L’artiste Alejandra Basanes présente son exposition Terre de Femmes au Centre Raymond-Lasnier.
Le fer à repasser, un symbole de la condition féminine
Le fer à repasser s’est imposé dans l’imaginaire collectif et dans les mœurs comme un outil traditionnellement féminin. Dans les sociétés patriarcales, qui reposent sur le travail domestique non rémunéré des femmes (au foyer ou non), divers objets incarnent une féminité traditionnelle asservie. Dans son exposition Terre de femmes, Alejandra Basanes donne de nouvelles couleurs au fer à repasser, le réinvente en quelque sorte pour le sortir de ses codes de domination.
« Le fer ressemblait à un bateau qui ne larguait jamais les amarres. Jadis, mettre en prison se disait mettre au fer. »
Citation de Guy Marchand, sur les murs de l’exposition Terre de femmes
Plusieurs estampes et dessins suggèrent l’empreinte de l’objet. Parfois dans des lignes suggérant un lien organique à celui-ci. Plusieurs fers antiques occupent le centre de l’espace, montrant les œuvres aux murs comme des réverbérations de ceux-ci. Une citation de Guy Marchand se trouve en dessous de l’un des dessins : « Le fer ressemblait à un bateau qui ne larguait jamais les amarres. Jadis, mettre en prison se disait mettre au fer. » Si de toute évidence, l’artiste appuie combien le patriarcat est étouffant pour les femmes, l’image du bateau n’est pas anodine non plus. Dans sa façon de représenter l’empreinte du fer à repasser, Alejandra semble également faire référence à l’artiste Aline Beaudoin. Aline Beaudoin était une femme artiste qui travaillait également l’estampe à Trois-Rivières. Elle a notamment beaucoup traité la représentation de la barque.
La réconciliation, une exploration porteuse d’espoir
Dans la deuxième salle, pas de fer à repasser en vue. L’idée de réconciliation est portée par les œuvres, dans une vision globale, circulaire. Les matériaux utilisés, les symboles et même la gestualité dans les traits suggèrent une reconnexion à la terre. Un poème de l’artiste insiste sur la nécessité de se réconcilier, de trouver l’équilibre entre les tensions, le milieu entre les extrêmes. Il y a également quelque chose de cartographique dans ses représentations, qui confère une idée d’enjeu mondial et ancestral. C’est une exploration plus méditative qui porte à l’introspection et à une réflexion écosophique sur le monde qui nous entoure.
Alejandra Basanes réussit à nous offrir une connexion à la terre en pleine ville, dans un espace sans fenêtre. Accordez-vous un temps de la réflexion face à son exposition jusqu’au 7 juin au Centre d’exposition Raymond-Lasnier, c’est gratuit !