Par Marie-Andrée Gauthier, chroniqueuse
En 2006, la tête du Parti québécois, Pauline Marois, tint les propos suivants : «Les femmes ont peur du pouvoir parce qu’elles pensent qu’il corrompt.» Elle n’avait pas totalement tort. Les femmes doivent combattre avec des contradictions internes pour entrer en relation avec le pouvoir. L’éducation et la socialisation transmises par les membres de notre environnement immédiat et éloigné n’ont fait que renforcer l’idéologie patriarcale qui règne en politique (et dans bien d’autres lieux).
Pour que la situation se renverse, au Québec, il faudrait que 25% des sièges à l’Assemblée nationale soient occupés par des femmes. Il reste que faire de la politique, c’est un métier non traditionnel.
Une femme en politique doit décider, agir, influencer, mais surtout amener du changement. Au lieu de pénétrer dans le cercle de la compétition, un climat de solidarité serait davantage à développer. Il faut contrer l’image que le monde est masculin. Donc, il ne faut pas y accéder et s’y mouler. Une fois élue dans un poste de pouvoir, nous devons défaire le discours dominant capitaliste qui relaie aux oubliettes les mesures sociales pour les besoins de chacune et de chacun. Certes l’objectif demeure celui que le plus de femmes prennent le pouvoir, mais pas à n’importe quel prix et surtout pas sous n’importe quelle influence. Car malgré un certain progrès, les stéréotypes demeurent et influencent le leadership féminin.
À tort, nous nommons certaines femmes à titre d’exemples pour l’avancée du féminisme. Par exemple, Margaret Thatcher, élue onze années à la tête du Parti conservateur en Grande-Bretagne, fut celle que l’on surnommait la dame de fer et qui est loin de faire l’unanimité au sein des féministes! Réputée pour avoir suivi les traces du président américain Ronald Reagan, elle ne se gêna pas pour redresser l’économie britannique selon des mesures libérales créant ainsi une classe moyenne, mais faisant accroître l’écart entre les riches et les pauvres. Sa méthode intransigeante d’aborder la politique entraîna une hausse incomparable du taux de chômage au Royaume-Uni. Un bel exemple qu’une femme aux idées politiques se situant à la droite de l’échelle politique est loin d’être un avantage pour les citoyennes et ce même si c’est une femme!
Angela Merkel, chancelière fédérale de l’Allemagne, est également l’une de celle que l’on cite en exemple. Cette politicienne de la droite conservatrice n’y va pas de main morte pour gérer les questions économiques de son pays et même celles de la zone européenne! Son plus récent appui à l’égard du président français Nicolas Sarkozy a de quoi confirmer son allégeance pour une idéologie qui prône la xénophobie et la violence.
Et c’est sans parler des positions contestées (et contestables) de Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire internationale (FMI), de Monique Leroux, présidente du mouvement Desjardins, et de Michelle Bachelet, ex-présidente du Chili et directrice exécutive d’ONU-FEMMES.
Selon une étude de Danielle Maisonneuve (2004), les femmes seraient motivées à participer à des instances décisionnelles par désir de contribuer au changement dans leur communauté et par la volonté de s’engager socialement afin d’aider la communauté à rehausser la qualité de vie de ses membres. Les femmes désirent également influencer le développement des organismes où elles s’investissent. Dans une perspective d’être utiles, les femmes souhaitent faire bénéficier les organismes de leur expérience, de leurs connaissance, de leurs expertises. Par contre, Maisonneuve mentionne qu’avant 35 ans, les femmes ont trop de responsabilités familiales qui entraînent le stress de la double tâche et les décourage donc à participer politiquement.
Qui plus est, les femmes détiennent le plus souvent des tâches exigeantes (préparation des repas, soin des enfants, rôle d’aidante naturelle) qui freinent leur engagement. Toujours selon Maisonneuve, les femmes évaluent souvent qu’elles sont moins compétentes pour la prise de parole lors de réunions en raison des tensions dans les rapports hommes/femmes : plusieurs femmes évaluent qu’elles sont moins prises au sérieux que les hommes lorsqu’elles parlent, comme si elles étaient moins crédibles.
Il faut donc que le plafond de verre, ces barrières invisibles et artificielles créées par des préjugés comportementaux et organisationnels, qui empêche les femmes d’accéder aux plus hautes responsabilités soit brisé. Que des femmes comme Ellen Johnson Sirleaf, présidente du Libéria, soient plus nombreuses. Que la promotion de l’éducation, notamment celles de filles, et l’indépendance économique des femmes constituent les premiers points à l’agenda politique des femmes au pouvoir. Leur présence à la gouvernance de pays représente un symbole pour les femmes, mais elle doit également prendre un sens et une signification concrète dans le quotidien des citoyennes.
Si non, à quoi bon voter pour une femme alors si ce n’est que pour reproduire le système patriarcal?