pour but d’honorer la mémoire de trois sœurs de la République dominicaine : María Teresa, Minerva et Patria Mirabal. Militantes pour la liberté, elles ont été sauvagement assassinées le 25 novembre 1960 sous les ordres du chef de l’État, Rafael Leonidas Trujillo.

Le 6 décembre 1989, quatorze femmes sont mortes à l’école Polytechnique. Crédits : Archives de Radio-Canada

Les 12 jours de conscientisation terminent le 6 décembre. Hautement symbolique, c’est à cette même date qu’en 1989, à l’École Polytechnique de Montréal, 14 jeunes femmes ont été assassinées. Douze étudiantes en ingénierie, une étudiante infirmière et une employée de l’université. C’est seulement 30 ans après la tuerie que le gouvernement accepta de la qualifier d’« attaque antiféministe ». À la suite de ce féminicide de masse, le Parlement du Canada a institué, en 1991, la Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes.

Trois-Rivières : Activités de sensibilisation

Dans le cadre la semaine de sensibilisation, La Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie, un regroupement régional féministe de défense collective des droits, et de nombreux organismes de la région, proposeront à la population une série d’activités. Douze jours d’actions contre la violence faite aux femmes, visant à mieux comprendre la réalité des femmes victimes de violence.

L’exposition «Nos angles morts» à l’Atelier de torréfaction Le Caféier, à Trois-Rivières. Crédits : Journaliste

La maison Le FAR (Famille, Accueil, Référence), une maison d’hébergement qui vient en aide aux femmes éprouvant des difficultés, propose l’exposition « Nos angles morts » à l’Atelier de torréfaction Le Caféier, à Trois-Rivières. À travers les 12 œuvres exposées, diverses formes de violence sont dénoncées.

« Une belle façon d’emmener la discussion autour d’un sujet aussi lourd de conséquences » – Le FAR

La violence conjugale

Œuvre des résidents Bâtisseurs de Louiseville dans le cadre de l’atelier organisé par le FAR. Crédits : Journaliste

Contrôle, violence, jalousie : la violence conjugale se manifeste de plusieurs façons dans un couple. On y retrouve un rapport de domination dans lequel l’agresseur établie et maintient son emprise sur sa victime tout en s’assurant qu’elle ne le quitte pas.

Au Québec, en 2020, les femmes représentaient 75,8 % des victimes des infractions contre la personne commises dans un contexte conjugal ayant été rapportées à la police et 90,9 % des victimes des homicides conjugaux (10 femmes victimes sur un total de 11 victimes). En ce qui concerne l’âge des victimes de violence conjugale pour cette même année, les personnes de 25 à 29 ans demeurent celles dont le taux de victimisation est le plus élevé1.

La réelle ampleur de la violence conjugale dans la population québécoise est difficile à évaluer et mesurer. Les données et les enquêtes sur la population comportent certaines limites et ne permettent pas d’en rendre compte dans leur ensemble.

Les harcèlements sexuels

Centre d’amitié autochtone de Trois-Rivières. Crédits : Journaliste

Les harcèlements sexuels reste pour certain un sujet flou. Le harcèlement ce n’est pas du flirt, ni une technique de séduction. Et il est souvent trop facile de le cacher derrière le manque de savoir-vivre. Le harcèlement est une atteinte au droit à l’égalité des victimes et à leur dignité humaine, générant chez la personne un sentiment d’angoisse et de mal-être. 

« La violence contre les femmes, une pandémie silencieuse. » Centre d’amitié autochtone de Trois-Rivières

Bien qu’elle soit essentielle, l’interdiction législative du harcèlement discriminatoire n’est pas suffisante pour enrayer ce comportement. D’autres mesures doivent être adoptées, qui peuvent être imposées par la loi, comme des politiques contre le harcèlement discriminatoire, des mécanismes de plainte, l’augmentation du nombre de travailleuses dans les domaines traditionnellement réservés aux hommes et des sessions de formation scolaire sur l’harcèlement. 

Œuvre du SANA dans le cadre de l’atelier organisé par le FAR. Crédits : Site officiel de le FAR.

Les agressions sexuelles

Avec ou sans contact physique, une agression sexuelle est un geste à caractère sexuel, commis sans le consentement de la personne visé. Selon l’enquête de l’INSPQ (Centre d’expertise et de référence en santé publique du Québec), la grande majorité des victimes d’agression sexuelle, tous âges confondus, sont de sexe féminin (88,3 %).

« Au Canada, pour l’année 2018, 33 % des femmes de 15 ans et plus ont déclaré avoir été victimes d’agression sexuelle au moins une fois à partir de l’âge de 15 ans.  »

« Ça va arriver avec quelqu’un que tu connais, ça va être dans un endroit social […] si tu es à une fête et que quelqu’un vient te voir et veut vraiment t’isoler du groupe, c’est là que tu es à risque, et non pas quand tu marches le soir en retournant chez vous. »

– Une citation de  Julie Lalonde, activiste féministe

Témoignage d’une victime

Dans le cadre du reportage, Anabelle, étudiante en arts plastiques de l’UQTR à accepté de se confier au sujet de violences conjugales et sexuelles qu’elle vivait dès l’âge de 19 ans :

« Au début, j’étais folle amoureuse. Je voyais bien qu’il avait des comportements anormaux, mais je les ignorais. Ma famille et mes amis le détestaient, je me suis peu à peu éloigné d’eux parce que je pensais qu’ils étaient contre mon bonheur. Mais plus le temps passait, plus il y avait de la violence psychologique au quotidien…»

« Une nuit, je me suis réveillée et il était en train de… il avait commencé à me pénétrer sans mon consentement. C’est arrivé plusieurs fois. Il disait qu’il avait le droit parce qu’il était mon chum. J’étais naïve et je comprenais pas encore que c’était un viol »

« Un soir, j’ai appelé le 911 de ma voiture parce que la tension était trop forte chez moi et j’avais peur. Il m’avait jeté un bol en verre dans le visage. J’ai par la suite passé 2 mois dans une Maison d’hébergement pour femmes »

« Je vais mieux maintenant, même si j’ai beaucoup de traumatismes. Au moins j’ai la chance de ne pas être seule. J’ai une intervenante qui est là si j’ai besoin de parler, et elle m’accompagne dans mes démarches. Ça m’aide beaucoup à avancer. Et j’ai rencontré d’autres femmes qui ont vécu des choses similaires qui me comprennent. »

Prévenir et combattre la violence faite aux femmes

Tout comme Anabelle, il n’est pas toujours évident de reconnaître que l’on est une victime. C’est donc important d’être conscientisé sur le sujet pour mieux identifier les violences physiques ou émotionnelles vécues, que ce soit de la part de son conjoint ou d’un inconnu.

C’est aussi la responsabilité de toute la société d’intervenir lorsqu’on est témoin d’un acte de violence, en les dénonçant. Et pour ce faire, il faut être bien outillé.

L’Université du Québec à Trois-Rivières offre plusieurs ressources permettant de venir en aide aux victimes. Son site offre des formations visant la prévention des actes de violence faite aux femmes, et met sur pied des campagnes de sensibilisations.

C’est en effet en organisant diverses activités pour ouvrir la discussion et éviter les tabous qu’il sera possible de prévenir des actes sexistes.

Aujourd’hui, prenons le temps de se recueillir à la mémoire des victimes d’actes de violence, mais également de mesurer l’étendue et la persistance de la brutalité envers les femmes, et l’importance d’adopter des mesures concrètes pour la prévenir et l’éliminer.

Si vous êtes victime ou témoin de violence, n’hésitez pas à contacter une ressource d’aide et d’écoute

SOS violence conjugale

Téléphone : 1-800-363-9010 (24/7)

Info-aide violence sexuelle

1 888 933-9007 (24/7)

1 Ministère de la Sécurité publique (2022). Infractions contre la personne commises dans un contexte conjugal en 2020. Direction générale des affaires policières, ministère de la Sécurité publique.

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