Le verdict est tombé le jeudi 15 mars à 00h30, après 2h30 de vote et de comptage : l’Association Générale des Étudiants (AGE) de l’UQTR entre en grève générale illimitée. En effet, l’Assemblée Générale Spéciale (AGS) qui a attiré le plus d’étudiants de l’histoire de l’AGE, soit près de 2500 personnes, s’est soldée par l’entrée dans le mouvement massif de grève étudiante actuellement en vigueur au Québec. Le « oui » est passé avec 51,12 % des 2164 votes retenus. Aucune date de reconduction n’a toutefois été indiquée dans la proposition, le Conseil Exécutif travaille actuellement à la mise en place d’un scrutin qui sera accessible sur le portail étudiant du mercredi 21 mars 2012 au vendredi 23 mars 2012 midi. Il sera question de savoir si la grève générale illimitée se poursuivra.
Déroulement de l’Assemblée
Les portes des gymnases 1, 2 et 3 du CAPS Léopold-Gagnon ont été ouvertes à 17h30. Lorsque ces trois gymnases sont combinés, ils peuvent accueillir 2500 personnes (capacité en cas d’incendie), et représentent donc un des plus grands lieux de rassemblement de l’UQTR. À 20h, le tout était rempli à pleine capacité et l’Assemblée était prête à commencer. Il s’agissait d’un taux de participation record pour l’AGE UQTR, battant de beaucoup le nombre d’étudiants présents lors du vote de 2005 (vote pour la grève des 103 millions).
La présidente d’assemblée a expliqué clairement les procédures afin que l’instance se déroule le plus efficacement possible, et dans le civisme. Plusieurs agents de la sécurité de l’UQTR et de l’AGE UQTR étaient également sur place pour s’assurer que le processus démocratique s’effectue dans le calme. Les étudiants ont d’abord demandé une journée de grève pour participer à la manifestation nationale du 22 mars à Montréal. Après avoir entendu une quinzaine d’intervention, une forte majorité des gens présents s’est prononcée en faveur de cette journée de grève unique. « Une journée, ce n’est pas la mer à boire pour un débat de société si important », sont venus rappeler plusieurs étudiants.
Une seconde proposition d’ajouter trois jours au mouvement de grève trifluvien, a d’abord été battue. Le vote secret avait alors été demandé afin d’avoir un résultat plus impartial, mais a été rejeté par le deux-tiers de l’Assemblée. Finalement, une proposition de grève générale illimitée a été amenée « parce qu’une seule journée n’aura pas d’impact sur le gouvernement », selon les intervenants au micro. Un vote des plus chaotiques a suivi cette proposition longuement débattue. Visuellement, il était impossible de dire si la balance penchait d’un côté ou de l’autre suite au vote à main levée. La présidente d’assemblée a alors demandé aux étudiants en faveur de la grève de se déplacer à sa gauche, et aux opposants de se diriger à droite : même résultat. Le vote secret a donc refait surface.
Le Conseil Exécutif de l’AGE UQTR avait prévu que le vote secret serait demandé sur un sujet aussi chaud et disposait d’isoloirs et d’équipement informatique pour effectuer l’opération. Cependant, l’AGE, qui n’avait visiblement pas prévu accueillir tant de gens, a mis près de 2h30 à faire voter tout le monde. Mentionnons que cela se déroulait sous les yeux d’un expert-comptable de la firme Lebrun Thérien, engagé pour l’occasion. Plusieurs étudiants ont critiqué la longueur et la confusion de processus. « On dirait que vous étirez la sauce pour que les gens se fatiguent et quittent », a même dit un étudiant à la présidente d’assemblée.
Résultats et réactions
2164 personnes se sont prononcées sur la grève générale illimitée, soit un peu plus du quart des membres de l’AGE UQTR. Le vote fut des plus serrés : 1097 pour, 1049 contre et 18 abstentions. Au moment de l’annonce des résultats, des cris de joie ont retentis dans la salle. Certains pleuraient même. Il faut dire que ce moment passera à l’Histoire, dans la mesure où c’est la première fois que l’AGE UQTR entre en grève générale illimitée depuis sa fondation en 1975.
Par voie de communiqué, l’Administration de l’UQTR a réagi en décrétant une levée de toutes les activités académiques du campus trifluvien pour les 15 et 16 mars dernier. Mentionnons que les cliniques, les stages, les PICOM, et les laboratoires ne sont pas affectés par le vote de grève. Les employés de l’UQTR ont également été invités à se rendre au travail comme à l’habitude. Les syndicats des professeurs et des chargés de cours de l’UQTR avaient déjà annoncé qu’ils appuyaient la cause des étudiants en se prononçant contre la hausse des frais de scolarité.
Puisqu’il y avait levée de cours jeudi et vendredi, des piquets de grève légers ont été tenus aux entrées de l’UQTR.