Les 12 et 13 septembre dernier, la compagnie Les Sages fous a accueilli des artistes de plusieurs pays à venir présenter des œuvres en chantier. Pour la 9e édition du Micro-festival de marionnettes inachevées, une dizaine de créations ont été dévoilées à la Maison de la Culture de Trois-Rivières. Les troupes hétéroclites ont proposé des spectacles en gestation incluant la marionnette, l’objet, le masque, la robotique et le multimédia. En plus du Québec, du Canada et des États-Unis, le Brésil et Israël étaient représentés afin d’offrir une grande diversité d’expériences.
Le Micro-festival permet aux créateurs d’expérimenter des projets en devenir en suggérant au public des extraits de leur travail. Les spectateurs sont invités à donner leurs commentaires dans le but de nourrir le processus créatif des artistes. «Il est absolument primordial pour les spectacles créés de connivence avec les objets de se confronter au public en cours de route. C’est pourquoi nous organisons cette rencontre entre des formes inachevées et un public intéressé par le processus de création», partagent les organisateurs.
Souvent synonyme de lenteur et de silence, le théâtre d’objet est un rituel, tant pour les artistes que pour le spectateur, et exige une collaboration et une grande concentration pour ce dernier. Par contre, Learning to fly, conçue par les créateurs américains Ambert Bradshaw et Thom Stanley, innove en alliant la marionnette, le multimédias et la cohabitation avec des acteurs. Les quatre marionnettistes vêtus entièrement de blanc, visages couverts rappelant l’apiculteur, s’effacent complètement dans leur cube blanc exigu. Ce castelet réinventé met en scène de petits personnages silhouettes dans un bureau comme il y en a tant. De part et d’autre, chacun dans leur espace et jamais en contact physique, la conscience des marionnettes incarnée par des acteurs en chair et en os. Histoire banale d’un homme et d’une femme qui se séduisent au travail. La situation se réoriente complètement lorsqu’un avion percute la tour à bureau. Une histoire de plus relatant les événements du 11 septembre 2001 qui aurait pu facilement tomber dans le mélodrame à la Nicolas Cage, mais qui surprend tant par la réalisation et l’exécution des artistes que par la finalité des protagonistes.
Le Micro-festival permet aux créateurs d’expérimenter des projets à en devenir en suggérant au public des extraits de leur travail.
Dans un esprit plus clownesque, le duo montréalais Tenon Mortaise expérimente un théâtre de mime. Rapaces ou victime? est présenté à l’extérieur avec en arrière plan le Parc Champlain. Un balayeur se fait un malin plaisir de diriger le public vers le bon endroit en donnant des petits coups de balai près des pieds des spectateurs mal positionnés. Partageant un seul costume joint à l’épaule, le couple complice se positionne sur un banc dans des mouvements rythmés et très ordonnés. Le ton routinier et monotone de leur balade au parc va se solder par une métamorphose insolite. Les mimiques rigolotes et la gestuelle des comédiens sont soutenues par un univers sonore subtil appuyant ainsi l’ambiance simple et l’air candide des deux clowns.
Les autres artistes ont su garnir cette soirée qui a offert une panoplie d’univers, d’ambiance et de styles disparates. Entre autres, le travail de l’artiste israélienne plusieurs fois prisée, Inbal Yomtovian, est beaucoup plus humoristique. L’équipe des Sages fous a quant à lui présenté Tricycle, un théâtre où l’objet raconte une histoire aux allures sombre et foraine. L’artiste de robotique Zaven Paré a offert une installation-performance en manipulant des appareillages dans un jeu d’ajustements entre ce qui se passe en direct et ce qui est programmé.
Plus de détails sur l’équipe, le travail et l’univers des Sages Fous sur leur site internet www.sagesfous.com.