Soleils Atikamekw : Rencontre avec la cinéaste Chloé Leriche

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À l’occasion de la sortie québécoise du film Soleils Atikamekw le 5 avril dernier, le Zone Campus a eu le privilège de rencontrer celle qui a écrit, réalisé et produit ce film : Chloé Leriche. La cinéaste s’est intéressée à un évènement dramatique survenu il y a 47 ans au sein de la communauté autochtone de Manawan. Le film nous plonge ainsi au cœur des évènements troublants de 1977, où cinq Autochtones perdent la vie dans des circonstances floues, sans qu’aucune enquête sérieuse ne soit menée. À travers les paroles de la réalisatrice, nous découvrons les motivations profondes qui ont animé la création de ce film.  

Affiche du film Soleils Atikamekw. Crédits : Mon La Tuque.

Un tabou mis en lumière

Chloé Leriche a eu connaissance de cet évènement lors du tournage de son premier long métrage Avant les rues en 2014. Le manque d’attention accordé à cette tragédie de la part des autorités a profondément marqué la réalisatrice. Sa rencontre avec Angèle Petiquay, sœur d’une des victimes, lui a fait prendre conscience de l’impact dévastateur de ce drame sur la communauté et les familles. Les vaines tentatives d’Angèle pour rouvrir l’enquête policière soulignent l’ampleur d’une injustice persistante, toujours d’actualité : le racisme systémique.

Mais l’une des principales difficultés dans le processus créatif de ce film a été le silence étouffant entourant ces évènements à Manawan. Certains faits se sont effectivement transformés en secrets de famille, en tabous. Et certains de ces faits n’ont été découverts qu’une quarantaine d’années plus tard. Grâce à des ateliers d’écriture et des témoignages, Chloé Leriche souhaitait donc donner une voix aux familles, un espace de parole.

Un film tout en authenticité

Soleils Atikamekw s’est construit en totale collaboration avec la communauté de Manawan. Le processus d’écriture du film a donc été long et laborieux, mais essentiel pour garantir l’authenticité de l’histoire. Initialement influencée par des conventions cinématographiques plus commerciales, la réalisatrice a finalement opté pour une approche plus fidèle à la réalité.

Chloé Leriche, réalisatrice, Jacques Newashish, comédien, et Oshim Ottawa, comédien. Crédits : Valérian Mazatau, Le Devoir.

« Je trouve que ça va de soi de se battre aussi pour les autres langues qui ne sont pas des langues dominantes. »

Chloé Leriche, réalisatrice du film

Le choix de la langue atikamekw témoigne de cet engagement envers l’authenticité culturelle et linguistique des Premières Nations. Malgré les défis potentiels liés à cette décision, la réalisatrice est convaincue de l’importance de faire entendre cette langue ancestrale, afin de briser les préjugés qui persistent. Et ce choix en est un bon : le spectateur se retrouve au cœur de la communauté.

Un appel à l’action

Ce film et sa fin reflètent la réalité de l’affaire, où les réponses sont encore à trouver. Cependant, Chloé Leriche nourrit l’espoir que ce film suscitera un élan d’action tant chez le public qu’au niveau des autorités pour combattre ce racisme systémique. Car les Premières Nations méritent justice et égalité, et c’est ce message que la réalisatrice souhaite transmettre aux Québécois. Elle encourage d’ailleurs toute personne à adhérer au Principe de Joyce, un programme visant à garantir des services équitables aux Autochtones.

« Le racisme systémique est encore présent au Canada et les événements qui prouvent sa présence continuent de s’accumuler. »

Chloé Leriche, réalisatrice du film
Une image extraite de « Soleils Atikamekw ». Crédits : Funfilms.

Soleils Atikamekw est donc bien plus qu’un simple film. Il est un plaidoyer vibrant en faveur de l’égalité, un réquisitoire contre des injustices criantes et un témoignage poignant de résilience. En exposant les abus passés et présents, Chloé Leriche nous invite à nous interroger sur notre responsabilité collective envers les communautés autochtones du Canada. En effet, il est difficile de ne pas ressortir de la salle la gorge nouée et le cœur serré face à l’injustice dépeinte. Alors, ne manquez pas ce film essentiel.

Retrouvez Soleils Atikamekw au cinéma Le Tapis Rouge à Trois-Rivières jusqu’au 2 mai. Merci à Chloé Leriche pour son temps et pour ce magnifique film.

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