Bien avant la parution de films tels que Dancing with the Wolves (1990), The New World (2005) et le très inutile Avatar (2009) de James Cameron, un film marque particulièrement mon attention. Gagnant de la Palme d’Or lors du Festival de Cannes en 1986, le film The Mission mettant en vedette Robert De Niro et réalisé par Roland Joffé est un incontournable pour les amateurs de films historiques.
Ce film retrace le récit de missionnaires espagnols dans une communauté Guaraní en Argentine vers 1740. Tout comme les films cités précédemment, The Mission reprend cette histoire traditionnelle du colonisateur en terre inconnue qui, à la suite de la compréhension de l’autre, va changer de mentalité. L’histoire typique de Pocahontas… Cependant, ce qui fait la particularité de ce film est la sensibilité et la justesse des représentations historiques. Peu de films historiques ont été réalisés avec autant de justesse que The Mission; cependant, on peut souligner Barry Lyndon (1975) de Stanley Kubrick, Amadeus (1984) de Milos Forman, ou encore Silence (2016) de Martin Scorsese.
The Mission
Le film de Roland Joffé relate une histoire très simple, mais empreinte d’une forte humanité. Rodrigo Mendoza (Robert De Niro), mercenaire et chasseur d’esclaves, kidnappe de nombreux natifs et natives de la communauté Guaraní afin de les vendre dans les plantations dirigées par le gouverneur espagnol Don Cabeza.
Reconnu comme étant un mercenaire sanguinaire d’une part par la communauté de natifs, mais aussi par les membres de la communauté religieuse, le personnage incarné par Robert De Niro va, à la suite d’évènements bouleversants, suivre un chemin vers la rédemption. À son retour dans la colonie, Rodrigo Mendoza réalise que sa femme entretient une relation amoureuse avec son frère cadet. À la suite d’une confrontation à mort, Rodrigo Mendoza ne peut vivre et accepter le fardeau qu’engendre la mort de son frère.
Voulant se repentir du fratricide de son frère, il se joint à la communauté religieuse et désire partir en mission avec le Père Gabriel (Jeremy Irons), et ce, dans l’optique d’être exécuté par les membres de la communauté Guaraní afin de se repentir. Le film démontre l’existence de la loi des Hommes, celle du politique et de la justice ainsi que celle de Dieu (bien sûr, il s’agit d’un film traitant du XVIIIe siècle). Son repentir et sa pénitence est mise en scène par l’ascension d’une montagne alors que celui-ci tente de monter son armure. Nous pouvons faire des parallèles avec Sisyphe, mais aussi avec le chemin de croix et la souffrance physique du Christ.
À son arrivée au sommet, les Guaraní présentEs l’accueillent avec méfiance, mais très rapidement, celui-ci est accepté au sein de la mission. À partir de ce moment, nul besoin d’écouter Dancing with the Wolves et Avatar, puisqu’il s’agit des mêmes thématiques. La conversion du personnage va au-delà de la mission d’évangélisation et celui-ci va, en dépit de sa vie, protéger et combattre au sein des Guaraní.
Pourquoi voir et revoir The Mission?
Pourquoi ce film mérite-t-il d’être vu et revu encore? Les décors et les costumes sont sans doute les plus grandes forces de ce film, nous rappelant même le film Silence (2016) de Martin Scorcese. Les scènes de conversions mettant de l’avant l’utilisation de la musique par les missionnaires sont d’une grande justesse historique. Bien que romancé, The Mission est en mesure de nous offrir une immersion approximative et fidèle d’une réalité depuis longtemps disparue; celle des missions, de l’esclavage, de la place et de l’image des Autochtones au sein de la société du XVIIIe siècle, sans oublier la présence du génocide culturel Guaraní par les colons espagnols.
De plus, que dire de la trame sonore… L’utilisation de celle-ci est essentielle dans ce film. La trame sonore signée par le défunt Ennio Morricone (Once Upon a Time in the West, Once Upon a Time in American, Cinema Paradiso, et tellement d’autres) nous marque profondément, puisqu’elle transpose à la perfection l’émotivité et la puissance spirituelle du récit, notamment lors d’une scène mettant en scène un jeune castra chantant «Ave Maria». Alors, pourquoi voir ou revoir ce film? Robert De Niro, la cinématographie, la présentation et son contexte historique, mais surtout, la magnifique musique du compositeur Ennio Morricone.
Suggestions de la semaine (Spécial Ennio Morricone)
1- The Legend of 1900 (1998) Giuseppe Tornatore
2- The Hateful Eight (2015) Quentin Tarantino
3- Once Upon a Time in the West (1968) Sergio Leone
4- Days of Heaven (1978) Terrence Malick
5- Cinema Paradiso (1988) Giuseppe Tornatore
6- Once Upon a Time in America (1984) Sergio Leone