Tout est bizarre: Le néant et les fins heureuses

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Ce monde va mal. Il a toujours mal été et ne sera jamais parfait. L’être humain est profondément faillible, et ce qu’il crée l’est tout autant. Il y aura toujours la mort, et la famine et les maladies séviront à jamais sur nous, sur l’espèce. C’est la faim qui justifie les moyens, la guerre qui règle les problèmes et la parole qui corrompt. Bref, l’existence humaine est quelque chose de profondément nihiliste.

Pour être heureux, et là je parle de béatitude immuable, il faut reconnaitre le néant du monde. Il faut accepter que de très mauvais individus vivent heureux, vieux et en santé, alors qu’un enfant surdoué débordant de bonne volonté meurt de la leucémie. C’est ça toute la difficulté du bonheur: certains subissent toute leur vie ce néant. Ils portent le poids du monde, craignant la mort ou pleurant le peu qu’ils ont. D’autres, plus fêtards, se cachent derrière l’ignorance volontaire, profitant du moment présent et laissant le monde aux soins des autres. Est-ce mieux? Au moins, en sont-ils plus heureux?

Le vrai bonheur, celui qui résiste au temps et aux défis, réside dans l’équilibre entre les deux choix. Il s’agit en fait d’inverser la réflexion. Plutôt que de pleurer le peu que l’on peut faire, il faut agir au mieux là où on peut et y prendre plaisir. Aussi, plutôt que de souffrir de la forêt qui sera coupée, il faut lui rendre hommage et la visiter aux couleurs de l’automne. Il y a des choses si belles, il y a l’amour, pourquoi souffrir des maux de l’humanité lorsque le temps passe si vite. Spoiler, on meurt tous à la fin. Ce qui compte n’est jamais la fin, mais le moment qu’on met à y parvenir. Et c’est là que réside toute la subtilité d’une fin heureuse, disons réaliste, qui respecte les contraintes sombrement nihilistes de ce monde.

Le syndrome de la fin heureuse

Walt Disney nous a menti! Les histoires finissent souvent mal. En fait, c’est toute notre époque qui est hypocrite et qui refuse de voir ce lourd néant qui était si commun à nos ancêtres. Hollywood, cœur battant de la culture mondiale, s’érige sur le cliché de la fin heureuse à l’américaine. Soudain, lorsqu’un brave ose déserter les rangs et offrir une fin terrible, c’est un chef d’œuvre. Le Docteur Folamour de Kubrick en est un bon exemple. C’est ainsi que l’histoire devient irrésistible. Comme dans Le Trône de fer, tout peut arriver, n’importe quand un personnage principal peut tomber de son cheval et mourir. C’est ça, pour moi, une bonne histoire. Quand on se dit: «C’est comme dans la vraie vie.»

Walt Disney nous a menti!

Mais, je réitère, Walt Disney nous a menti! Les histoires qui ont bercé notre enfance finissaient mal à l’origine. Alors voilà ma fin heureuse, je vais briser les piliers de votre enfance. Je vais démystifier ces belles histoires de Disney et partager à quel point elles étaient terribles et vulgaires à l’origine. Il faut pardonner ces vieilles histoires, c’était le Moyen Âge, brûler un homme y était jugé normal.

Prenons La Belle au bois dormant: on en retient les versions de Perrault et des frères Grimm, qui sont toutes deux des histoires complètement différentes. Mais cette histoire plonge ses racines bien avant, dans un conte de G. Basile publié en 1634 sous le titre Le Soleil, la lune et Thalie. Dans cette version d’origine, le prince charmant, lorsqu’il trouve la belle endormie, la viole et s’en va. La belle, toujours endormie, met au monde deux enfants qui sont pris en charge par des fées. Ensuite, la belle se réveille, je vous passe les raisons, le prince revient, la reine se fâche, le prince mange les enfants et la reine est brulée. Finalement, les enfants n’étaient pas vraiment mangés, et ils vécurent heureux. On remarquera une fin heureuse malgré toute la violence du conte.

Blanche-Neige, quant à elle, provient d’un conte des frères Grimm puisé dans les mythes germaniques. L’histoire est similaire, mais à la fin, pendant son mariage, la méchante reine est condamnée à danser avec des chaussures de métal chauffées au rouge jusqu’à ce que mort s’ensuive!

Cendrillon provient aussi de Perrault et des frères Grimm. D’abord, ses pantoufles n’étaient pas faites de verre, mais de vair, qui signifie de la fourrure d’écureuil gris. De plus, à la fin, les deux méchantes sœurs se font picorer les yeux par des cygnes. Pour ce qui est de La Petite sirène, elle provient d’un conte danois. Elle devait poignarder son ex pour retrouver sa queue de poisson, mais ne put s’y résoudre. Elle se décomposa sur le rivage et devint un être d’air qui s’acharna pendant 300 ans à faire des bonnes actions pour gagner une âme éternelle. Disney nous a bel et bien menti. Peut-être est-ce notre époque qui est plus douce et clairement moins violente que celle des frères Grimm?
J’oubliais, Pocahontas a existé, mais elle est morte de la grippe lors de son voyage à Londres. Elle avait 22 ans.

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