Le 18 novembre dernier, la réalisatrice et scénariste de renommée internationale Chloé Robichaud est venue discuter de son parcours, de son œuvre et de son dernier film (Pays) devant une vingtaine de curieux et de cinéphiles, à l’Auditorium Ludger-Duvernay de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).
Animée par Alexandre Laramée Zouéki et organisée par le département de philosophie et des arts de l’UQTR, la rencontre se déroulait selon une formule «classe de maître». Ainsi, l’animateur a procédé à une série de questions-réponses. Par ailleurs, madame Robichaud a invité l’auditoire à lui poser des questions durant l’entretien.
La carrière de la cinéaste commence dès l’enfance, lorsque son père tournait des projets à faible coût et avait besoin d’actrices prêtes à faire du bénévolat, confie-t-elle d’un ton amusé. Peu à peu, elle s’intéresse vite à ce qui se passait derrière la caméra. Elle se découvre aussi une passion pour raconter des histoires.
Cette passion n’est pas un feu de paille puisque la jeune scénariste/réalisatrice est diplômée au baccalauréat en Film Production à l’Université Concordia. Elle complète également, à l’Institut national de l’image et du son (INIS), le programme Cinéma, profil réalisateur.
Fraîchement sortie de l’école, madame Robichaud scénarise et réalise Chef de Meute, sélectionné en compétition officielle à Cannes en 2012, dans la catégorie des courts métrages. L’année d’après, c’est Sarah préfère la course qui est à son tour sélectionné, dans la catégorie Un Certain Regard.
En tournant Sarah…, la scénariste-réalisatrice découvre les longues journées sur le plateau, et la fatigue qui en découle. Ainsi, pour être davantage en forme pour Pays, elle fait appel à un entraîneur.
Tourner «Pays» n’a pas été de tout repos!
Pour son dernier film, l’invitée du département de philosophie et des arts est allée prendre des photos à l’île Fogo, une île de Terre-Neuve. Tourner là-bas n’est pas une sinécure: il faut trouver des endroits peu coûteux pour héberger l’équipe, obtenir les permissions pour tourner sur les traversiers, affronter un gros vent issu d’un restant d’ouragan, etc.
En fin de compte, madame Robichaud est très satisfaite d’avoir donné naissance à son film, qui raconte l’histoire de discussions entre des représentants du Canada et le gouvernement d’une île imaginaire concernant un projet d’exploitation minière. Pays met en scène les personnalités complexes de femmes en politique.
La conférencière, très généreuse de son temps malgré un horaire chargé, a également expliqué l’importance de subventionner des films au Canada. Selon elle, de jeunes réalisateurs talentueux peuvent s’en servir comme tremplin pour une carrière internationale. Elle cite en exemple Denis Villeneuve, dont l’œuvre Arrival a été tournée entièrement au Québec, créant ainsi des emplois dans la province.
Madame Robichaud s’est également prononcée en faveur d’un quota que Téléfilm Canada met sur pied pour favoriser les femmes à la réalisation. Sa productrice, Fanny-Laure Malo, présente dans la salle, explique de son côté qu’il semble plus difficile pour celles-ci de défendre leur point de vue au moment de présenter un projet.
Parmi les inspirations de la conférencière-invitée, citons le cinéaste Ingmar Bergman, les films de la Nouvelle Vague, le cinéma américain indépendant et la réalisatrice Kathryn Bigelow, doublement oscarisée pour son film The Hurt Locker (Le Démineur).
La cinéaste fourmille de projets et d’ambition. Elle souhaite notamment écrire un projet pour le théâtre, art où il est impossible de faire du montage. De plus, elle caresse le rêve de tourner une deuxième saison de Féminin/Féminin, websérie dont le but est de relater sans préjugés le quotidien de femmes homosexuelles.
Pays est en salle au cinéma Le Tapis Rouge depuis le vendredi 18 novembre.