Le Test de certification en français écrit pour l’enseignement (TECFÉE) comporte deux parties, l’une sur les compétences en rédaction et l’autre sur le code linguistique. Les étudiants en enseignement au préscolaire, primaire et secondaire doivent obtenir 70% aux deux parties afin d’accéder à leur troisième stage, qui est obligatoire à l’obtention du diplôme. Or, s’ils échouent, ils doivent attendre une année complète avant de pouvoir le repasser. L’UQTR devient la première université à autoriser les étudiants qui ont obtenu 65% et plus à accéder à leur stage. Il semble avoir beaucoup d’étudiants concernés qui insistent sur le fait que la deuxième partie devrait être mise à jour. Le vice-président aux affaires académiques de l’association des étudiants au baccalauréat en enseignement préscolaire et primaire, Charles Auclair, est du même avis. Des enseignantes titulaires au primaire sont également du même avis.
Rappel
En 2020, ma collègue Laura Lafrance, avait réalisé un reportage sur le Test de certification en français écrit pour l’enseignement (TECFÉE). Elle décrit les modalités de cette épreuve incontournable pour les étudiants en enseignement. En résumé, celui-ci vise à « évaluer la compétence langagière attendue d’une personne qui poursuit une formation universitaire en enseignement et s’apprête à assumer, entre autres, un rôle de « modèle linguistique » auprès des élèves ».
Cette épreuve est divisée en deux parties, l’une évaluant les compétences de rédaction et l’autre les connaissances du code linguistique. Pour la partie rédaction, les étudiants entendent une entrevue d’environ 8 minutes. Suite à celle-ci, ils doivent composer un texte de 350 mots. En tout, ils disposent de deux heures et trente minutes.
Pour la partie des compétences langagières, les étudiants doivent répondre à un questionnaire à choix multiples. Il comporte une soixantaine de questions. Ils disposent d’une heure et demie pour répondre à l’ensemble des questions. Notons que pour les deux parties, les aspirants enseignants peuvent utiliser un dictionnaire reconnu par l’institution.
L’UQTR, les premiers à assouplir
En temps normal, les étudiants en enseignement, qu’ils soient au primaire, secondaire ou en langue seconde, doivent réussir ledit test afin de pouvoir accéder à leur troisième stage. Naturellement, celui-ci est obligatoire pour l’obtention du diplôme. Ainsi, si un étudiant échoue à son examen, il doit attendre une année complète avant de pouvoir repasser le TECFÉE. Notons qu’il peut tout de même faire de la suppléance dans les écoles.
En décembre 2022, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, avait demandé une rencontre avec les doyens des universités. Il voulait justement que les universités permettent aux étudiants de troisième année qui ont échoué leur test de permettre tout de même d’assister à leur stage. Cela leur permettrait alors de ne pas être retardés dans leur parcours universitaire.
« On est pas dans une situation facile avec la pénurie et moi j’ai besoin de ces étudiants et étudiantes de 3e année dans les salles de classe. […] »
– Bernard Drainville, ministre de l’éducation
L’UQTR a décidé de faire son propre chemin et donc de permettre aux étudiants ayant échoué de continuer leur cheminement. Cependant, comme l’a mentionné le vice-président aux affaires académiques de l’association du baccalauréat éducation préscolaire et primaire (BEPEP) en entrevue, Charles Auclair, ces assouplissements « ne sont pas si énormes ».
En effet, si normalement le taux de réussite est de 70%, maintenant celui-ci se situe à 65%. Ainsi, ce sont tous les étudiants qui ont au entre 65 et 69% qui ont pu accéder à leur stage, même si normalement cela n’était pas le cas.
Le Zone Campus a fait une demande d’entrevue auprès du porte-parole de l’UQTR, M.Hinse, afin d’avoir davantage d’informations. Celui-ci n’a pas donné suite à cette demande.
Consultation des personnes concernées
Plusieurs étudiants décrient ce test comme « vétuste » , « déconnecté de la réalité » ou « d’un autre temps ». Ces commentaires concernent seulement la partie du code linguistique. Certains suggèrent de mettre davantage l’accent sur les participes passés plutôt que de vieilles expressions. D’autres pensent qu’il devrait avoir deux versions, l’une pour le primaire et l’autre pour le secondaire. Certaines personnes pensent aussi qu’on devrait y inclure une épreuve pour évaluer les compétences à l’oral.
Charles Auclair maintient qu’il est essentiel d’avoir le TECFÉE. Or, il admet qu’une mise à jour serait nécessaire. De plus, celui-ci n’est pas convaincu que des examens distincts pour chaque baccalauréat, soit préscolaire/primaire, secondaire et langue seconde, seraient la meilleure solution. Il apporte l’exemple des professeurs de mathématiques et d’éducation physique, il soutient que ceux-ci devront un jour ou l’autre rédiger divers documents, que ce soit pour les élèves ou les parents.
Je pense qu’il y a des choses à modifier, mais pas tout. […] Il y a des expressions qu’on n’utilise jamais et qui sont très poussées. je me demande qu’est-ce que ça fait là. Je pense qu’on nous enseigne à voir la langue comme un système et à connaitre les règles, mais cela évalue presque exclusivement les exceptions.
– Charles Auclair, vice-président aux affaires académique de l’association du baccalauréat éducation préscolaire et primaire (BEPEP).
Nous avons également sollicité des enseignants titulaires au primaire. Leurs réponses furent presque unanimes ; le TECFÉE doit rester, mais il doit refléter davantage la pratique.
« La question n’est pas de diminuer les critères, mais de reformuler l’examen pour être plus représentatif de la réalité »
– Caroline Brazeau, enseignante depuis 1993, école Sainte-Thérèse
Sources
https://www.fcssq.quebec/upload/files/Revues%20de%20presse/20221017.pdf