Y a-t-il quelque chose de plus bizarre que le cosmos? L’Univers est là, au-dessus de nos têtes, dansant sur un rythme très lent à la grande valse des galaxies. Pourtant, on se regarde davantage les pieds, aménageant méticuleusement chaque parcelle de notre petite poussière cosmique bleue et laissant l’immensité des astres à ceux qui ont la tête ailleurs. Mais l’apanage d’un grand homme n’est-il pas d’avoir la tête dans les nuages tout en gardant les pieds sur Terre?
On ne regarde pas suffisamment les étoiles. On pourrait croire que, considérant nos connaissances scientifiques actuelles, les astres ont délivré leurs secrets et qu’aucun n’oserait se méprendre sur le contenu d’un ciel nocturne. Pourtant, il n’en est rien. Les étoiles sont certes moins mystiques que pour les humains de l’Antiquité, mais nombre de nos contemporains n’en demeurent pas moins mystifiés.
À Los Angeles, par exemple, il y a tellement de lumières qu’il est impossible de voir les étoiles. En 1994, une panne d’électricité, suite à un tremblement de terre, a soudainement fait réapparaitre les étoiles. Or, croyez-le ou non, plusieurs dizaines de personnes ont appelé en panique l’observatoire local, inquiètes par la présence de lumières étranges dans le ciel. Les médias locaux ont même dû expliquer ce qu’étaient des étoiles.
Ici même, j’ai vu quelqu’un que je qualifierais de «douchebag», dans la trentaine, regarder les étoiles en fumant une cigarette avec sa douce moitié. Lorsque je suis passé, l’échantillon de conversation était: «Ils ne me feront pas accroire qu’il y en a des millions, il y en a mille gros max»… Notre époque est abrutissante, mais personne n’a d’excuse légitime. L’ensemble du savoir humain est accessible sur Google.
Les Monstres cosmiques
Sachez-le, il y a des monstres d’une force inimaginable au-dessus de nos têtes. Prenez les supernovas, pas exemple. Ce sont des étoiles qui, par manque de carburant nucléaire, finissent par exploser. Or, la force de cette explosion est si grande que la lumière qui en est dégagée brille parfois plus qu’une galaxie. Mais rien ne se produit en vain dans le cosmos, pas même la destruction.
En effet, les étoiles sont d’énormes usines à raffiner la matière. Elles passent des millions d’années à synthétiser des matériaux complexes comme l’or ou l’uranium. L’or est rare et impossible à fabriquer parce que seul le cœur d’une étoile peut la créer. N’est-ce pas romantique, l’or est une poussière du cœur brisé d’une étoile. Même qu’une grande partie de nos composantes moléculaires n’est que poussières d’étoiles résiduelles de l’explosion de multitudes de supernovas depuis des milliards d’années. Voilà donc pourquoi le corps humain contient en moyenne 0,1 mg d’uranium et 0,2 mg d’or.
Les supernovas donnent parfois naissance à un monstre fantastique, les pulsars. Pour comprendre ce qu’est un pulsar, il faut retracer la fin de vie d’une étoile particulièrement massive qui n’a plus de carburant pour entretenir de réaction thermonucléaire en son cœur et soutenir la pression de ses couches supérieures. Celles-ci s’effondrent sur ce cœur et le compriment avec une force telle que protons et électrons de la matière fusionnent pour former des neutrons.
N’est ce pas romantique, l’or est une poussière du cœur brisé d’une étoile.
Lorsque les couches externes de l’étoile atterrissent sur cette boule de neutrons ultra-dense, elles rebondissent violemment et sont éjectées dans l’espace en une gigantesque libération d’énergie, la supernova. Ne subsiste plus qu’un cœur immuable, une étoile à neutrons, dont la densité est telle qu’un seul morceau de cet objet, disons de la taille d’un carré de sucre, pèse plus d’un milliard de tonnes. Un pulsar, donc, est un type particulier d’étoile à neutrons en rotation ultra-rapide sur lui-même et qui émet un faisceau d’ondes électromagnétiques, le plus souvent dans le domaine des ondes radio. Si la Terre a la chance de se trouver en face de ce faisceau, les radioastronomes peuvent capter un signal d’une régularité de métronome. Les pulsars sont les horloges de l’Univers.
Or, un jour, des astronomes ont capté un signal de ce genre, mais saccadé et irrégulier. Il s’agit d’une étoile à neutrons autour de laquelle gravite une naine blanche, une autre étoile de très forte masse. L’étoile à neutron centrale tourne sur elle-même 25 fois pas seconde! La naine blanche, quant à elle, fait le tour de l’étoile à neutron, environ le parcours que fait la terre en un an, en seulement deux heures et demi! L’énorme gravité exercée par ces mouvements provoque des distorsions extrêmement fortes de l’espace-temps. C’est pourquoi les signaux étaient saccadés.
Alors voilà un monstre bien compris. Je vous passe la description détaillée des autres monstres, bien plus puissants et bien plus mystérieux, comme les trous noirs, sorte d’effondrement du continuum espace-temps, et les trous noirs super massifs, le cœur des galaxies. Il y a les quasars, sorte de galaxie de plasma. Et que dire du Big Bang, l’origine de la matière et du temps. Mais le plus bizarre, c’est que cette immensité est en équilibre parfait sur des mécanismes que seules peuvent nous révéler les mathématiques.
Pour conclure, regardez le ciel. Une magnifique comète nommée Ison passera d’ici Noël.