Tout est bizarre : L’argent

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S’il y a bien une chose en ce monde qui est réellement bizarre, quelque chose qui m’assaille de questionnements délirants et de non-sens flagrants, c’est bien l’argent. L’argent, dans le fond, qu’est-ce que c’est? Certains diront une lubie, d’autres diront un outil. Mais d’aucuns diront qu’il s’agit d’une réalité immuable, d’une vérité non négociable. Dans le fond, l’argent, ou plutôt devrais-je dire l’économie, n’est qu’une construction humaine, un outil servant à simplifier dans le quantitatif les échanges d’objets. Or, l’outil transcende désormais son créateur et personne n’oserait nier l’impact suprême de l’argent sur l’ensemble de l’activité humaine. Donc, on est foutu.

J’exagère, il y a toujours de l’espoir, soyons optimistes. Mais nous, l’Humanité, avons vraiment un dangereux problème avec nos outils. Saviez-vous que la vis a été inventée pour la torture? Elle servait à écraser des têtes, pour être précis. Et saviez-vous qu’il a fallu 70 ans pour qu’un homme se dise: «Une vis, ça pourrait être utile autrement que pour tuer du monde». Mais l’argent est bien au-delà de la vis dans le fabuleux monde des outils. L’argent mesure tout, il quantifie à vue. Et il n’est pas seul dans la grande liste des outils ingérables que l’humanité s’est donnée, l’argent est quelque part entre la fission de l’atome et l’Internet.

Combien vaut l’Humanité?

Combien y a-t-il d’argent dans le monde? C’était là ma question initiale.
Impossible de savoir la quantité actuelle, trop complexe à compter, sans parler du délai administratif. Mais on peut le savoir pour 2009.

Il y a un concept nommé «masse monétaire» qui regroupe l’ensemble des valeurs susceptibles d’être converties en liquidités. C’est l’agrégat de l’argent liquide, des comptes de banque et des titres de créances négociables. Bref, tout ce qui est susceptible d’être immédiatement utilisé comme moyen de paiement.

Dans le monde, en 2009, il y en avait pour 11 000 milliards de dollars. C’est le FMI qui le dit. Et seulement 4000 de ces milliards étaient en argent liquide. Sachez que la dette publique américaine s’élève à 16 000 milliards de dollars. Les Américains ont donc une dette supérieure à la totalité de l’argent sur Terre en 2009!

Si on ajoute à cela les crédits, les dettes, les hypothèques et autres «argents virtuels», on dépasse les 80 000 milliards. Il y a donc environ cinq fois plus d’argent utilisé dans le monde que de valeur réelle. Il me semble que ça ne peut pas fonctionner.

Cela étant dit, analysons ce qu’est un milliard. Saviez-vous qu’un million, c’est presque 50 ans à 20 000$ par année? Travailler 40h par semaine au salaire minimum donne 21 112$ par année. Un million, c’est donc 47 ans de travail. Un milliard, c’est 1000 millions!

Il y a 1426 milliardaires dans le monde et leur fortune cumulée s’élève à 5400 milliards de dollars, soit la vie de travail de 5,4 millions de personnes au salaire minimum! Donc, si on prend le total de la masse monétaire, soit environ 11 000 milliards, et qu’on se le divise en parts égales, soit divisé par 7 milliards de personnes, on a 1571 dollars chacun. C’est à ce moment qu’on réalise à quel point l’humanité est pauvre et qu’on peut mesurer quantitativement l’injustice sociale.

L’allégorie du village endetté.

Voici une histoire qu’un ami m’a racontée. Elle vient d’un de ses amis qui l’a lue quelque part. Si quelqu’un connait la source, je lui paie une bière. Il y a un village où l’économie s’est presque effondrée. Personne n’a d’argent et tous sont endettés. Or, un jour, un riche voyageur s’arrête à l’hôtel et loue une chambre. Il paie l’hôtelier 100$.

Combien y a-t-il d’argent dans le monde?

L’hôtelier s’empresse aussitôt d’aller chez le boucher payer ses dettes, car le boucher lui a donné de la viande lorsqu’il était trop pauvre pour manger. Il lui donne donc 100$. Le boucher s’empresse d’aller chez le fermier pour payer sa dette. Car oui, le pauvre boucher ne pouvant payer ses produits, le gentil fermier lui a donné une vache. Le boucher lui donne donc 100$. Le fermier, heureux comme pas deux, s’empresse d’aller voir la prostituée pour rembourser sa dette. Car oui, elle a accepté de coucher avec lui gratuitement, en échange d’un bon repas, et cela plusieurs fois. Le fermier, enfin en possession d’argent, sait exactement à qui faire plaisir s’il veut avoir lui-même du plaisir en retour. Il lui donne donc 100$.

Or, la prostituée loge à l’hôtel depuis que sa maison a été saisie. Et elle doit une fortune à l’hôtelier. Elle lui donne le 100$. À ce moment précis, le riche visiteur descend en colère et demande à être remboursé. L’hôtelier lui redonne son 100$ et l’homme quitte le village. Au final, ce seul 100$ a eu une valeur de 400$ de dettes. Et le 100$ n’existe même plus. C’est donc pour ça, à mon sens, que l’économie kaynésienne ne peut pas fonctionner si le crédit existe.

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