Le coup d’envoi de la 94e saison du Théâtre des Nouveaux Compagnons a été donné jeudi dernier à la Salle Anaïs-Allard-Rousseau alors que la troupe présentait le vaudeville français Boeing Boeing. Jusqu’au 15 novembre, il sera possible d’assister à cette comédie de Marc Camoletti dans une mise en scène d’Yves Deguire.
Le metteur en scène et président de la troupe Yves Deguire travaille avec son équipe de comédiens depuis déjà trois mois sur ce projet qui posait un défi de taille, car pour un vaudeville, le rythme est essentiel. Les six comédiens qui évoluent dans le décor aux allures vintages stylisées réussissent à incarner l’esprit vaudeville avec une part parfois caricaturale, mais qui s’imbrique malgré tout assez bien dans le genre de théâtre proposé.
Bernard (Martin Levreault) a trois femmes, trois hôtesses de l’air de nationalité différente, qui travaillent chacune sur leur ligne aérienne. Rien ne va plus pour ces trois couples fiancés lorsque le bruit de l’arrivée du Boeing 747 plane et risque de venir chambouler l’horaire réglé au quart de tour de ce riche architecte. Aidé de sa bonne (Carolle Lafrance) et de son vieil ami de lycée (Jean-François Pinard), Bernard devra tant bien que mal éviter que les femmes ne se croisent. Une histoire vaudevillesque assez banale, mais qui laisse toute grande la place aux portes qui claquent. Bien que la chorégraphie et la mécanique aient été bien exécutées par l’ensemble des comédiens, le spectateur peut s’y perdre dans la panoplie d’accents qui ne sont pas maîtrisés au même niveau pour tous.
Les six comédiens qui évoluent dans le décor aux allures vintages stylisées réussissent à incarner l’esprit vaudeville.
«Je suis attiré plus naturellement par le drame, ce n’était pas mon premier choix, mais c’est un texte qui est fort. C’est léger, mais intelligent pour les comédiens et le metteur en scène. Il y a des situations qui nous stimulent, on se demande qu’est-ce qu’on va faire avec ça, ce n’est pas juste des « pets sous le bras »», confie le metteur en scène. Deguire a d’ailleurs surpris avec son dispositif d’aération sous l’espace de jeu qui est venu accentuer le fantasme de la puissance des moteurs en décoiffant les femmes à certains moments clés.
Afin d’incarner les trois femmes «bonbons», le metteur en scène a fait appel à Julie Balleux, à qui il avait déjà fait confiance la saison dernière, ainsi qu’à deux nouvelles venues chez les Compagnons, Ève Lisée et Marilyn Berthiaume. Trois personnages typés revêtant des uniformes coquins qui se laissent incarner par des comédiennes au style et aux allures diamétralement opposées. Les clichés sont évidents, mais servent ce genre théâtral tout aussi évident, qui ne demande aucune réflexion, mais nourrit largement en divertissement facile et accessible.
Trois personnages typés revêtant des uniformes coquins qui se laissent incarner par des comédiennes aux styles et aux allures diamétralement opposées.
«J’ai pris ce rôle en remplacement, je suis arrivé un peu plus tard. Ça faisait longtemps que je n’avais pas eu un rôle de comédie, avec un vaudeville très rapide comme ça. C’est un défi pour moi, on ne se voit pas jouer. On se demande si on en fait trop, si on n’en fait pas assez. Trouver le bon rythme, pas avoir l’air trop clown. Ce soir, je suis ravi, on a pu jongler complètement sur scène, car tous les comédiens étaient à l’aise. On sent qu’on va aller beaucoup plus loin. Le résultat de ce soir m’a donné une grande confiance», affirmait Jean-François Pinard au soir de la première, visiblement fier de sa participation à la production.
Le Théâtre des Nouveaux Compagnons présentera sa troisième comédie française de suite au printemps. C’est à se demander à quand un théâtre québécois, voire régional. L’administration préfère miser sur des noms connus, accrocheurs et vendeurs afin de ratisser un public large.
Boeing Boeing est présentée les 13-14 et 15 novembre prochains à 20h à la salle Anaïs-Allard-Rousseau. Toutes les nouvelles sur le site internet du TNC www.lesnouveauxcompagnons.com.