Soutenance de mémoire sur la musique métal: Comment voir le métal autrement

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À l'unanimité du jury, Jean-François Veilleux a obtenu son diplôme de maitrise en philosophie. Photo: Gracieuseté
À l’unanimité du jury, Jean-François Veilleux a obtenu son diplôme de maitrise en philosophie. Photo: Gracieuseté

Après quatre années de recherche, Jean-François Veilleux, étudiant au Département de philosophie, a présenté son mémoire, sous la direction de Claude Thérien, dans l’amphithéâtre Albert-Tessier. Il a étudié la phénoménologie sur le concert, le rock et plus précisément sur le heavy metal. Il a démontré que le métal peut être à la fois ludique, comme un jeu théâtral, mais qu’il s’agit aussi d’un genre musical critique.

Pour parfaire sa connaissance, Jean-François a obtenu, en parallèle, un baccalauréat en histoire, car, selon lui, «il est impératif de savoir l’histoire du rock». Touchant également la sociologie, l’étudiant a donc adopté une démarche multidisciplinaire, car il est important d’avoir plusieurs sources pour la réalisation d’un mémoire. Jean-François rappelle la complexité des genres métal, c’est pourquoi il a préféré porter un regard global sur le mouvement métal. Il a réalisé une classification inédite du style musical en trois familles: le métal pur, mélodique et expérimental. À travers son mémoire, Jean-François essaye de contrer les différents préjugés sur le métal. Par exemple, on pense couramment que cette musique provoquerait le suicide, les abus, la dépendance et inciterait à la violence. Les médias la décrédibilisent et laissent entendre, à tort, qu’il s’agirait d’une musique de dégénérés.

Qu’est-ce qu’est vraiment le métal?

Le genre musical aborde des sujets tabous comme la mort, il dénonce l’inhumanité du réel et il explicite une réalité qui déplait. L’effroi et la beauté sont mis ensemble. La violence, la mort, la souffrance, la douleur sont les thèmes principaux du genre musical. Bien sûr, l’étudiant admet que certaines choses peuvent choquer. Il cite en exemple la pochette du single du groupe norvégien Mayhem: ces derniers ont utilisé, illégalement, une photo montrant un chanteur suicidé.

«Le métal ne s’écoute pas, il se vit».

Le métal se distingue aussi par une certaine esthétique: la plupart des «métalleux» ont les cheveux longs et le noir est la couleur phare du métal. Ces caractéristiques permettent de se reconnaitre en public et elles sont un gage d’authenticité. Écouter cette musique, c’est être original et ne pas suivre la mode. Le métal est de calibre olympien avec ses chants criés et ses guitares hurlantes, mais, pour les non-initiés, il s’agit plutôt d’un gros bruit. Les concerts ont lieu dans divers endroits et permettent un apogée de l’univers du métal. La fête a un rôle inclusif: tous se rassemblent, tous sont égaux. Elle se distingue du concert classique. En effet, le public saute partout, danse avec les autres en ressentant une joie intense, crie: l’extériorisation est plus grande. Pour Jean-François, «le métal ne s’écoute pas, il se vit».

Il rappelle également l’effet cathartique du métal: il permet de vivre des émotions par procuration et il fait guérir l’excès par l’excès. Pour montrer l’importance de cette notion dans le genre musical, 23 groupes de métal se nommant «Catharsis» existent dans le monde.

«La musique métal ne laisse pas indifférent, au mieux elle fait rire, au pire elle fait peur, mais elle n’est un danger pour personne».

Passion et défense du style musical

«La musique métal ne laisse pas indifférente, au mieux elle fait rire, au pire elle fait peur, mais elle n’est un danger pour personne». Pratiquant le métal depuis 15 ans, Jean-François parle de ce genre musical avec enthousiasme et passion. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les groupes de métal sont plutôt bien diplômés et intégrés dans la société. Jean-François Veilleux veut dédramatiser l’aspect diabolique du métal et défend la conception positive de son existence avec l’emportement et la frénésie. En Angleterre, le heavy metal est une religion officielle, dépassant la scientologie, le druidisme, le chamanisme, et même le satanisme. Pour Jean-François, ce style musical est une célébration de la vie elle-même. Il s’agit d’une forme dionysiaque et il est faux de croire que le métal est exclusif, car il s’adresse à tous les âges.

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