La guerre est aussi vieille que l’humanité. Il est communément admis que le plus vieux métier du monde soit la prostitution. Probablement, mais un autre métier se perd aussi dans les origines de la civilisation humaine, le chasseur. À l’âge des cavernes, la guerre était omniprésente, non seulement contre nos semblables, mais aussi contre la nature. Il fallait chasser pour manger et il était nécessaire de se défendre des prédateurs. C’était bien avant le triomphe de l’humain sur la nature, bien avant l’oisiveté, et la condition humaine, jadis, ne se résumait qu’en la reproduction et l’acquisition de nourriture. La vie n’était que survie. Il est donc logique que le sexe et la violence soient des fondements de la condition humaine.
C’est sans doute avec la sédentarité que la guerre s’est émancipée. La rivalité, le désir de posséder davantage et l’incompréhension haineuse à l’égard de la différence ont sans doute modelé les premières guerres à proprement parler. L’archéologie, ainsi que l’art rupestre tardif comme l’art levantin, prouvent l’existence de guerre organisée, et même de génocide, dès l’aube de la civilisation, soit 10 000 ans avant notre ère. L’arc et la lance été inventés avant la roue. Il est donc proprement naturel de s’entre-tuer.
Avec le temps, comme pour toutes les facettes de notre condition, la guerre fût rationalisée, organisée et améliorée. La guerre devint la plus pure forme d’affirmation politique. Nous lui avons donné un cadre juridique, nous lui avons donné de l’estime et du mérite, mais n’est-ce pas là que de vaines tentatives d’embellir l’ignominie? Qui a-t-il de si vertueux à tuer ses semblables? Il fallut les deux guerres mondiales pour pousser la guerre dans ses derniers retranchements et faire enfin tomber le rideau de valeur et de mérite qui déguisaient l’horreur et la haine.
La bombe nucléaire
C’est à l’arme nucléaire que nous devons la paix. C’est l’équilibre de la terreur, la certitude d’une destruction totale, qui étouffa enfin nos désirs de violence … du moins, pour l’instant. Il y a de l’espoir, après tout, la guerre froide s’est terminée sans destruction du monde. Néanmoins, il ne faut jamais oublier le caractère profondément faillible de l’humanité, la stupidité et l’erreur surgissent toujours un jour ou l’autre, souvent cachées derrière une illusion de contrôle. Et lorsqu’il s’agit d’un pouvoir capable d’anéantir toutes vies sur Terre, l’erreur et la stupidité sont inadmissibles. Saviez-vous que nous avons flirté avec une guerre nucléaire à quatre reprises?
Saviez-vous que nous avons flirté avec une guerre nucléaire à quatre reprises?
La première fois, ce fut pendant la guerre de Corée, lorsque la Chine entra en guerre du côté de la Corée du Nord. En février 1951, pour être précis, le général américain Douglas MacArthur proposa au président de l’époque, Harry Truman, de bombarder la Chine et la Corée du Nord à l’arme atomique, question de mettre fin à cette guerre qui s’embourbait. Heureusement pour l’humanité, Harry Truman refusa ce plan et congédia le général.
La seconde fois, ce fut lors de la crise des missiles cubains, du 15 au 28 octobre 1962. Pour faire court, l’Union Soviétique avait déployé des missiles nucléaires à Cuba, les États-Unis se sentir menacé, et dans la nuit du 27 octobre, lorsque pris fin l’ultimatum américain, il ne suffisait que d’un coup de feu pour déclencher l’apocalypse. Heureusement encore, Kennedy et Kroutchev firent prévaloir le dialogue sur les armes, au grand désarroi des militaires qui auraient tout donné pour une bonne guerre.
La troisième fois, ce fût le 26 septembre 1983, lorsqu’une erreur dans le système informatique fût croire aux Soviétiques que l’OTAN attaquait. Très rapidement, l’erreur fût révélée et le calme revint, mais cette erreur prouve le danger perpétuel que représente le mariage entre l’informatique et l’armement nucléaire.
Finalement, l’incident méconnu de la fusée norvégienne eut lieu le 25 janvier 1995. Un groupe de scientifiques lancèrent une fusée depuis la Norvège pour étudier les aurores boréales. Mais voilà, l’information sur ce lancement n’était pas montée jusqu’à la défense stratégique russe. Rapidement, les radars russes détectèrent la fusée et l’identifièrent comme étant possiblement un missile nucléaire américain.
Ainsi, alors que la fusée scientifique montait dans l’ionosphère, l’armée russe tomba en état d’alerte maximale. Le président russe de l’époque, Boris Eltsine, fut réveillé et amené dans le bunker de commandement stratégique du Kremlin. La valise de contrôle de l’arsenal nucléaire russe fût ouverte, la clef fût tournée, mais Elstine hésita. Il ne pouvait se résoudre à l’idée que les Américains lancent une attaque nucléaire sur la Russie, c’était impossible. Et effectivement, après quelques minutes de stress intense, les radars furent en mesure de déterminer que la fusée se dirigeait loin de l’espace aérien russe et ne représentait pas une menace. Ce fut la seule fois de l’histoire ou une valise de contrôle nucléaire stratégique fut armée. Merci à Boris Eltsine d’avoir été patient. Le risque existe, l’erreur existe, et il y aura une prochaine fois.
Bravo mon cher, je suis en train de lire vos textes, vous avez du talent ! Un grand talent !
Pour bien des raisons qui plus est, et c’est bien la raison pour laquelle je vous salue !
Je crois que vous aimeriez prendre connaissance d’uen petite coquille bien innocente qui s’est invitée dans votre texte:
« La troisième fois, ce fût le 26 septembre 1983, lorsqu’une erreur dans le système informatique fût croire aux Soviétiques que l’OTAN attaquait. »
La troisième fois, ce fût le 26 septembre 1983, lorsqu’une erreur dans le système informatique -fit- croire aux Soviétiques que l’OTAN attaquait.
l’usage de « fit » (faire au lieu du verbe être) s’insère mieux dans votre discours et est probablement ce que vous vouliez écrire.
Au plaisir de vous lire,
Paul Tranquille