Va voir ailleurs (j’y suis) : 5 secteurs parmi les plus moches de Trois-Rivières

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Par Sébastien Dulude, chroniqueur

Je suis tanné qu’on se moque toujours des quartiers Ste-Cécile et de la petite Pologne, qui ne sont pas dénués de cachet et de charme architectural, alors que Trois-Rivières regorge d’endroits moches qui sont pourtant habités sans gêne. Mon top 5 des aberrations esthétiques en matière d’urbanisme trifluvien.

5. Le Ludoplex. Lorsque la fin de l’époque des courses de chevaux à Trois-Rivières a sonné, j’avais espoir de voir le boulevard des Forges transformé, qui offrirait une voie d’accès rajeunie entre le centre-ville et l’université. Imaginez que ce tronçon se soit progressivement peuplé de petits commerces sympas : cafés, restos, une librairie, pourquoi pas? Enfin un quartier universitaire qui rejoindrait le centre-ville, amenant un vent urbain à l’UQTR et un afflux de jeunesse étudiante au centre-ville.

C’était sans compter le génie de visionnaires qui se sont dits que l’emplacement serait idéal pour un beau gros casino qui plairait aux visiteurs du Grand Prix une fin de semaine par année. Le Ludoplex était né. Opérant rapidement à perte, malgré le fait que Jean-François Bastien s’y produisait régulièrement pour accompagner votre steak patate au four salade césar, on a senti le besoin de se doter d’une clientèle stable qui, dans le meilleur des mondes, demeurerait tout juste de l’autre côté de la rue. Le Gérontoplex était né. Parlez-moi d’une revitalisation.

4. Le Rochon. À côté du Rochon, certaines réserves indiennes ont l’air de resorts 5 étoiles. Un quartier qu’on a volontairement défavorisé, isolé, stigmatisé et condamné à l’aide sociale chronique. On aura beau le rénover dans les prochains mois, ça ne pourra jamais que masquer la grossière erreur d’avoir bâti un quartier de H.L.M. dans un secteur marginal, loin des regards.

3. Le boulevard Jean XXIII. J’en voudrai toujours à la Saucisserie d’avoir déménagé de son local initial situé tout près de l’UQTR (dans l’actuel et excellent Marché Al-Farah) pour se relocaliser sur Jean XXIII, en plein cœur de Moronville. Passé l’intersection de la côte Richelieu, l’automobiliste moyen devient en effet un spectaculaire danger public; bienvenue à TRO. Il est ahurissant que l’on tente de préserver la piste cyclable dans ce secteur commercial où des dizaines de stationnements pourtant contigus ne communiquent pas entre eux, ce qui force les voitures à opérer des manœuvres ridiculement périlleuses pour passer du fleuriste au club vidéo, à Espace Bell, à la SAQ, au pet shop, au ti-Coq.

Ma seule raison d’aller sur Jean XXIII est le fait que l’unique poissonnier de la ville s’y trouve. Mes merguez, je les prends chez Al-Farah.

2. La rue Louis-Pinard. Un incontournable du loyer étudiant, à une seule question près : pourquoi? Étudiants de l’UQTR, portez bien attention. Saviez-vous que, pour le même prix mensuel, vous pourriez demeurer à la même distance de marche de l’université et vos armoires de cuisine pourraient ne pas être en mélamine jaunie? Un chez-vous abordable où vous ne pourriez jamais deviner ce que mange le voisin, c’est possible! Ne savez-vous pas qu’aucune personne cool n’a de tapis sur ses planchers? Si on peut faire la grève et posséder un iPhone, on peut aussi avoir un appartement abordable qui n’est pas situé au demi sous-sol d’un immeuble infect qui sent la cigarette, la sueur et le weed, habité par des geeks, des livreurs de pizza et des pédophiles.

1. Le bas du Cap. Rien ne peut rivaliser la laideur du Cap-de-la-Madeleine lorsqu’on y arrive par le pont Duplessis. Je n’ose imaginer la réaction de Charles de Gaulle aux splendeurs de la rue Fusey lors de son célébrissime parcours du Chemin-du-Roy.

Le Roi mauricien des habits, un Canadian Tire, le dynamique Rock & Roll Pizzéria (quand même bon!), une brochetterie, une rôtisserie, le bar billard L’Abasie, le Bijougram (sorte de pawn shop déguisé en bijouterie du genre très louche), des salons de coéffure à la pelletée, un Liquidation Bougon, un Dairy Queen, un McDo : tous les ingrédients d’un environnement qui donne envie de sniffer de la colle à longueur de journée. Ça tombe bien, on en vend au magasin de vitrail pas loin.

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12 COMMENTAIRES

  1. …sans parler de l’odeur dans le bas du Cap! infecte. je me demande comment les gens font habiter dans une perpétuelle senteur de chou pourri.

  2. ce qui est fascinant dans ces révélations c’est que, malgré le fait que cela fait maintenant quatorze ans que j’ai quitté mon trois-rivières natal… rien n’a changer!! j’ai vécu tout mon secondaire coin st-cécile et st-geneviève et jamais au grand jamais je n’aurai aimé vivre dans une autre parti de mon beau trois-rivières!! cachet, proximité,jeunesse ,histoire,réalité social, pauvreté,courage, esprit de partage, inventivité, nouveauté, art et festivité ont toujours été avec moi à tout les jours… une ville monotone trois-rivières?
    pas si ont porte attention a ce qu’elle est vraiment!!!

  3. Le pire: le boul. du Carmel, entre le Collège Laflèche et les portes Duplessis, ressemble à un camp de concentration 365 jours par année depuis 20 ans et tout cela pour 3 jours de Grand prix… Pour le marcheur, la vue splendide des clôtures de barbelés, de béton et de métal ondulé est rassurante… On y est vraiment en prison, emprisonné dans le camp de la laideur et de la bêtise. Un piéton engagé dans cette allée est à la merci de tout agresseur potentiel… qui, de toute façon, s’en fout de la vue!
    Paul Dallaire

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